Hommage à feu Macodou DIENG, un singulier gradé de Gendarmerie.


Pour rappel, la Gendarmerie sénégalaise inspire aux autorités et aux populations, un modèle de professionnalisme, de sacrifice, de loyauté et d’esprit républicain. Sa neutralité et son impartialité, mais aussi l’esprit de sacrifie, de courage de ses hommes dans l’accomplissement de leur devoir, lui ont valu la confiance des autorités étatiques et l’estime des populations en général. C’est à ce titre qu’en reconnaissance à sa participation active à la vie de la nation sénégalaise, le Président Léopold Sédar SENGHOR premier Chef d’Etat du Sénégal, a rendu à cette institution un des plus beaux hommages au moment de quitter le pouvoir, ainsi libellé sur les pages de son livre d’or :
 ♣ « En prenant ma retraite politique pour passer le flambeau à la génération suivante, je suis heureux d’adresser toutes mes félicitations à la Gendarmerie nationale.
Ce n’est pas un hasard, si en son temps, j’ai décidé que la garde présidentielle serait composée de gendarmes. Arme d’élite grâce à la riche variété de leurs connaissances en matière de défense militaire et de sécurité civile, les gendarmes, depuis notre indépendance nationale acquise en 1960, se sont montrés disciplinés, instruits, efficaces parce qu’animés d’un patriotisme au-dessus de tout éloge. En leur faisant mes adieux, je leur renouvelle ma confiance pour l’honneur de la nation et la sécurité des sénégalais. Ils seront toujours à la hauteur de leurs devoirs » ♣.
Le Président Abdou DIOUF a inscrit dans le livre d’or de la Gendarmerie, au moment de quitter ses fonctions de Chef d’Etat le 27 mars 2000, le libellé ci-après :
 ♣  « La Gendarmerie cette Arme prestigieuse qui fait encore la fierté de notre nation. Cette Arme d’élite pétrie des plus hautes valeurs morales, a su en toutes circonstances, dans la vie palpitante de la nation sénégalaise, rester fidèle à ses traditions républicaines de patriotisme, d’abnégation, de loyauté et de dévouement. Tout en se modernisant et en s’adaptant aux exigences du temps. Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de notre pays. En effet la CEDEAO a décerné une distinction méritée à notre vaillante Gendarmerie pour les résultats particulièrement brillants obtenus dans la lutte contre la grande délinquance et le grand banditisme.
J’ai pu apprécier les innovations apportées par le Haut commandement pour une meilleure prise en compte des préoccupations sécuritaires des populations.
Avec mes vœux fervents, mes félicitations et mes encouragements à la vaillante Gendarmerie nationale » ♣.
« ♣ …. Ces hommes qui ont servi avec un engagement sans faille, un amour désintéressé du métier, un sens élevé du devoir et un professionnalisme exemplaire, pour parler comme SEM le Président Macky SALL, en préfaçant l’ouvrage édité récemment par la maison l’Harmathan, portant sur l’histoire de la Gendarmerie nationale. Celui-ci de poursuivre en précisant :…Que les différents témoignages exprimés dans le livre d’or de cette institution par de hautes autorités politiques, administratives, militaires, nationales et étrangères, constituent des marques d’estime et de reconnaissance de ces hommes, dont la rigueur professionnelle, le courage et le sens de l’honneur, sont offerts en exemple aux générations futures…. » ♣
Au regard de la liste non exhaustive de ces illustres personnages précités, figure entres autres en bonne place, un sous-officier de valeur. Je veux nommer feu Macodou DIENG, rappelé à Dieu SWT d’une mort naturelle, au mois de mars 2015.

Sous ce rapport, considérant que, l'engagement des plus jeunes se construit toujours à partir de nobles références comme celles qu'a révélées ce preux guerrier durant toute sa vie, plus particulièrement, dans la Gendarmerie, le forum a choisi de rendre hommage, à ce gradé émérite, qui a donné une bonne partie de son existence pour servir la Gendarmerie, au-delà la nation entière avec un itinéraire qui symbolise de la plus belle manière qui soit la méritocratie.
Au demeurant, que ceux qui étaient proches du défunt camarade ou qui le connaissent mieux que moi, veuillent bien m’excuser de dire plus ou moins sur son profil. Je considère simplement que par devoir de reconnaissance, il est préférable de se souvenir de ce singulier personnage, que de passer sous silence ses exploits rarement égalés.
Car personne ne conteste que ce singulier personnage a été, auteur de multiples actes vertueux, hautement patriotiques,  qui méritent d’être connus et salués.
J’ignore s’il y a une promotion de sous-officiers qui porte le nom de ce vaillant militaire ou non. Aussi, il serait opportun d’en appeler à la bienveillante attention du Haut commandement.
On peut dire sans risque de se tromper, que Macodou DIENG, compte dans les rangs de ceux-là qui ont contribué à écrire les plus belles pages de l’histoire du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN). En faisant partie des pionniers, aux côtés du Colonel Bamalick NDIOUR, feu Jacques DIATTA, feu Ely Manel DIALLO, feu Mamadou SECK dit Toulon, feu Mbaye GUEYE, feu Mbaye DIEYE. Certains parmi eux, par la grâce de Dieu (SWT) sont encore vivants. Je veux nommer Capitaine (cr) Philippe THIANDOUM,  Adama BA, Youssouf THIANE, Modou DIOUF, pour ne citer que ceux-là.
Macodou était méthodique, intelligent, humble, jovial avec un enthousiasme professionnel hors du commun qu’il avait à cœur de transmettre aux plus jeunes. Il était motivé par des valeurs morales très élevées, les valeurs du service public, la générosité, le don de soi.
En plus d’être membre fondateur du GIGN, il était incontournable dans toutes les actions. Il a exercé les fonctions de Directeur Technique de la Fédération Sénégalaise de Tir. Directeur Technique de la Fédération Sénégalaise de Boxe Française. Macodou était animé des fibres patriotiques au-delà de tout éloge. Un preux guerrier, qui se distinguait par son pragmatisme, son audace, son esprit d’engagement inébranlable et son opiniâtreté dans la mission. De remarquables qualités qui faisaient de lui un vrai baroudeur. Macodou ne connaissait pas la peur, il ne reculait devant n’importe quel danger. Quelqu’un ayant rendu d’énormes et éminents services à notre pays, dans l’exemplarité et la dignité. Toujours sollicité dans des missions délicates, d’envergure. Ce singulier engagement dont il faisait montre dans la Gendarmerie était perçu par tous, comme une posture qui n’avait d’égal que son abnégation à servir la patrie.
Il a toujours su faire preuve d’un héroïsme, d’une bravoure et d’un sacrifice rarement égalés.  Pour rappel entre autres exploits, qui illustrent son palmarès, il a participé à plusieurs expéditions, dont celle dite « Opération FODEKABA 2 ». Une équipe du GIGN dont les membres avaient été choisis suivant des critères très sélectifs, pour une mission périlleuse en Gambie. A l’origine de cette opération, le  jeudi 30 Juillet 1981 le Président gambien Sir Dawda Kaïraba DIAWARA au pouvoir depuis 1965, qui  se trouvait à Londres a été renversé par un Conseil Suprême de la Révolution, dirigé par un certain Kukoy Samba SAGNA.
La République de Gambie qui, dès son accession à l’Indépendance avait signé un accord de sécurité et de défense avec la République sœur du Sénégal, demanda expressément par la voix de son Président légalement élu, au Gouvernement du Sénégal d’intervenir, militairement sur son sol, afin d’y faire revenir l’ordre constitutionnel.
Cet appel reçut bien entendu un écho favorable de la part de son homologue sénégalais, le Président Abdou DIOUF. Il prit la résolution de faire intervenir ses forces de sécurité. Au motif ci-après : « Un Etat digne de ce nom respecte ses engagements » affirmait fermement le Président sénégalais dans un message à la nation ».
Aussitôt les ordres reçus, l’Armée Sénégalaise s’est mobilisée. Le commandement des troupes était confié au Colonel Abel NGOM. Parallèlement aux opérations militaires, la Gendarmerie sénégalaise allait mettre en œuvre un dispositif à deux composantes. L’ensemble du dispositif de la Gendarmerie était commandé par feu Colonel (cr) Badara NIANG à l’époque Capitaine. Le détachement prévôtal devant assurer la police militaire des Armées, composé d’une trentaine de Gendarmes et quelques gradés était aussi commandé par le Colonel cr Djibril BA à l’époque lieutenant. Le Chef du GIGN, l’Adjudant Philippe THIANDOUM devenu Capitaine, fut convoqué immédiatement par le Général Wally FAYE à l’époque Haut Commandant de la Gendarmerie et Directeur de la Justice Militaire. A l’issue de l’entretien, ce gradé rassembla son effectif d’une quinzaine d’hommes dont Macodou DIENG, pour informer des ordres reçus du Commandement. Une mission consistant à se rendre immédiatement en Gambie par voie aérienne, afin de libérer des otages  retenus  en un lieu tenu secret dans la capitale Banjul, ou une localité proche. Après avoir pris connaissance de la mission et au terme d’un briefing, l’Adjudant TIANDOUM ajoutait ceci : « S’il n’y pas de questions, je précise que vous disposez d’une trentaine de minutes pour dire au revoir à vos familles. Puisque l’embarquement est immédiat suivi du décollage ». Une mission de cette nature, impose naturellement une minutieuse préparation, compte tenu de son envergure. Mais ce ne fut pas le cas. Au motif que l’urgence ne s’y prête pas et les hommes choisis sur des critères très sélectifs ont reçu une formation adaptée, pour faire face à toute épreuve sans délai. Ce  manque de préparation, et d’éléments d’appréciation sur les évènements pouvaient entamer le moral du personnel engagé, voire amoindrir sa confiance à plus d’un titre. Notamment des renseignements précis sur l’ennemi. Quant-au nombre, sa puissance de feu le mode d’action etc.…Mais surtout l’endroit où devaient être largués les éléments du GIGN. Tout cela témoigne des risques encourus au quotidien par ceux qui ont choisi le métier des armes.
Ces prestigieux corps de métier, que constituent les Forces de Sécurité (Police- Gendarmerie-Armée etc.). Ces institutions qui assurent même au péril de la vie de leurs personnels, la stabilité, la sécurité des personnes et des biens. Autrement dit, ceux-là qui ont choisi de mener sans désemparer une lutte farouche contre cette insécurité latente et endémique, qui sévit partout dans le monde. Auxquelles donc les populations ne seront jamais suffisamment redevables de l’exposition indéniable et permanente de leurs vies, pour protéger d’autres vies. Lesquelles n’ont pas plus de valeur que les leurs, comme disait l’autre.
Ces braves combattants donc après avoir reçu la mission, étaient endroit de s’interroger sur d’autres questions. Le nombre d’otages et l’endroit où ils étaient gardés. L’appui dont le Groupe pouvait bénéficier de la part des troupes déjà présentes sur le terrain ainsi que la logistique qui était indispensable, considérant que la durée du séjour, indéterminé en territoire étranger.
En dépit du manque d’informations sur toutes ces questions, les éléments choisis étaient enthousiastes de se retrouver dans une mission aussi dangereuse qu’exaltante parce que aux multiples inconnus. Mais une occasion tout de même, pour pouvoir mettre à l’épreuve beaucoup de leçons apprises.  En résumé donc il a fallu en peu de temps, avec un professionnalisme sans commune mesure, pour que ce Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) sous les ordres du Capitaine (cr) Philippe THIANDOUM à l’époque Adjudant, qui comptait dans son équipe le Gendarme Macodou DIENG, parvienne à libérer des membres de la famille du Président de la République de Gambie, Sir Daouda K. DIAWARA, son entourage ainsi que des militaires sénégalais qui étaient pris en otage par les assaillants.
L’opération se déroula  sans beaucoup d’anicroches. Les rebelles avaient presque tous fui la veille pendant la nuit. Puisque le GIGN ne rencontra aucune résistance à la vague déferlante qu’il constituait. Les otages trouvés étaient répartis en deux groupes. Plus de quatre cent personnes se trouvaient dans un grand hangar en tôles fermé à l’aide de gros cadenas. Le second groupe constitué de femmes et d’enfants dans un autre bâtiment lui faisant presque face. Ils criaient tous, la gorge sèche, impatients de recouvrer la liberté. Dès les premiers coups de feu déclenchés pour sauter les verrous des portes, ce fut  dans une joie indescriptible, que tous remerciaient les gendarmes et  le Sénégal de les  avoir sortis de cette douloureuse situation, qu’ils venaient de vivre des jours durant, dans la peur, la soif et la faim, loin de leurs proches. Il y avait parmi eux des gambiens, des sénégalais, des mauritaniens et certainement d’autres nationalités. Ils furent alors escortés vers le terrain de sport afin d’être acheminés sur Banjul.
Au terme de la phase de restauration du pouvoir, le Président sénégalais Abdou DIOUF très satisfait de cet exploit, avait exprimé toute sa satisfaction en adressant une correspondance au Ministre des Forces Armées dont la teneur suit :
« Je vous exprime toute ma satisfaction pour le travail accompli et vous demande de transmettre mes félicitations ……pour la qualité du travail accompli tant dans la conception que dans l’exécution…Les forces armées font honneur au Sénégal. Discrètes et généreuses, elles ont su répondre à l’attente du pays. »
C’est donc le lieu d’avoir une pensée pieuse pour le sieur Macodou DIENG, rappelé à Dieu (SWT) au mois de mars 2015. D’ailleurs je garde toujours en mémoire la première réaction provenant du Général (2S) Mansour NIANG de la Gendarmerie, quand l’affreuse nouvelle a été annoncée. Il disait en substance : « Je suis sûr que ce gradé assez singulier doit être surpris. Sinon la mort ne l’aurait jamais emporté de sitôt après avoir traversé autant d’épreuves. »
Je garde également toujours en souvenir ci-dessous, le dernier message que j’avais reçu de ce preux guerrier Macodou DIENG :
« El Hadj je vous souhaite une très longue vie, alliée à la santé, bonheur, prospérité. Car vous êtes un socle très important dans le réseau que constituent les retraités de la Gendarmerie. Puisse Dieu Tout Puissant nous accorder la cohésion dans tout ce que nous entreprenons, dans la sérénité. DEWENATI à tous les retraités de la Gendarmerie. Longue vie, santé et prospérité. Wa Salam.
Aspirant El Hadj Macodou DIENG, car je dois me rendre à la Mecque ».
Malheureusement, c’est au cours de cette même année, qu’il a été rappelé à Dieu (SWT), avant d’avoir eu le temps d’accomplir son pèlerinage.
C’est pour ces motifs que nous considérons que l’opinion a le droit de connaitre Macodou  DIENG. Il restera pour les générations futures, un modèle de patriotisme, de courage. Un modèle affectueux, attentionné, le croyant à la foi inébranlable. Le patriote altruiste et généreux dans l’effort. Puisse l’exemplarité de son passage  utile d’ici-bas, inspirer les générations futures.
Naturellement, nous ne saurions terminer ces quelques lignes, sans implorer une nouvelle fois, la Clémence et la Miséricorde de Dieu (Soub-Hana-Wa-Ta-Allah), d’accorder à Macodou DIENG, une rédemption totale de ses péchés et une béatitude éternelle prélude à une vie édénique au jardin des élus (paradis des firdaws), Amïïn.
                              
                                                                                    
                                                     
El Hadj Papa Cissé GUEYE
Adjudant Major Gendarmerie en retraite
Chevalier dans l’ordre du Lion
Médaillé Militaire du Sénégal
Officier dans l’ordre du Mérite
Médaille d'honneur Gendarmerie
Médaillé d’Honneur ONU
Dimanche 6 Janvier 2019




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