Ziguinchor : le Carnaval de Santhiaba célèbre la culture comme levier de développement des territoires


Sous le soleil généreux de la Casamance, le quartier de Santhiaba s’est de nouveau habillé de couleurs, de sons et d’idées. Pour sa 7e édition, le Carnaval de Santhiaba s’est ouvert ce week-end sous le signe d’un mot d’ordre fort : la culture comme socle du développement durable. Et pour incarner cette ambition, une mosaïque d’acteurs culturels et institutionnels s’est réunie autour d’un panel inaugural riche et inspirant, intitulé « La culture, levier de l’essor de nos territoires ».

Santhiaba, carrefour des héritages et laboratoire culturel

Véritable berceau de l’héritage métissé à Ziguinchor, Santhiaba est plus qu’un quartier : c’est une mémoire vivante. Ancien creuset des brassages entre colons portugais, communautés chrétiennes, musulmanes et animistes, Santhiaba conserve cette âme cosmopolite où l’art de vivre ensemble devient patrimoine. Chaque carnaval y réaffirme la puissance de cette identité, faite de diversité, de création et de solidarité.

C’est dans cette ambiance à la fois festive et intellectuelle que le panel s’est tenu, modéré avec élégance et intelligence par Fatoumata Niang Niox, fondatrice du Campus ACCEENT, partenaire central du carnaval cette année. Son engagement à reconnecter les territoires par l’art et l’innovation sociale s’est illustré par l’accompagnement d’une résidence artistique préalable au carnaval, en collaboration avec le collectif des artistes de Santhiaba autour de Yadi Cissé, initiateur du Carnaval de Santhiaba.
 
Prenant la parole en ouverture, Ananias Georges Mansaly, Président du Conseil Départemental de Ziguinchor, a rappelé que « la culture est au début et à la fin de tout processus de développement ». Pour lui, Ziguinchor est un diamant brut, encore à polir, et Santhiaba en est sans doute l’un des éclats les plus prometteurs. Il appelle à faire de la ville « un creuset du vivre ensemble », soulignant la présence de toutes les ethnies du pays dans ce microcosme culturel.

À ses côtés, l’artiste et entrepreneur culturel Matador, figure incontournable du hip-hop sénégalais, a livré un plaidoyer vibrant pour une culture engagée, vecteur de guérison et de transformation. « Ce pays a besoin d’échanger. Les vraies richesses sont dans la culture. C’est par elle qu’on soigne ce monde hyper malade », a-t-il martelé, interpellant la jeunesse sur sa responsabilité historique.
Nathalie Caratié Faye, directrice de l’Alliance Franco-Sénégalaise de Ziguinchor, a, quant à elle, insisté sur la culture comme « livre à lire ensemble », un espace de dialogue entre les identités. Pour elle, « penser les autres et penser avec les autres » est une urgence pour mieux vivre ensemble, et les quartiers comme Santhiaba sont les meilleurs terrains d’expérimentation.
Enfin, Khalifa Dramé, fondateur du Festival Kom Kom, est revenu sur son engagement en faveur de la culture comme moteur diplomatique et économique. « Ce que nous essayons de faire, c’est de montrer les potentialités de chaque localité pour en faire un pôle de développement », a-t-il déclaré. Fort de son expérience internationale, il voit en la Casamance un « terreau fertile de la culture », qu’il faut rendre visible au-delà des frontières.
Samedi 19 Avril 2025
Dakaractu



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