« Résignation » autour du 3e mandat : « Si une démocratie ne souffre pas de pluralité, d'équilibre et du droit à la différence, l'émergence reste un rêve » (Me Assane Dioma Ndiaye)


C'est devenu le sujet "tabou" pour certains, mais animé dans tous les débats et tribunes. La problématique du troisième mandat à l'instar de ce qui se passe actuellement dans la sous-région, doit être alimenté comme le conçoivent certains qui pensent que nous "devons avoir une idée claire des réelles intentions du chef de l'État qui campe toujours dans cette position de "Ni oui, Ni non".

Toutefois, ceux qui pourraient être considérés comme des victimes du 3e mandat (Sory Kaba, Moustapha Diakhaté, ou encore la plus récente, Me Moussa Diop) ont également suscité quelques interrogations quant à leur "liberté d'expression qui serait remise en cause". Il y aura même dans ce sens l'intervention pointue du président de la Ligue sénégalaise des droits humains qui s'est exprimé sur la question qui, selon lui, doit être lue à un double niveau. D'abord, un niveau général où nous avons dans nos démocraties, nos constitutions, des textes où nous avons codifié des textes notamment qui font la promotion de la démocratie de façon générale. Ainsi, c'est un cadre très alléchant qui permet d'avoir une démocratie efficiente. Ce qui sera à constater en même temps, selon Me Assane Dioma Ndiaye, "c'est ce déphasage entre ces textes proclamés et l'état d'esprit de nos gouvernants". En termes plus explicites, l'avocat estime que nos gouvernants ne sont pas préparés à une démocratie avec les principes standards tels que nous les connaissons à travers le monde de façon universelle.
D'ailleurs, cela se vérifie par rapport aux cas que nous voyons aujourd'hui sur la problématique visant la sanction à ceux qui se prononcent ou donnent leurs avis sur cette question. Pour le président de la ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), "un des éléments de base en démocratie, c'est que nul ne peut être inquiété du fait de l'exercice d'un droit comme le droit à l'expression. Donc, un principe basique".
Ce sont autant de faits qui attestent le grand écart entre les textes que nous nous donnons les moyens de mettre en place et la réalité concrète.

La liberté d'expression n'est pas à restreindre. 
"Si on en juge par rapport à ce qui se passe aujourd'hui, où on vous dit celui qui s'exprime de telle façon ou dans tel sens sera sanctionné, la plupart vont se conformer à ce diktat du détenteur du pouvoir au détriment d'une liberté individuelle fondamentale qui est pourtant garantie par la constitution", précisera la robe noire. Ainsi, il parlera d'une renonciation plus ou moins volontaire parce que quand on préfère avoir un poste et renoncer à cette paix intérieure, cette conformité avec sa conscience, c'est que nous avons fait nous même, un choix dans le cadre de notre démarche individuelle qui consiste à privilégier le matériel au détriment des valeurs.
D'après l'analyse de Assane Dioma Ndiaye, le chef de l'État peut rappeler à ses hommes d'avoir l'obligation de réserve pour les fonctionnaires, l'obligation de solidarité pour ceux qui sont dans le gouvernement, toutefois pour les militants, on ne peut guère restreindre leur liberté d'expression. Ce qui est plus grave selon le président de la ligue sénégalaise des droits humains, "cette liberté d'expression n'est qu'une résultante de la liberté de penser et de conscience", autrement dit, quand on exerce ce genre de dictature sur des personnes, on viole leur liberté de penser et de conscience". 

On peut dans cette perspective se conformer à la loi, certes, mais pour ceux qui ne sont pas tenus, mais liés à l'exercice d'une activité républicaine ou professionnelle, leur exercer ce diktat paraît grave, selon l'avocat. Il ajoutera tout de même que ceux qui acceptent de se soumettre à ce dicktat, renoncent volontairement  à des droits fondamentaux qui sont garantis. Une démocratie doit donc vivre d'une pluralité, d'équilibre, mais également du droit à la différence pour prétendre viser l'émergence dans toutes ses formes....
Vendredi 4 Septembre 2020




1.Posté par Madiba Mwalimu le 04/09/2020 16:17
L'émergence, un vain mot pour endormir la population. La gouvernance démocratique à elle seule est une émergence.



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