Mais qui sont les «Bana-Bana» de Paris?

Ils font partie du décor de la Tour Eiffel. La présence des vendeurs de rue sénégalais autour du réputé monument parisien est remise en question depuis un an. Reportage.


Mais qui sont les «Bana-Bana» de Paris?
En cette journée estivale, les abords de la Tour Eiffel, véritable tour de Babel linguistique, grouillent de monde.

Le spectacle est rehaussé par une séance photo d'un jeune couple de mariés chinois venu immortaliser son union au milieu du pont Alexandre III donnant sur le célèbre monument.

L'œil averti d’un habitué des lieux remarque une absence à cette carte postale: les vendeurs à la sauvette, principalement des Sénégalais, qui écoulent souvent discrètement des effigies de ce qu'ils appellent «wègne gui» (le fer, en wolof, Ndlr): la Tour Eiffel.

Renseignement pris, leur absence s’explique par le durcissement des contrôles de la police française, depuis l'été 2011 à l’occasion du 10e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001.

D’une pierre, la police envisage de faire deux coups en «luttant durablement» contre la présence des marchands ambulants sénégalais, indiens, pakistanais, qualifiée de «nuisible» par les autres commerces «légaux.»

Le rêve déçu d’un eldorado parisien

Forcés d’émigrer, les marchands sénégalais sont disséminés à la frontière entre le VIIe et XVe arrondissement de Paris (centre et sud-ouest), tout au long du musée du Quai Branly (consécré aux civilisation d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques).

Au détour d'une rue, ils sont postés à côté des feux de signalisation en train de proposer leurs marchandises aux touristes.

«Les prix varient entre 1 euro les trois plus petits modèles de reproduction de la Tour Eiffel et 10 voir 15 euros pour les plus grands», précise un jeune Sénégalais qui préfère garder l'anonymat tout en tenant à préciser qu'il est de Louga (ville située à plus de 200 km de Dakar, elle est réputée par son fort taux d’émigrés).

«Mais les prix ne sont pas fixes, on ne crache pas sur une bonne affaire, surtout en ce moment (de crise, NDLR)» poursuit-il.

Le jeune homme est à Paris depuis 15 mois après avoir passé un an à Gênes, en Italie. Il a dû se résoudre à s’en aller, car les conséquences de la crise financière puis économique se ressentaient directement sur ses affaires.

«Mais à Paris, ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, nous sommes coursés toute la journée par les policiers.»

En revanche, le jeune homme de 22 ans ne regrette pas d'avoir quitté le commerce qu'il tenait dans sa région natale.

Une sirène de police interrompt ses explications et provoque chez lui l’effet d’un top départ. Le jeune Sénégalais entame un sprint digne des Jeux olympiques, sous les yeux éberlués de touristes dont Mercedes Maja Povsi, jeune trentenaire Slovène.

«Je trouve ça injuste, s'emporte t-elle. Cette exigence d'avoir des papiers pour pouvoir voyager voir vivre n’importe où n'est pas ce que je préfère dans les relations internationales, notamment entre l'Afrique et le reste du monde.

Mes copines et moi (elle est accompagnée par une demi-douzaine de jeunes femmes), nous faisons un petit tour d’Europe. Et pour cela nous n'avons eu besoin d'aucun visa pour nous déplacer en France et je pense que c'est le cas, en général, quand nous allons en Afrique. Alors que l'inverse n'est pas toujours possible, la preuve...»

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S
OURCE : SLATE AFRIQUE 
Samedi 4 Août 2012
MOUSSA DIOP SLATE AFRIQUE




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