Pikine: Une affaire de faux certificats sportifs secoue le centre de santé Baye Talla Diop


Pikine: Une affaire de faux certificats sportifs secoue le centre de santé Baye Talla Diop

C’est une affaire aussi déroutante que grave qui éclabousse le secteur de la santé à Pikine. Selon les révélations de L’Observateur, un assistant-infirmier du centre de santé Baye Talla Diop, ex-Dispensaire Dominique, s’est transformé en “infirmier d’État” autoproclamé, distribuant à la pelle de faux certificats d’aptitude au sport contre espèces sonnantes et trébuchantes. Le nommé B. Khouma vient d’être déféré au parquet, et sera jugé demain vendredi 15 mai par le Tribunal correctionnel.

Un stratagème cousu de fil blanc

Tout a commencé lorsque l’Inspection de l’Éducation et de la Formation (IEF) de Pikine, soucieuse de préserver la santé des élèves, a décidé de centraliser les visites médicales obligatoires au centre de santé Baye Talla Diop. L’objectif était clair : s’assurer que seuls les élèves jugés physiquement aptes puissent participer aux cours d’Éducation physique et aux épreuves sportives.

 

Mais dans l’ombre, B. Khouma, assistant-infirmier sans l’autorisation de signer ce type de documents, a flairé l’opportunité. Il s’est fait confectionner un cachet le présentant frauduleusement comme infirmier d’État. Ce faux outil d’authentification lui a permis d’installer un petit commerce parallèle au sein même de la structure sanitaire, trompant à la fois les élèves, les enseignants, les parents et ses collègues.

 

Des certificats contre de l’argent

 

Le système mis en place par B. Khouma était rodé : les élèves ou d’autres requérants passaient une pseudo-visite médicale, et recevaient un certificat – soit validant leur aptitude physique, soit déclarant une inaptitude stratégique pour ceux qui cherchaient à esquiver les cours de sport. Dans les deux cas, l’argent coulait. Un membre du personnel, cité par L’Observateur, confirme que la délivrance de ces documents dépendait surtout “de la disposition du demandeur à débourser de l’argent”.

 

Chaque certificat était émis en deux exemplaires : l’un remis à l’élève, l’autre conservé dans les archives du centre. C’est cette routine administrative qui a fini par perdre l’usurpateur. Lors d’un banal contrôle de routine, le médecin-chef du centre a découvert un document douteux, portant le nom et le cachet de B. Khouma. En explorant davantage les archives, il en a trouvé d’autres, révélant l’ampleur de la fraude.

 

Des risques sanitaires… et pénaux

 

Le médecin-chef n’a pas voulu balayer l’affaire sous le tapis. Malgré les tentatives de règlement à l’amiable initiées par des proches de l’assistant-infirmier, il a décidé de porter plainte auprès du commissariat de Pikine. B. Khouma a été interpellé, placé en garde à vue, puis conduit au parquet où il doit comparaître pour cinq chefs d’inculpation. L’Observateur rapporte que la plus grave de ces accusations concerne la mise en danger de la vie d’autrui.

 

Et pour cause : en délivrant des certificats sans fondement médical, l’assistant-infirmier aurait permis à des personnes potentiellement inaptes – parfois même malades – d’échapper à une évaluation réelle, avec les risques que cela implique pour leur santé, notamment en cas d’effort physique intense.

Jeudi 15 Mai 2025
Dakaractu



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