Vision Sénégal 2050 : Une souveraineté de façade et de fiction » ( Par Babacar Lo Ndiaye, Président du Parti Fass-Jom les Souverainistes)


Depuis le 2 avril 2024, date de la prestation de serment du Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, les mêmes mots nous sont répétés comme un refrain : rupture, souveraineté, indépendance, dignité nationale. Ces termes, nobles et porteurs d’espoir, résonnent profondément dans nos cœurs, car ils symbolisent l’ambition d’un Sénégal maître de son destin.

 

Mais derrière le verbe haut et les discours solennels du régime de Diomaye, une réalité crue s’impose : notre souveraineté, pour l’instant, n’est qu’une façade, une fiction politique savamment orchestrée par le parti PASTEF. Un parti populiste qui, au-delà de ses slogans, manque de programme clair et de vision stratégique pour guider le Sénégal vers un développement durable et autonome.

 

Une souveraineté monétaire toujours enchaînée

 

On nous avait promis la souveraineté monétaire. Pourtant, notre économie demeure suspendue à des décisions prises hors de nos frontières. Le franc CFA, qui devait être remplacé par une monnaie nationale symbole d’émancipation, reste un projet flou, sans calendrier, sans stratégie, sans courage. Nos politiques budgétaires dépendent encore des institutions financières internationales, limitant gravement nos marges de manœuvre. Avec l’arrivée au pouvoir du tandem Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, beaucoup de sénégalais ont cru que ce rêve allait enfin se concrétiser. Mais aujourd’hui, force est de constater que cette souveraineté tant promise ressemble davantage à une fiction politique qu’à une réalité tangible. Elle n’est pas un projet solide et structuré : elle est un discours de populisme, un slogan, parfois même une mise en scène destinée à entretenir l’illusion du changement.

 

 

Une souveraineté économique illusoire

 

Pendant que l’on proclame la souveraineté économique, nos ressources continuent d’être exploitées par des intérêts étrangers, souvent aux mêmes conditions qu’il y a vingt ans. Nos matières premières quittent le pays sans transformation, nos entreprises locales manquent d’appui gouvernemental et notre jeunesse, faute d’opportunités, continue de rêver d’exil. Comment parler de souveraineté lorsqu’un État ne peut nourrir, éduquer et employer dignement ses enfants ?

 

Une souveraineté diplomatique de façade

 

Quant à la souveraineté diplomatique, elle se limite à des déclarations. Le Sénégal continue de signer des accords déséquilibrés, de rechercher les mêmes aides financières et de céder aux mêmes pressions. Cette dépendance structurelle prolonge l’image d’un pays encore soumis à des influences extérieures.

 

Une mise en scène politique

 

La souveraineté tant vantée n’est devenue qu’un décor politique une diversion pour masquer les manques de vision, de stratégie et de courage. Elle ne transforme ni l’économie, ni le quotidien des Sénégalais. La véritable souveraineté ne se proclame pas, elle se construit : produire ce que nous consommons, transformer nos richesses sur place, investir massivement dans l’éducation, la santé, la technologie, l’agriculture et l’industrie.

 

Pour une souveraineté authentique et agissante

 

La souveraineté ne peut être un simple mot d’ordre. Elle demande des choix audacieux, parfois douloureux, mais stratégiques. Elle exige une vision fondée sur la production locale, l’innovation et la valeur ajoutée nationale. Sans cela, nous resterons prisonniers d’un discours séduisant mais vide — d’une indépendance proclamée mais jamais réalisée. La vérité, c’est que notre indépendance est juridique, mais elle n’a pas encore été économique, technologique, industrielle ou culturelle. Nous avons hissé un drapeau et chanté un hymne, mais nous n’avons pas construit les fondations d’un État pleinement maître de ses choix. Nous avons remplacé l’autorité coloniale par une élite nationale, mais nous avons rarement osé rompre avec les structures qui perpétuent la dépendance.

 

Le défi de notre génération est clair : il ne s’agit plus seulement de célébrer une indépendance politique, mais de construire une souveraineté réelle, celle qui transforme nos ressources sur place, qui valorise notre savoir-faire, qui garantit notre autonomie alimentaire et énergétique, qui donne à notre monnaie un sens et à notre diplomatie un poids. Le Sénégal mérite mieux qu’une souveraineté incantatoire. Il mérite une indépendance réelle, économique et intellectuelle, qui transforme la vie de ses citoyens et assure à nos enfants un avenir digne et libre.

Jeudi 9 Octobre 2025
Dakaractu



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