Géopolitique de la Casamance. Le scénario d’un futur choisi


Géopolitique de la Casamance. Le scénario d’un futur choisi
1ère partie 
 
Le conflit
Séparée d’une grande partie du reste du territoire du sénégalais par la république de la Gambie, la Casamance occupe la partie méridionale du Sénégal et couvre trois régions administratives : Ziguinchor, Kolda et Sédhiou. Sa situation géographique lui vaut d’être la zone la plus verdoyante du Sénégal, avec le climat le plus humide du pays, la végétation la plus forestière et le réseau hydrographique le plus dense de tout le pays.
 
Dès 1960, année de l’indépendance du Sénégal, une partie de la population de la Casamance souhaite une autonomie politique pour leur région, au nom de son identité spécifique. Ainsi, la Casamance, au cours des siècles passés, a rejeté aussi bien l’esclavage arabe qu’européen. Elle s’est aussi farouchement opposée aux ambitions de l’administration coloniale. En outre, la Gambie, enclave sous forme de doigt de gan à l’intérieur du territoire sénégalais, alimente le sentiment de marginalité géographique et de laissé-pour-compte par le pouvoir central. De plus, les Diolas qui habitent la Casamance n’apprécient pas d’y voir arriver des Wolofs souhaitant pouvoir venir y cultiver de l’arachide mais également des Haal Pular désignés sous le vocable des « les Gens venus du Nord » et qui sont perçus comme des « envahisseurs».
Dans ce contexte, le 26 décembre 1982, des manifestants séparatistes, avec à leur tête l’abbé Augustin Diamancoune Senghor, armés de coupe-coupe et autres armes blanches, pénètrent à Ziguinchor, la capitale régionale de la Casamance, pour proclamer l’indépendance à travers des actes hautement symboliques comme le hissage du drapeau de la « Casamance libre », de l’entonnement d’un hymne national et de l’occupation de la gouvernance, siège de l’autorité et du pouvoir.
Les forces de l’ordre arrêtent le principal dirigeant avec plusieurs de ses compagnons. Le Sénégal découvre alors l’existence de cet homme d’église qui prend la tête d’un mouvement séparatiste dénommé MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance). En 1987, l’abbé est libéré de prison. Trois ans plus tard, en 1990, d’importants affrontements, causant environ 150 morts, opposent l’armée sénégalaise et les séparatistes. Puis, le 31 mai 1991, un premier cessez-le-feu est signé entre le gouvernement sénégalais et les rebelles tandis que l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, emprisonné une seconde fois en 1990, est libéré. Cependant, cet accord n’empêche pas les troubles de reprendre en 1993, causant environ mille morts. Le 8 juillet 1993, un deuxième cessez-le-feu intervient. Deux ans plus tard, l’année 1995 marque la disparition de quatre touristes français dans la région : les rebelles et les forces gouvernementales s’en rejettent la responsabilité.
 
 
Deux pays voisins acteurs du conflit : la Gambie et la Guinée Bissau
La présence de la Gambie impose une barrière entre la Casamance et le reste du territoire sénégalais. Pour pallier à cette discontinuité territoriale aux conséquences géostratégiques et économiques importants, le Sénégal, profitant de la tentative de coup d'État raté en 1981 de Kukoï Samba Sagna contre le Président Daouda Diawara, crée une confédération, dénommée la Sénégambie. Cette confédération a pour objectif de resserrer les liens entre les deux pays, de promouvoir la coopération dans les domaines des affaires étrangères et de la communication interne. Pour le Sénégal, l’objectif est aussi de l’ordre de la géopolitique interne : il s’agit aussi de désenclaver la Casamance, dont plus de la moitié de la superficie se trouve isolée du reste du Sénégal par la Gambie. Mais, d’une part, les intérêts trop divergents entre le Sénégal et la Gambie et, d’autre part, l’éclatement de la crise avec la Mauritanie sonnent le glas de la Sénégambie qui est dissoute le 30 septembre 1989.
L’Etat du Sénégal  reproche aux autorités gambiennes de faire de leur territoire une base arrière du MFDC. Pour les responsables sénégalais ces griefs sont la preuve d'un complot orchestré par la Gambie et la Mauritanie pour déstabiliser le Sénégal à partir de sa région Sud.
Un autre pays limitrophe, la Guinée Bissau pays politiquement instable, joue un rôle majeur dans la géopolitique de la Casamance. Le Sénégal déplore des soutiens « réels ou supposés » dont bénéficieraient les rebelles du MFDC au sein du gouvernement et de l'armée de la Guinée‑Bissau. Le comportement de cette dernière semble être justifié par la  découverte d'un gisement de pétrole offshore dans la zone maritime au large de la Casamance. En effet cette manne énergétique et financière pousse  ce pays voisin du sud à contester le tracé de la frontière maritime.
Une accalmie précaire
De 1996 à 2009, des pourparlers de paix se déroulent périodiquement entre le MFDC et une commission nationale. Après différents nouveaux combats, un nouvel arrêt est décidé le 26 décembre 1999. Puis la maladie du dirigeant charismatique du MFDC crée des luttes de pouvoir au sein du mouvement. Elles aboutissent, en 2003, au meurtre de l’un de ses fidèles lieutenants, Sidy Badji. Toutefois, un accord de paix est signé le 20 décembre 2004. À la fin de l’année 2006, l’abbé Diamacoune Senghor, rongé par la maladie, est évacué à Paris par les autorités sénégalaises afin d’y subir des soins, et il meurt en janvier 2007 à Paris, à l’hôpital militaire du Val de Grâce.
Depuis, la situation géopolitique de cette partie méridionale du Sénégal semble apaisée. Cependant, les anciennes zones d’affrontement sont semées de mines antipersonnel et le conflit a poussé une partie des populations à migrer vers l’intérieur du pays ou dans les pays voisins jadis où des rebelles se réfugiaient lorsqu’ils se retrouvaient en situation de faiblesse en temps de combats avec les militaires. Le conflit casamançais a donc eu des répercussions externes, car il a également touché des pays voisins comme la Guinée-Bissau et la Gambie. En outre, en France, en Espagne et même aux États-Unis, certains immigrés en provenance de la Casamance ont demandé et obtenu le statut de réfugiés politiques.
Depuis 2004, la Casamance cherche à se reconstruire, même si la paix y reste encore fragile. Le gouvernement du Sénégal, les intellectuels locaux, les ONG et dignitaires religieux œuvrent pour la consolidation de la paix. Toutefois, depuis 2010, des combats périodiques opposent les militaires sénégalais à quelques factions rebelles. Ces affrontements ont fait des dizaines de morts parmi les militaires et du côté des rebelles.

M. Seydou KANTE
Mercredi 19 Mars 2014




1.Posté par Landing le 19/03/2014 12:03
Merci monsieur Kante pour cette analyse. Ce sont ces types d'articles qu'il nous faut de temps en temps

2.Posté par dianke le 19/03/2014 17:09
precision : Sidy Badji est mort de mort naturelle à Ziguinchor.Il n'a pas ètè assassinè.attention à ce vous écrivez!
il a quitté le maquis car il ètait vieillissant car il a fait l'armèe franòaise et a combattu en Indochine ,il a vècu la dèfaite française de Dien Bien phu comme du reste le général Dieng Amadou Abdoulaye retraitè de l'armèe sénègalaise.
Sidy Badji,Leopold Sagna(Toussaint Bassène),Aliou Badji,Koubanlosso Sambou(ancien du groupement commando sénègalais),Jean marie Tendeng;Maurice Diatta(Adjiokane),furent les premiers chefs de la branche armée du MFDC.
Sidy était le chef et Léopold l'adjoint chargé de la formation des recrues,Koubanlosso était le chargé de la discipline.
Vous melangez un peu les pédales mon cher sur la genèse de la crise ,sur le bilan qui est faux archi faux c'est une guerilla contre une armée règulière sur un terrain hostile à l'armèe régulière et cela dans tous les conflits de ce genre.
Il faut cesser de designer certains pays comme boucs emissaires ,le senegal est intervenu en gambie en juillet 1981 causant la mort de 5000 personnes pour ramener au pouvoir daouda Jawara un mèdiocre president.
Le Senegal a fait preuve de manque de vision en ne profitant pas de cette confederation annexion pour construire un pont alors que meme la garde rapprochée de Diawara ètait assurèe par les senegalais.
Becaye Diop fut maire de Kolda ,Tidiane ba maire de sedhiou(chez les mandingues),Abdoulaye Sy maire de ziguinchor alors qu'il n'est meme pas né en Casamance,Keita maire de Bignona alors que la majorité de la population est diola et on peut multiplier les exemples.
La casamance intègre toute personne qui accepte ses principes de vie alors que dans des localitès comme le Fouta il faut etre de la localitè et ensuite ne pas etre de la basse caste pour se faire èlire.Donc je me demande si vous connaissez meme la Casamance.
La gambie est libre de fermer son espace à qui elle veut ,puisque c'est un pays souverain.
le chauvinisme sengegalais ne passera pas.
depuis 1982 le senegal dans un esprit chauvin n'a commis que des erreurs geostrategiques et reste un pays à la solde de la France.
je vous conseille Mr kantè de mieux decouvrir la casamance.les casamançais n'aiment pas l'injustice et depuis 1960 ils n'ont vu que l'injustice .
Les sengalais ignorent tout de cette sale guerre et il ya un consensus médiatique pour manipuler l'opinion senegalaise.
Les massacres de civils à Kaguit en 1992 le massacre de Djifanghor le premier novembre1998 sont des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité,des femmes,enfants et vieillards massacrès par l'armèe senegalaise sous les ordres du Colonel Yoro Koné nommé par Abdou Diouf pour ne pas "faire de prisonniers en casamance".
il faut reconnaitre qu'avec l'arrivèe de wade les massacres ont cessé et une autre ligne politique a étè suivie.
c'est cela la véritè wade n'a pas massacrè les casamançais peut etre parce qu'il connaissait très bien la région alors que Diouf abdou est nè avec la cuillère en or à la bouche pour servir ses maitres français.

3.Posté par Badiane B le 19/03/2014 22:38
Merci cher Kanté pour ce texte on en apprend beaucoup. Mr Dianke soyez compréhensif vous parlez avec le coeur donc modéré vos propos. On peut corriger ou donner son avais sans être arrogant ou insultant. Kanté a eu le mérite de donner son point de vue en sa qualité de scientifique, un pont de vue qui n'est pas parfait mais qui a le mérite d'exister. On n'a pas besoin d'être casaçais pour analyser le conflit.



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