À Wakhinane-Nimzatt, la douleur est vive, la colère palpable. Depuis le décès brutal de Mor Seck, 36 ans, les habitants du quartier vivent au rythme d’un deuil mêlé d’indignation. Selon L’Observateur, ce réparateur de téléphones est décédé après une interpellation brutale menée par des policiers en civil du poste de Yeumbeul Asecna. Sa famille évoque une bavure policière, pointant du doigt des violences injustifiées, un déni de soins et un silence institutionnel accablant.
Une arrestation violente… pour trois téléphones
Le 23 juin, Mor Seck rentrait paisiblement chez lui après sa journée de travail. Sur le chemin, il est abordé par des hommes en civil. Ne sachant pas qu’il s’agissait de policiers, il ne répond pas immédiatement. À la troisième injonction, ces derniers s’énervent. Mor leur demande de s’identifier. Ce qu’ils feront, trop tard, après un échange verbal tendu. Dans son sac, les policiers découvrent trois téléphones portables – qu’il réparait dans le cadre de son activité professionnelle. Rien d’illégal.
Mais l’affaire prend une tournure dramatique. Refusant d’être menotté dans son propre quartier, Mor est plaqué au sol, roué de coups, puis traîné jusqu’au bassin de rétention entre Madialé et Yeumbeul, selon le témoignage de son oncle recueilli par L’Observateur. Là, les violences s’intensifient. Toujours selon ses proches, il aurait été particulièrement frappé par un agent identifié comme Assane Karbala.
« Je les ai vus le tabasser », raconte son frère
Natou, son frère cadet, témoin direct, confirme les violences. Alerté par téléphone, il part à moto à la recherche de Mor. Il le retrouve encerclé par plusieurs agents : « Ils le frappaient sans relâche. J’ai tenté de m’approcher, ils m’ont chassé. Mor m’a demandé un café, il avait soif… Mais les policiers ont refusé de discuter. Ils ont dit qu’il allait passer la nuit au poste. »
Vers 2 heures du matin, Mor appelle Natou : il a été relâché, sans charge, par le commissaire lui-même, après avoir été trouvé seul et blessé dans le violon. Il rentre chez lui, meurtri mais vivant.
Trois jours d’agonie, puis l’irréversible
Alité pendant trois jours, Mor Seck tente malgré tout de retourner au travail. En vain. Le jour de la Tabaski, il ressent des douleurs abdominales aiguës. Direction l’hôpital de Pikine. L’équipe médicale penche d’abord pour un traitement léger, mais son état se dégrade rapidement. Une opération est décidée en urgence.
Ce que les chirurgiens découvrent est glaçant : son appareil digestif est déchiré, l’hémorragie est massive. Il ne survivra pas à l’intervention.
La famille exige justice
Selon L’Observateur, une autopsie a été effectuée, mais la famille, déjà épuisée financièrement, se voit encore réclamer 367 000 francs CFA pour récupérer le corps, malgré les frais médicaux déjà engagés. Mor Seck est toujours à la morgue.
Le procureur de Pikine-Guédiawaye a été saisi, une plainte formelle a été déposée. Les proches de la victime entendent aller jusqu’au bout pour que les responsables soient identifiés et poursuivis. « Il n’a insulté personne, tout est parti d’un simple malentendu. Aujourd’hui, il n’est plus là. Nous ne voulons pas qu’il soit mort pour rien », conclut Natou, le frère.
Mor Seck laisse derrière lui un fils de 7 ans, un père endeuillé, et un quartier sous le choc.
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