Les mots, une fois lancés, peuvent devenir des preuves. Mouhamadou Sidibé, commerçant de 36 ans domicilié à Colobane et militant du parti Pastef, en fait aujourd’hui l’amère expérience. Après avoir tenu des propos jugés graves lors de la journée des martyrs, il a été déféré hier au parquet, se retrouvant au cœur d’un dossier à forte connotation politique, sur fond de tensions persistantes au sommet de l’État.
Selon le quotidien Libération, Mouhamadou Sidibé a été interpellé par les gendarmes de la Section de recherches (Sr) à la suite de la diffusion d’une vidéo filmée et relayée sur “Jallalé TV”, en marge de la manifestation tenue le 7 décembre dernier. Dans cette séquence devenue virale, le militant de Pastef tenait des propos menaçants visant directement les autorités, dans un contexte déjà marqué par une crise politique ouverte entre le président Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko.
Cette affaire survient peu après celle de Bachir Syll, arrêté à Saint-Louis pour avoir déchiré en direct la photo officielle du Président de la République et proféré des propos offensants, avant de bénéficier d’une liberté provisoire pour raisons médicales. Deux dossiers distincts, mais révélateurs, selon Libération, d’un climat politique électrique où la parole militante est de plus en plus scrutée.
Hier, Mouhamadou Sidibé a été présenté au parquet avec un lourd chapelet d’accusations : atteinte à la sûreté de l’État, menace verbale conditionnelle, provocation à commettre un crime ou un délit par voie de diffusion publique, offense au Président de la République, ainsi que diffusion publique de propos susceptibles de troubler l’ordre public.
Pour rappel, le mis en cause avait déclaré face caméra que lui et ses camarades n’attendaient que « le feu vert » d’Ousmane Sonko, ajoutant que, si tel était le cas, « le Président Diomaye ne passera pas la nuit au Palais ». Des paroles lourdes de sens, interprétées par les autorités judiciaires comme une menace explicite contre les institutions.
Placée en garde à vue, Mouhamadou Sidibé a tenté de minimiser la portée de ses déclarations. Toujours selon Libération, il a soutenu qu’il ignorait que ses propos seraient diffusés sur les réseaux sociaux. Face aux enquêteurs, il s’est confondu en regrets, répétant à plusieurs reprises qu’il n’avait pas mesuré la gravité de ses mots, avant de solliciter la clémence de la justice.
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