Centenaire du lycée Lamine Guèye : entre splendeur d’hier et combat d’aujourd’hui, Van Vo veut renaître...


Il fut un temps où dire qu’on venait de Van Vo, c’était brandir un passeport vers l’avenir. Une école où excellence, rigueur et ambition régnaient en maîtres. Un bastion de savoir qui a formé une grande partie de l’élite intellectuelle et politique du Sénégal. Aujourd’hui, ce lycée mythique, rebaptisé Lycée Lamine Gueye, célèbre son centenaire. Mais loin des projecteurs d’une célébration festive, ce centenaire prend des allures de résistance éducative, portée par la mémoire, l’émotion… et l’urgence.

 

Ce documentaire est un retour aux sources, une plongée dans les entrailles d’un géant endormi. Il s’ouvre sur la voix de Fat Sy, ancienne élève devenue journaliste, retrouvée non pas sur les bancs du lycée mais dans une rue proche d’un institut, où elle suivait une courte formation. Elle accepte de revenir sur les lieux de son adolescence, mais c’est un choc : le lycée qu’elle découvre n’est plus que l’ombre de lui-même. Couloirs fissurés, salles délabrées, murs fatigués. Rien à voir avec l’institution d’excellence qu’elle a connue.

Mais Fat Sy n’est pas seule à porter ce regard lucide. Le récit se prolonge avec Mr Sy, retrouvé chez lui, et Mr Diokhane, rencontré à son lieu de travail. Deux figures de Van Vo, deux témoins d’une époque où discipline et fierté rimaient avec réussite. Ces anciens élèves ne se contentent pas de se souvenir : ils agissent. Tous deux sont au cœur de l’initiative du centenaire. Pour eux, il ne s’agit pas simplement de commémorer, mais de raviver une flamme – celle d’un lycée qui refuse de mourir en silence.

 

Sur place, une seule figure encore debout dans l’arène : la proviseure actuelle du lycée, seule représentante visible de l’administration au moment du tournage. Elle nous ouvre les portes de son bureau et son cœur. Entre des piles de dossiers, elle égrène les chiffres, les défis, les espoirs. Oui, dit-elle, Van Vo va mal. Mais non, tout n’est pas perdu. Une nouvelle dynamique semble vouloir émerger, portée par la foi d’un personnel encore debout et des élèves qui n’attendent qu’une chose : être inspirés.

 

Le centenaire devient alors plus qu’un anniversaire. C’est une impulsion. Un levier pour rappeler à tous – anciens élèves, autorités, mécènes, citoyens – que Van Vo ne peut être laissé à l’abandon. Déjà, quelques fonds ont été récoltés, mais ils restent insuffisants. Mr Sy lance un appel sans détour : "Nous devons tous nous mobiliser. Ce n’est pas qu’un lycée. C’est un symbole national. Un patrimoine intellectuel." Son message est clair : sans soutien massif, le réveil de Van Vo pourrait ne rester qu’un rêve.

La mobilisation, elle se veut aussi médiatique. Une stratégie de communication a été mise en place, entre vidéos virales, relais sur les réseaux sociaux et interventions dans les médias. À la tête de cette opération de visibilité, une marraine de prestige : le professeur Awa Marie Coll Seck, ancienne du lycée, femme d’engagement, choisie pour incarner la "journée de l’excellence" qui ponctuera l’année du centenaire. Son implication redonne de la hauteur à l’événement, et son aura pourrait bien rallumer les projecteurs sur ce lieu emblématique.

 

En fin de compte, ce reportage n’est ni un hommage nostalgique ni une lamentation. C’est un cri d’alerte, mais aussi un chant d’espoir. Van Vo n’a pas dit son dernier mot. Ses anciens le clament. Sa proviseure le confirme. Et ses murs, même abîmés, murmurent encore les promesses de grandeur. Car 100 ans, ce n’est pas juste une date. C’est un héritage. Une responsabilité collective. Et une urgence.

Jeudi 17 Juillet 2025
Dakaractu




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