En 2007, l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, en sa qualité de Chef Suprême des Armées, signait un décret historique autorisant les femmes à s’enrôler dans l’Armée sénégalaise dont le recrutement était jusque-là exclusivement réservé aux hommes. C’était dans l’euphorie de sa fameuse loi instaurant la parité intégrale hommes-femmes dans toutes les assemblées élues. En transformant cette volonté politique présidentielle en acte, et ce sans hésitation ni murmure, l’Armée en avait profité pour réviser certains textes afin de les adapter à l’arrivée des femmes dans les rangs. En effet, il fallait définir les filières de recrutement des femmes, dégager les mesures d’accompagnement etc… Seulement voilà, le législateur militaire n’avait pas tout prévu, notamment certains aspects du statut social des femmes soldats surtout ceux relatifs au mariage. D’après nos interlocuteurs au sein de la Grande muette, il est établi dans le volet « intra-catégorie » que seuls les officiers (hommes et femmes) peuvent se marier entre eux. Et ce alors que, dans l’ « inter catégorie », il est interdit à tout officier d’épouser une femme sous-officier ou « femme du rang ». Autrement dit, et comme disent les Ouoloff, « dërëm ak dërëm ñoy and ». Seulement voilà, le cœur ayant ses raisons et l’amour étant aveugle, certains officiers, à force de côtoyer ces subordonnées de charme, ont fini par tomber amoureux de filles-soldats. Un amour sincère et non pas seulement une envie de tirer leur coup. Ces officiers transis veulent donc passer devant Monsieur le maire ou l’imam du coin pour officialiser leur union soit civilement, soit d’après les canons (c’est le cas de le dire !) de la religion. Hélas, le règlement interdit catégoriquement ce type d’union « contre nature » au sein de l’Armée. « Face à cette situation, un camarade officier en service au camp Dial-Diop a même poussé une fille-soldat à démissionner de l’Armée pour qu’il puisse la marier. Un mariage qui a d’ailleurs été fêté en grande pompe ! » nous confie un officier qui bute lui aussi sur cet interdit qu’il qualifie d’ « archaïque ». « C’est même discriminatoire » s’emporte-t-il.
Face à ces coups de sang aussi acérés que la flèche de Cupidon, la plaidoirie et l’analyse du colonel Abdou Thiam, directeur de l’Information et des Relations publiques des Armées (Dirpa) semblent être à la fois pertinentes et convaincantes. Pour mieux camper le débat, le colonel Thiam a d’abord parlé de l’organisation des Armées fondée sur la hiérarchie qui fixe l’ordre des grades, des fonctions, des statuts etc… Et si la discipline constitue la force principale des Armées, a-t-il rappelé, la hiérarchisation reste et demeure un facteur de cohésion aussi bien au niveau du commandement qu’au sein des troupes. « Donc, le fait d’autoriser les hommes (mais aussi les femmes) du rang à se marier entre eux, et les officiers à épouser les femmes-officiers, a pour but de renforcer la cohésion dans tous les domaines. En terme de recherches de cohésion, on ne peut pas trouver mieux que ça ! » nous explique le colonel Abou Thiam, patron de la Dirpa, très à l’aise sur cette question. « Allez dans les cercles mess ou dans les foyers, cette harmonisation doublée d’une hiérarchisation a toujours eu cours dans l’armée sénégalaise et dans toutes les armées du monde d’ailleurs. Seulement, ce règlement relatif aux mariages est une particularité avec la féminisation de l’armée sénégalaise. Donc, ce n’est pas une discrimination ! C’est un problème d’adaptation, ils vont bientôt s’y adapter…» a ajouté le colonel Abou Thiam, histoire de crier « silence ! » dans les rangs de ces amoureux pas comme les autres. Ya-t-il donc péril en la demeure ? En tout cas, tout projet est évolutif. Surtout quand il s’agit d’un projet d’expérience appelé, un jour, à être corrigé. Et qui le sera nécessairement compte tenu des nombreux cas d’école que l’on a eu à nous raconter. Tenez ! Deux gendarmes du rang (un homme et une femme) se sont mariés il y a quelques années en toute légalité. Entre- temps, l’époux, ambitieux, s’est présenté au concours d’entrée à l’école des officiers. Et a été reçu haut la main.Autrement dit, il sortira de cette prestigieuse école comme officier au bout de deux ans de formation. Que deviendra alors ce couple dont l’un des conjoints sera un officier tandis que sa douce moitié restera toujours sous-officier ? Un cas d’école, assurément ! Il y a aussi le cas de ce caporal de l’Armée. Après avoir assisté et aidé financièrement sa copine et non moins cousine dans ses études, il lui a conseillé de faire le concours d’entrée à l’école militaire de santé. D’ailleurs, nous dit-on, la fille a déjà soutenu sa thèse de doctorat en médecine puisqu’elle est devenue médecin-lieutenant c’est-à-dire une jeune officier de garnison. Et lorsque le caporal — qui est son copain depuis toujours ! — a manifesté le désir de l’épouser, l’autorité a dit niet ! Le règlement l’interdit. La suite ? Certaines indiscrétions, proches du « couple », nous confient que la fille aurait menacé de démissionner de l’Armée pour ne pas trahir son amant-cousin. Et ce si on ne lui permet de pas de marier avec lui. En attendant, on imagine aisément que c’est mon caporal qui chevauche mon lieutenant tous les soirs… Pour dire quoi ? Que nous ne savions pas que l’amour, cette petite fièvre qui vous saisit et ne vous lâche plus, est si puissant au point de faire fuir les Kalachnikovs et les armes lourdes !
Seulement voilà, quand on décide de s’engager dans une armée aussi conservatrice dans la discipline que celle du Sénégal, il faut savoir « amour » garder pour soi ! Autrement dit, autant le dire et mourir, l’armée sénégalaise n’est pas faite pour les amoureux de statut différent. Ou alors que chacun soit à sa place et les vaches seront bien gardées. Et bien que le législateur n’ait pas pris en compte certains paramètres constituant des cas d’école, chacun doit essayer de s’adapter à la réalité des lois et règlements militaires. Comme le dit si bien le colonel Abou Thiam de la Dirpa. Car l’armée sénégalaise n’est pas comme une Armée de « thiaya » et de « 4x4 mbaar » comme celle des touaregs du Mali où les soldats-bergers vivent en parfaite harmonie avec leurs vaches et chameaux. Certes, on peut comprendre une fille-soldat qui a du mal à domestiquer son amour pour se plier à celui de la patrie. Quant aux officiers de sexe masculin, ils doivent apprendre à gérer et à maîtriser un coup de tendresse, d’amour et d’affection pour montrer et prouver que l’homme peut tout partager avec la femme dans l’armée sauf, sauf la parité de la faiblesse d’amour. Pour fermer le ban, il n’est pas exagéré de rappeler que l’armée sénégalaise n’est ni une armée de parade, ni une armée d’amour, mais plutôt une armée de métier ! Donc amoureux dans les rangs, circulez !
Face à ces coups de sang aussi acérés que la flèche de Cupidon, la plaidoirie et l’analyse du colonel Abdou Thiam, directeur de l’Information et des Relations publiques des Armées (Dirpa) semblent être à la fois pertinentes et convaincantes. Pour mieux camper le débat, le colonel Thiam a d’abord parlé de l’organisation des Armées fondée sur la hiérarchie qui fixe l’ordre des grades, des fonctions, des statuts etc… Et si la discipline constitue la force principale des Armées, a-t-il rappelé, la hiérarchisation reste et demeure un facteur de cohésion aussi bien au niveau du commandement qu’au sein des troupes. « Donc, le fait d’autoriser les hommes (mais aussi les femmes) du rang à se marier entre eux, et les officiers à épouser les femmes-officiers, a pour but de renforcer la cohésion dans tous les domaines. En terme de recherches de cohésion, on ne peut pas trouver mieux que ça ! » nous explique le colonel Abou Thiam, patron de la Dirpa, très à l’aise sur cette question. « Allez dans les cercles mess ou dans les foyers, cette harmonisation doublée d’une hiérarchisation a toujours eu cours dans l’armée sénégalaise et dans toutes les armées du monde d’ailleurs. Seulement, ce règlement relatif aux mariages est une particularité avec la féminisation de l’armée sénégalaise. Donc, ce n’est pas une discrimination ! C’est un problème d’adaptation, ils vont bientôt s’y adapter…» a ajouté le colonel Abou Thiam, histoire de crier « silence ! » dans les rangs de ces amoureux pas comme les autres. Ya-t-il donc péril en la demeure ? En tout cas, tout projet est évolutif. Surtout quand il s’agit d’un projet d’expérience appelé, un jour, à être corrigé. Et qui le sera nécessairement compte tenu des nombreux cas d’école que l’on a eu à nous raconter. Tenez ! Deux gendarmes du rang (un homme et une femme) se sont mariés il y a quelques années en toute légalité. Entre- temps, l’époux, ambitieux, s’est présenté au concours d’entrée à l’école des officiers. Et a été reçu haut la main.Autrement dit, il sortira de cette prestigieuse école comme officier au bout de deux ans de formation. Que deviendra alors ce couple dont l’un des conjoints sera un officier tandis que sa douce moitié restera toujours sous-officier ? Un cas d’école, assurément ! Il y a aussi le cas de ce caporal de l’Armée. Après avoir assisté et aidé financièrement sa copine et non moins cousine dans ses études, il lui a conseillé de faire le concours d’entrée à l’école militaire de santé. D’ailleurs, nous dit-on, la fille a déjà soutenu sa thèse de doctorat en médecine puisqu’elle est devenue médecin-lieutenant c’est-à-dire une jeune officier de garnison. Et lorsque le caporal — qui est son copain depuis toujours ! — a manifesté le désir de l’épouser, l’autorité a dit niet ! Le règlement l’interdit. La suite ? Certaines indiscrétions, proches du « couple », nous confient que la fille aurait menacé de démissionner de l’Armée pour ne pas trahir son amant-cousin. Et ce si on ne lui permet de pas de marier avec lui. En attendant, on imagine aisément que c’est mon caporal qui chevauche mon lieutenant tous les soirs… Pour dire quoi ? Que nous ne savions pas que l’amour, cette petite fièvre qui vous saisit et ne vous lâche plus, est si puissant au point de faire fuir les Kalachnikovs et les armes lourdes !
Seulement voilà, quand on décide de s’engager dans une armée aussi conservatrice dans la discipline que celle du Sénégal, il faut savoir « amour » garder pour soi ! Autrement dit, autant le dire et mourir, l’armée sénégalaise n’est pas faite pour les amoureux de statut différent. Ou alors que chacun soit à sa place et les vaches seront bien gardées. Et bien que le législateur n’ait pas pris en compte certains paramètres constituant des cas d’école, chacun doit essayer de s’adapter à la réalité des lois et règlements militaires. Comme le dit si bien le colonel Abou Thiam de la Dirpa. Car l’armée sénégalaise n’est pas comme une Armée de « thiaya » et de « 4x4 mbaar » comme celle des touaregs du Mali où les soldats-bergers vivent en parfaite harmonie avec leurs vaches et chameaux. Certes, on peut comprendre une fille-soldat qui a du mal à domestiquer son amour pour se plier à celui de la patrie. Quant aux officiers de sexe masculin, ils doivent apprendre à gérer et à maîtriser un coup de tendresse, d’amour et d’affection pour montrer et prouver que l’homme peut tout partager avec la femme dans l’armée sauf, sauf la parité de la faiblesse d’amour. Pour fermer le ban, il n’est pas exagéré de rappeler que l’armée sénégalaise n’est ni une armée de parade, ni une armée d’amour, mais plutôt une armée de métier ! Donc amoureux dans les rangs, circulez !
Pape NDIAYE
« Le Témoin » N° 1143 –Hebdomadaire Sénégalais ( NOVEMBRE 2013)
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