Invitation des dirigeants du G5 Sahel à Pau : Quand l'ancien ambassadeur de France au Sénégal sauve les apparences.


Le président français a « invité » ses homologues du G5 Sahel à Pau pour entendre de vive voix ce qu'ils attendent de la France dans cette région du monde. La rencontre aux allures d'un mini-sommet est prévu le 16 décembre. Mais dans l'opinion publique des pays sahéliens, la sortie d'Emmanuel Macron n'est pas bien appréciée. L' « invitation » est ainsi vue comme une convocation qui ne dit pas son nom, au regard du ton utilisé par le chef de l’État français. « J’attends qu’ils clarifient et formalisent leurs demandes à l’égard de la France et de la communauté internationale. Je veux des réponses claires et assumées (...) j’ai besoin qu’ils l’affirment politiquement devant leurs opinions publiques », a tonné le président français, courroucé par la volée de bois vert dont l'opération Barkhane a fait l'objet auprès de l'opinion sahélienne. La mort de 13 soldats français au Mali, dans un contexte accentué par la recrudescence d'un sentiment anti-français dans le Sahel semble expliquer ce « coup de gueule » du successeur de François Hollande.
Qu'à cela ne tienne, le ton utilisé ainsi que le lieu choisi pour faire cette déclaration a donné l'occasion aux chefs des Etats du G5 Sahel de se redonner un certain crédit auprès de leur opinion publique nationale. Si les uns ont accepté de prendre part à cette réunion de clarification des positions sans condition, les autres ont semble-t-il exigé une invitation officielle pour répondre au président français. Une requête à laquelle Emmanuel Macron a accédé en leur envoyant son représentant au Sahel, Christophe Bigot.
L'ancien ambassadeur de France au Sénégal, a ainsi entamé un périple qui l'a mené au Niger, puis au Mali pour remettre aux prochains hôtes de Macron une « invitation officielle ». Ce qui laisse penser que le président français n'avait pas officiellement invité ses pairs africains avant sa déclaration du 04 décembre dernier, en marge du sommet de l'OTAN. Une maladresse que Paris semble vouloir corriger en s'appuyant sur son ancien représentant au Sénégal, rompu aux règles diplomatiques.
Mais c'est non sans y laisser des plumes car ses interlocuteurs ont compris que c'est une occasion rêvée de grignoter une part de confiance qu'ils avaient perdue à jamais auprès de leurs administrés. Ce, en mettant sur la table des conditions, pour participer à la rencontre de Pau. « Le déplacement du Président de la République du Mali à Pau (France), ce 16 décembre se fera sous conditions. L’envoyé spécial pour le Sahel du Président de la République française, M Christophe BIGOT a été chargé de transmettre ces conditions à qui de droit », a tweeté le ministre malien de la Communication, des Relations avec les institutions et porte-parole du gouvernement. Le statut de la ville de Kidal toujours aux mains des ex-rebelles sera abordé, perce RFI.
De son côté, le président Burkinabé a laissé entendre que ce sera l'occasion « de nous parler franchement sur les différentes questions qui se posent aujourd'hui (…) ainsi que l'activité que nous menons ensemble pour la lutte contre le terrorisme ». Le président tchadien, Idriss Deby Itno a quant à lui, évoqué une incompatibilité d'agenda pour bouder le mini-sommet de Pau. Sauf rétropédalage de dernière minute de l'homme fort de N’Djamena, Emmanuel Macron devra donc parler franchement avec quatre présidents.
Mercredi 11 Décembre 2019




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