L’Afrique de l’Ouest face à l’urgence écologique : un manuel pour armer les juges


C’est une première au Sénégal et en Afrique de l’Ouest : la Fondation Konrad Adenauer et le Centre de Recherche et d’Appui aux Collectivités Locales et à l’Environnement (CERACLE) lancent un ouvrage explosif intitulé « Contentieux du droit de l’environnement en Afrique de l’Ouest et au Sénégal ». Un livre pas comme les autres, fruit d’une synergie entre chercheurs, magistrats et experts, qui braque les projecteurs sur un sujet brûlant : la lente mais inévitable montée en puissance du juge face aux atteintes à l’environnement.

 

Sous la direction du Pr Meïssa Diakhaté, le CERACLE entend donner une voix scientifique et juridique à la planète. « Cet ouvrage est la réponse du juge aux agressions environnementales », affirme-t-il, soulignant que la jurisprudence nationale reste timide face aux défis écologiques, tandis que les instances communautaires, elles, prennent déjà de l’avance. Entre droit administratif, finances publiques et droit constitutionnel, les magistrats sénégalais sont désormais interpellés pour transformer la théorie en protection réelle des écosystèmes.

 

Pour Weuly Lo, chargé de programme à la Fondation Konrad Adenauer, le constat est sans appel : « L’environnement est en plein essor, mais les dérives aussi. Il fallait une réponse. » Ce manuel se veut donc un outil de combat pour outiller les juges, former les juristes et inspirer les décideurs. En s’appuyant sur les modèles européens et interaméricains, le Sénégal cherche à se doter d’une doctrine solide pour encadrer un contentieux de plus en plus explosif.

 

L’enjeu dépasse les amphithéâtres : il s’agit d’un véritable cri d’alarme pour un État de droit écologique. À travers cette initiative, Dakar veut s’imposer comme un pôle de réflexion juridique sur la protection de l’environnement. Le livre, pensé comme un manuel de référence et un manifeste pour la justice environnementale, ambitionne de propager la conscience verte jusque dans les tribunaux, les universités, et surtout dans la société civile. Car, désormais, détruire la nature, c’est aussi violer le droit.

 
Jeudi 9 Octobre 2025
Karim Ndiaye



Nouveau commentaire :
Twitter



Dans la même rubrique :