Saraya / Recrutement de la main-d’œuvre locale non qualifiée : les non-dits d’un arrêté qui fait bouger les lignes !


Le 31 Août dernier, le préfet du département de Saraya a pris l’arrêté n⁰ 043/P.D./SRY, modifiant et remplaçant l’arrêté n° 033/P.D./SRY du 16 Août 2016 portant création de commissions chargées du recrutement de la main-d’œuvre locale non qualifiée au niveau des communes du département de Saraya. 
Dans le précédent arrêté, les commissions étaient présidées par des Chefs de village ou délégués de quartier faisant des Sous-Préfets des coordonnateurs. Autrement dit, ce sont les Chefs de village qui rendaient compte aux Sous-Préfets. Ces derniers sont presque les adjoints de ces chefs de village. Une anomalie qu’il faut donc corriger. Aussi, l’absence des femmes dans le précédent arrêté constitue une entrave à la dimension genre. 
Pour corriger ces anomalies, le préfet a décidé de prendre ce nouvel arrêté avec l’implication du Pôle emploi, l’ANPEJ, l’Espace Sénégal Services, des organisations de femmes, jeunes…, mais aussi et surtout que la commission peut s’adjoindre toute autre personne de la communauté capable de contribuer à son bon fonctionnement. 
Selon les dispositions de cet arrêté les commissions existantes (Sabodala, Khossanto, Bembou, Madina Baffé, Missirah Sirimana et Saraya) sont maintenues dans ces localités respectives. À l’exception de Saraya où la commission est présidée par le Préfet, les autres sont placées sous la présidence des Sous-Préfets. Ainsi, l’orthodoxie administrative est rétablie selon Cyprien Antoine Ballo. Le Préfet est strict sur l’application de l’arrêté et il ne tolérera aucun recrutement en dehors des commissions présidées par les Sous-Préfets dans les arrondissements. À l’unanimité, les sociétés minières présentes (SGO, MANAGEM GROUP, ex I AM GOLD, AFRIGOLD, BARRICK GOLD) ont décidé de se conformer à l’Arrêté Préfectoral. Toutefois, par souci de respecter la loi sur le contenu local, les représentants de ces entreprises minières pensent que le recrutement de la main-d'œuvre locale non qualifiée devra être basé sur des villages directement impactés autour des mines. Une idée approuvée par le Chef de l’exécutif départemental. Depuis l’annonce de l’arrêté, beaucoup d’eau et de salive a coulé. Des membres de la communauté et certains de la société civile, ont rejeté pour certains et émis des réserves pour d’autres. Le motif de rejet commun à ces acteurs est la sur présence de l’administration. Si pour certains l’autorité veut simplement prendre leur place, pour d’autres cela va à l’encontre de la dimension communautaire du recrutement. Il est évident que le présent arrêté fait grincer des dents et fait bouger des lignes. Mais pour certains, il était temps mettre fin « à ce qui se passait dans les commissions »


Un décret qui siffle la fin de pratiques pas du tout catholiques.



Mais pourquoi le préfet du département a-t-il jugé nécessaire de revoir le fonctionnement des commissions ? Lors de sa rencontre avec certains acteurs, l’autorité a dit vouloir « rétablir l’orthodoxie républicaine. » Il est effectivement inconcevable du point de vue qu’un sous-préfet soit placé sous l’autorité d’un quelconque chef de village. Sur un autre aspect, il est difficile d’être à la fois juge et partie. Un tel état de fait peut causer des déséquilibres qui sont censés être corrigés. Un chef de village accordera toujours une priorité à sa famille. Un maire lui accordera toujours des faveurs à sa clientèle politique. Les pratiques anciennes ont fini de mettre à nu les énormes couacs constatés dans les recrutements. Notre interlocuteur nous renseigne que certains recrutement étaient monnayés et « leurs intérêts sont aujourd’hui menacés ». « Le dispositif était bien huilé. Ce sont certains jeunes, certainement de ceux-là qui ruent dans les brancards, qui servaient d’intermédiaires entre les demandeurs d’emplois et les chefs de village. Un demandeur d’emploi se présente, s’engage une fois recruté à verser une partie de son salaire tous les mois. Pour les femmes c’est parfois plus grave. Il faut « se coucher » pour être recrutée. » En outre, informe toujours notre interlocuteur, « les commissions des communes qui abritent les sociétés minières, donnent très peu de quotas de recrutement aux communes environnantes, encore moins aux autres du département et de la région. » En vérité,  les commissions précédentes, gangrenées par la corruption et la concussion avaient causé trop d’injustice au sein d’une même communauté qu’il était temps de régler.

« Aucun quota ne sera accordé à aucun agent de l’administration » (Préfet)

Interpellé par nos soins, le préfet du département de Saraya s’est voulu très clair. Contrairement à ceux qui avancent que le préfet et ou les membres de l’administration veulent avoir des quotas dans le recrutement, Cyprien Antoine Ballo promet une plus grande transparence dans le recrutement. Et pour cela, « aucun quota ne sera donné à un membre de ces six commissions » rassure l’autorité. Il faut rappeler que dans ces nouvelles commissions, on note la présence de groupements de femmes, de chefs de villages, de jeunes, des élus…
Vendredi 8 Septembre 2023
Dakaractu



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