Entretien / L'université, la mairie de Thiès et la coalition Yewwi Askan Wi : Le Dr Babacar Diop sans détours !

Le maire de Thiès, le docteur Babacar Diop a accepté pour la première fois de briser le silence depuis son élection à la mairie de Thiès. Dans un entretien accordé à Dakaractu après avoir fini de dispenser un cours en philosophie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le premier magistrat de la ville de Thiès a accepté de se livrer aux questions de Dakaractu portant sur son élection, la coalition Yewwi Askan Wi, et ses charges à l’université et à la municipalité de Thiès.


Docteur Babacar Diop, nous venons de suivre avec les étudiants un cours sur la philosophie moderne et contemporaine que vous dispensez ici à la faculté des lettres de l’université Cheikh Anta Diop. Pouvez-vous revenir sur la quintessence de ce cours ?

Oui ! Je viens de terminer un cours sur la philosophie moderne et contemporaine qui est précisément un cours sur la philosophie de Descartes. C’est un cours que j’anime depuis plusieurs années en première année de philosophie.

Un cours qui revient principalement sur les principes de la sagesse...

Effectivement, le cours revient sur les principes de la sagesse, les principes de la philosophie. Descartes considère qu’il y a une vraie philosophie et une fausse philosophie. La fausse philosophie, c’est celle qui est pratiquée à partir de faux principes et la vraie philosophie s’acquiert à travers ce qu’il appelle les vrais principes. Tout à l’heure, j’ai expliqué à mes étudiants que les vrais principes de la sagesse nous préparent à la paix, à la Concorde et à la douceur. Descartes a eu une manière très intéressante de présenter la philosophie et de présenter surtout sa propre philosophie qu’il appelle d’ailleurs une nouvelle philosophie. Et cette nouvelle philosophie pour lui remplacer la philosophie ancienne, la philosophie médiévale. C’est ce que j’ai expliqué tout à l’heure à mes étudiants. Voilà un peu l’idée.

Un cours qui colle avec le contexte actuel où nous sommes dans une société en perte de valeurs et de certains principes, surtout le respect de la parole donnée.

Oui, un cours de philosophie. C’est un cours sur l’éthique, sur la morale évidemment. Tout à l’heure, j’expliquais aux étudiants comment les principes cartésiens préparent la Concorde à la douceur, à la paix, à la paix civile. La vraie philosophie est la philosophie considérée par Descartes comme le souverain bien. Et le souverain bien, c’est le plus grand bien qu’on puisse trouver dans un État, nous dit Descartes. C’est cette philosophie-là qui est utile, parce qu’elle prépare à la paix, à la douceur, à la Concorde. Contrairement à ce qui se passe à la philosophie de l’école, la philosophie ancienne aux disputes, aux dissensions et à la guerre. Cette philosophie ancienne pour Descartes est une fausse philosophie, parce que tout simplement pratiquer à partir de mauvais principes. Donc pour fonder une vraie philosophie, cette philosophie doit nécessairement être fondée à partir de vrais principes. C’est pourquoi tout à l’heure j’ai expliqué aux étudiants ce que c’est que les principes de la sagesse, les principes de la philosophie chez Descartes.

Cela dit, alors que tout État a besoin de vrais principes pour se développer. Est-ce que vous trouvez ces principes dans le gouvernement actuel ?

Je ne sais pas ! En tout cas, je sais qu’une société comme dit Descartes a besoin de philosophie. C’est le plus grand bien qu’on puisse trouver dans un État. Un État a besoin de philosophes, a besoin de philosophie, a besoin de grands philosophes pour éclairer la société.

Vous avez été élu maire de Thiès au sortir des locales. Comment alliez-vous la mairie et l'université ?

Avec beaucoup de passion et beaucoup d’engagement et c’est deux choses que j’aime. J’aime Thiès. J’aime cette belle ville. J’ai l’habitude de dire que pour travailler pour quelqu’un il faut d’abord l’aimer. Il se trouve qu’aujourd’hui j’aime cette ville, j’aime les gens de Thiès et je ferai de mon mieux pour faire de cette ville là une ville agréable. Vous savez, les Grecs avaient l’habitude de dire que, pour être heureux, il faut habiter une grande cité. À Thiès, nous pouvons prétendre au bonheur, parce que nous habitons une grande cité. J’aime aussi ce que je fais ici à Dakar, à l’université. J’aime l’enseignement, j’aime la philosophie et j’aime cette université. Parce que je suis un produit de cette université. Quand j’arrive ici, je me sens comme un poisson dans l’eau. Échanger avec les jeunes, avec les étudiants, est pour moi une autre manière aussi de faire de la politique, la bonne politique. La droite politique.

Comment vous alliez les deux tâches, la mairie et l’université ?

C’est un problème d’organisation et de méthode comme disait tout à l’heure Descartes. Je m’organise pour pouvoir être à la fois à Thiès et à Dakar. Être proche de mes administrés, mais aussi être proche de mes étudiants. J’essaie d’allier cela et je dis que même si je devenais président de la République, je souhaiterais avoir la possibilité de continuer à venir à l’université faire mes cours.

Est-ce facile pour vous ?

Oui, ce n’est pas facile évidemment, mais c’est avec passion que je viens de faire mes cours, c’est avec passion que je vais chaque matin au bureau, à la mairie pour servir les populations de Thiès. Parce que l’essentiel c’est de servir, servir les populations de Thiès, mes administrées mais être proches aussi de mes étudiants, servir l'université qui m’a tout donné. Je ne peux pas abandonner cette université, ce n’est pas possible et je ne l’envisage même pas du tout quelles que soient les charges que j’aurais, je veux avoir la possibilité de pouvoir rester en contact avec cette université. Parce que c’est cette université-là qui m’a fait. Sans cette université je ne serai pas aujourd’hui maire de la ville de Thiès et je ne veux pas couper cette université.

Comment avez-vous accueilli votre élection à la mairie de Thiès aux élections locales ?

Oui, c'était difficile parce que je ne me considère pas comme un maire, je me considère comme un serviteur. Je me considère comme quelqu’un qui est en mission au service des populations de Thiès. Cette ville, je donnerai le meilleur de moi-même pour faire d’elle, la ville la plus belle. Le matin quand je me réveille, la première chose à laquelle je pense c’est Thiès. Le soir avant de m'endormir, la dernière chose à laquelle je pense c'est Thiès. Le matin quand je travaille, je marche, je pense, je réfléchis et mes méditations vont vers cette ville. Et ça vous donne une idée de ce que représente cette ville pour moi. Oui j’aime cette ville et je dois le confesser et c’est pourquoi être premier magistrat de Thiès, être maire de cette ville qui a eu comme premier maire élu Léopold Sédar Senghor, aller occuper le bureau qu’avait occupé Léopold Sédar Senghor, pour moi c'est une responsabilité, c’est un sacerdoce.

À la mairie, vous avez pris vos marques. Quelle est la situation dans laquelle vous avez trouvé la municipalité et le niveau actuel ?

J’y reviendrai en conférence de presse jeudi prochain à Thiès. (Silence) !

Vous pris quand même vos marques ?

J’y reviendrai largement dans les prochains jours. (Rires) !

Vous êtes membre de la coalition Yewwi Askan Wi qui vous a porté d’ailleurs à la mairie de Thiès, il est fait état de votre démission de cette coalition. Qu’en est-il réellement ?

Je n’ai pas de commentaire à faire. (Silence)

Pourquoi ?     

Pas de commentaire ! (Silence)

Ces derniers jours cette coalition fait grincer les dents, liées aux dernières investitures pour les législatives. Votre réaction ?

Je n’ai pas de commentaire à faire. (Silence)

Etes-vous surpris par l’attitude de vos camarades ?

Pas de commentaire ! (Silence)

Préparez-vous une décision alors ?

Pas de commentaire ! (Silence).

Fin de l’entretien.
Lundi 16 Mai 2022




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