Séjour du président turc Recep Tayyip Erdogan à Dakar : les enjeux d'une visite d'État.


Séjour du président turc Recep Tayyip Erdogan à Dakar : les enjeux d'une visite d'État.

Attendu à Dakar ce mardi 28 janvier, le président Turc dont le dernier séjour sénégalais remonte au 28 février 2018, est sans doute animé par une volonté de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays. « Au cours de cette visite qui s’inscrit dans le cadre des relations d’amitié cordiale et de coopération multiforme entre les deux pays, les deux Chefs d’État auront un entretien bilatéral avant de présider la cérémonie d’ouverture du forum économique qui réunira des représentants des secteurs privés sénégalais et turc », se contente de livrer le communiqué du pôle communication de la Présidence sénégalaise.

 

Le président Recep Tayyip Erdogan arrive au Sénégal, accompagné d'hommes d'affaires turcs. Ainsi, il compte booster la présence d'opérateurs économiques de son pays au Sénégal. Cette offensive qui a permis à la Turquie de porter les importations du Sénégal de 113 millions de dollars à 190 millions de dollars entre 2012 et 2017, s'est fixé un nouvel objectif : amener le volume des échanges commerciaux à 400 millions de dollars alors qu'ils étaient à 250 millions en 2018. Un objectif que les deux pays se sont engagés à atteindre lors de la dernière visite du président turc à Dakar.

 

À l'occasion de ce séjour, Recep Tayyip Erdogan avait affirmé avoir demandé aux autorités sénégalaises de fermer les écoles Yavuz Selim qui, selon Ankara, était la propriété de Fetthulah Gulen, ennemi juré de Erdogan. Le président turc l'accuse d’être derrière la tentative de coup d'Etat de 2016. La fondation Maarif a été mise en selle pour la reprise du groupe Yavuz Selim. Même si une visite des cours Maarif n'est pas inscrite  dans son agenda très serré, il ne manquera pas de demander une évaluation des activités de cette fondation parrainée par la Turquie.

 

La crise libyenne

 

Un sujet qui pourrait s'inviter au tête-à-tête entre Macky Sall et Recep Tayyip Erdogan, c'est la crise libyenne. Ce n'est pas pour rien que le président turc a débuté sa tournée africaine en Algérie ce 26 janvier. Favorable au gouvernement de l'Ouest dirigé par Faez el Saraj, Erdogan s'est inscrit dans une dynamique d'envoyer des troupes pour contrer l'avancée des hommes du Maréchal Khalifa Haftar. Une initiative qui n'agrée pas Alger, mais également les pays voisins de la Libye. 

 

À Alger, il a reprécisé sa position en déclarant que la crise libyenne ne se réglera pas par les armes. Il met ainsi de l'eau dans son thé pour calmer son allié algérien qui, rappelons le, est son premier partenaire commercial en Afrique. Si Alger et les pays voisins de la Libye se sont opposés à toute « ingérence étrangère » dans le conflit libyen, c'est parce qu'ils redoutent des conséquences similaires à celle de l'intervention de l'Otan en 2011 dans ce pays. Il est cependant improbable qu'une voix dissonante soit entendue à Dakar. 

 

Le Sénégal subit à sa manière les contrecoups de la déstabilisation de la Libye. Nombreux sont les candidats sénégalais à la migration irrégulière qui sont actuellement dans des centres de détention en Libye, à la merci de geôliers qui leur réclament de l'argent contre une libération incertaine. 

 

Pour éviter une exacerbation de cette situation intenable, Dakar militerait sans doute pour une solution politique de la crise libyenne. Et devrait le dire de vive voix à son hôte de marque. 

Lundi 27 Janvier 2020




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