Cheikh Ibrahima BÂ alias Abu Khaled : "À Fathul Mubin, je savais que je me trouvais sous le règne de Boko Haram"


Ils sont légion, ses co-accusés qui n'ont pas reconnu avoir conscience qu'ils se trouvaient dans les bastions de Boko Haram au Nigeria. Mais il n'a pas cherché à leurrer le juge et le tribunal. Il, c'est Cheikh Ibrahima Bâ dit Abou Khaled. 
Poursuivi pour actes de terrorisme par association de malfaiteurs, actes de terrorisme par menaces ou complots, blanchiment de capitaux, financement du terrorisme et apologie du terrorisme, celui qui se présente comme un disciple de Moussa Mbaye a reconnu résider sous le règne de Boko Haram. Mais cela, il ne s'en est vraiment rendu compte qu'à Gwoza rebaptisée Fathul Mubin par le groupe jihadiste. Les bombardements de l'armée nigériane qui n'a pas mis beaucoup de temps pour reprendre cette ville en mars 2015, Cheikh Ibrahima Bâ affirme les avoir entendus qu'au jour de son départ pour la forêt de Sambisa. Là, il s'arrête sur un fait. Des Sénégalais ont voulu rebrousser chemin et rentrer chez eux. Ce qui n'était pas son cas. Il faisait confiance à son "guide" Moussa Mbaye. 
Mais, arrivé dans la forêt de Sambisa, il a changé d'avis et ne voyait rien d'autre que son Sénégal natal. Il était agacé par les déplacements intempestifs qui ne lui permettaient pas d'apprendre le Coran comme il l'avait espéré. Seulement, il est plus simple d'entrer dans les zones contrôlées par Boko Haram que d'en sortir. Surtout que des Sénégalais, y compris lui, avaient de fortes divergences avec Abubakar Shekau sur la question du takfir (excommunication). Mais Cheikh Ibrahima Bâ Abou Khaled ne se rappelle pas avoir rencontré le chef de Boko Haram, contrairement à certains de ses compatriotes à l'image d'Oumar Yaffa alias Abou Hafsa. Le nommé Malam Omar qui était leur tuteur leur a demandé d'étouffer leurs croyances pour sortir de la forêt. Il leur avait aussi conseillé de détruire leurs pièces d'identité pour sortir discrètement. Sachant qu'ils n'en étaient pas capables, ils ont fait recours au service de Matar Diokhané qui, à part Moussa Mbaye et Aboubacar Guèye, était le seul à parler à Shekau. Étant entendu qu'Aboubacar Guèye avait pris sur la décision de quitter la forêt de Sambisa sans l'aval des autorités de Boko Haram, le groupe des Sénégalais qui voulait rentrer lui a demandé de dire à Matar Diokhané qui était en ce moment à Abadam de revenir parler à Shekau. Ce que Diokhané alias Aboul Anwar a fait. Après son audience avec Shekau, les Sénégalais obtiennent leur ticket de sortie. Cheikh Ibrahima Bâ reconnait faire partie du groupe qui est allé à Handaq où, les “revenants” ont été partagés en trois groupes. Tout ce qu'il peut dire à ce sujet, c'est qu'il était avec Ibrahima Mballo, Moussa Aw et Oumar Yaffa. 
Arrivés à Zinder, Moussa Aw qui détenait des devises nigérianes (naira) a fait le change, mais ils ont été dénoncés par des agents de la société Sonef au motif qu'ils avaient des faux billets. Société de transport à laquelle appartiennent les bus à bord desquels ils voulaient rentrer au Sénégal. 
Arrêtés, ils seront emprisonnés à Zinder où Moussa Aw rendit l'âme après de pénibles conditions de détention. Et Matar Diokhané qui est entre-temps rentré au Sénégal et qui est venu à Zinder intercéder en leur faveur a été mis en prison. Transférés à Niamey, ils seront extradés après neuf (09) mois de prison.
Jeudi 26 Avril 2018




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