Parfum d’évasion fiscale au Sénégal : une société québécoise au cœur d’un scandale à 8,9 millions de dollars


Selon Radio Canada, sourcée par Consortium international des journalistes d'enquête (ICIJ), « le géant québécois de l'ingénierie SNC-Lavalin pourrait avoir évité de payer des millions de dollars en impôts au Sénégal grâce à une société à l'île Maurice, a révélé le Consortium international des journalistes d'enquête (ICIJ).

« En 2011, SNC-Lavalin a remporté un contrat de 50 millions de dollars américains pour construire une usine de transformation de minerai au Sénégal pour le compte d’une entreprise nommée Grande Côte Opérations », rappelle l’enquête ; qui précise que des experts consultés par le Consortium international des journalistes d’enquête estiment cependant que l’État sénégalais, l’un des pays les plus pauvres du monde, pourrait avoir perdu 8,9 millions de dollars américains en taxes et impôts non payés dans cette aventure.

« Ce n’est toutefois ni une filiale de SNC-Lavalin au Sénégal qui a remporté le contrat ni la société mère basée à Montréal. Le contrat a plutôt été octroyé à SNC-Lavalin Mauritius, une société enregistrée à l’île Maurice, selon des informations provenant des Paradise Papers, une fuite massive de documents sur les paradis fiscaux », ajoute notre source.

Pour sa part, SNC-Lavalin explique avoir créé cette société en 2008, avant la construction de l’usine au Sénégal, pour en faire un « holding régional chapeautant des projets en Inde et en Afrique ».


 « Les revenus d’une multinationale transférés à l’île Maurice ne sont pas imposables au Sénégal en raison d’un accord de « non double imposition » datant de 2004. Grâce à ce traité, SNC-Lavalin pourrait avoir évité une facture de 20 % sur les services offerts dans le cadre de la construction de l’usine », informe, en outre, Radio Canada.

« Selon les états financiers de SNC-Lavalin, sa filiale à l’île Maurice avait reçu 44,7 millions de dollars américains en 2012, alors que les travaux achevaient au Sénégal.

Dans un courriel envoyé à Radio-Canada, SNC-Lavalin s’est défendue en affirmant avoir la « responsabilité de payer la juste part de toutes les charges fiscales qui lui incombent, et ce, dans toutes les juridictions où elle tient ses activités, tout en conciliant ses responsabilités envers ses actionnaires », précise notre confrère, pour finir.
Mercredi 23 Mai 2018




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