Sénégal : Il ne me reste qu’1 m2 de dignité, retenez-moi ou je transhume !


Sénégal : Il ne me reste qu’1 m2 de dignité, retenez-moi ou je transhume !
Le Sénégal, jadis, pays de cocagne, abus de langage et m’en excuse platement…n’est plus l’ombre de ce qu’il fut. Ca alors et comment ? Moi, simple militant d’un parti politique, renaissant des braises encore fumantes d’un ancien parti au pouvoir, m’en vais vous raconter la chute de ce pays à tous les étages. La chute des valeurs. Les errements de quelques de ses politiciens. La déchéance conjuguée au désespoir du peuple, las de tirer le diable par la queue. Las de ne plus savoir où donner de la tête. Las de survivre dans ce chaos on ne peut plus indescriptible. L’échec et la fuite des cerveaux. En effet, ceux qui devaient être aux commandes ont baissé les bras et ont décidé de ne plus se battre et encore moins d’être des sources de réflexions et solutions normatives. Et moi, le pauvre militant, plongé dans ce décor ubuesque, j’ai in fine décidé de transhumer ! Le moyen le plus simple et l’espoir de me faire de la maille très rapidement. L’argent comptant ! Le nerf de la guerre et peu importe la manière dont je l’obtiendrai ! M’en fous des qu’en-dira-t-on ! Pourvu qu’il y ait l’ivresse de ripailler, d’avoir un toit où vivre et mettre ma famille à l’abri du besoin primaire. L’instinct, dans ce Sénégal-là, est d’ordre primitif. Je suis né pour vivre. Et je n’existe pas pour un idéal de société. Ce qui importe, c’est ce que je peux ramasser dans mes pérégrinations et de mes pitances quotidiennes.

Je n’ai pas honte de le dire, je suis du bétail politique

Avant, je militais dans un parti. Un parti politique bien structuré en sus. Ce dernier était au pouvoir et avait fait les beaux jours de ce pays lilliputien. Ce Sénégal des grands Hommes, façonné et pétri à leur guise et à leur image. Et après ce fut la débandade. Et un besoin de confession, oups, de changement d’épaule de tir se fit sentir. Je changeai de camp. Je ne pouvais plus continuer à porter la charge de père de famille. Il me fallait coûte que coûte changer de camp de base, là où l’argent coule à flots. Là où les militants peuvent se gaver et en une continuité inénarrable. Et non que de nourriture mais d’argent et qu’importe sa provenance ! Le camp des vainqueurs. En tous les cas, cet argent appartient au peuple souverain. Et si je ne le touche pas, un autre gugusse de même acabit en utilisera pour ses besoins. Autant tirer le nectar même s’il est de mauvaise qualité ! Au sein du parti au pouvoir, ce sont les réjouissances et les fêtes quotidiennes qui rythment la vie mais n’empêche qu’il est des querelles intestines qui minent la vie interne voire le règlement intérieur. Eh oui malheureusement, la politique est un vieux jeu très mesquin, cruel et où toute erreur se paie cash. Transhumer de nos jours est le message que se sont passé celles et ceux qui connaissent la dureté et les affres de la vie au Sénégal. Dans un Sénégal sans eau et qu’on dit émergent. Drôle de situation ! Des dignes fils de ce pays, n’ayant jamais pensé à changer de camp politique, il en existe hélas ! Mais moi, intuitu personae, j’ai toujours vécu ainsi et je me plais dans cette situation même si le reste du peuple crève la dalle. M’en fous de la populace, lasse de vivre ! N’en déplaise à mes contempteurs et ennemis de tout bord !
En 2019, je ne voterai que pour mon intérêt
Je sais que j’ai changé de camp ! Cela je le sais et qu’importe la couleur du flacon ! Moi, ce qui me motive, c’est l’ivresse de ne plus souffrir au quotidien et de ne point recevoir la force de ce soleil ô combien dardant sur nos têtes quand nous étions dans cette opposition ressemblant à une armée mexicaine. Une  opposition hydre et ses leaders se tirant dans les pattes. J’en avais marre et marre aussi de voir les démons de la division partout. Point d’ouverture. En effet, l’horizon semblait bouché. Même si j’ai opté pour les prairies plus herbeuses, je ne crois guère en ce parti qui m’a tendu ses bras pourris de corruption et de népotisme jusqu’au trognon, telle une sirène des mers. Suffit-il que je le répète derechef, c’est l’argent qui m’intéresse et seulement l’argent et qu’importe la manière dont je l’aurai ! Per fas et nefas ! L’on parle à tue-tête de la présidentielle de 2019 et de ses pronostics qui vont bon train. En fait, au Sénégal, tout le monde est devin et lance son grain de sel sur les échéances se profilant à l’horizon. Mais le ciel est menaçant au vu et au su de tout le monde. Parce que quand on empêche deux prétendants à la course de concourir, c’est qu’il y a un problème grave. Un débat de sourds mine les fondements de la société et biaise le dialogue social. Les institutions sont menacées et même le président. Floraison de tensions dans toute la société. Le chaos est à nos portes. Tout risque de péter et des lendemains désenchantés brisent déjà le maillon qui lie les différentes factions du peuple, féru de cet exercice qu’est la politique. Inutile de me retenir, et même s’il me reste qu’1 m2 de dignité, j’ai déjà transhumé. Je n’ai pas honte de le dire, je suis un militant du ventre et je fais partie du bétail politique auquel un très grand nombre de mes citoyens s’adonnent. Quid de la dignité ? Et s’il existait une once de dignité humaine dans ce Sénégal-là !
POUYE Ibra
 
Vendredi 20 Juillet 2018
Dakar actu




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