Entre promesses de rupture et réalité au pouvoir, nous allons faire un focus sur les 12 mois qui ont marqué la scène politique sénégalaise.
Alors que l’année 2025 tire sa révérence, le Sénégal se trouve visiblement à la croisée des chemins.
Cette année 2025 restera gravée dans l’histoire politique du Sénégal au regard des rebondissements mais également des turbulences au sommet de l’État depuis l’arrivée du tandem pour conduire la 3e alternance. Au-delà des autres facteurs politiques qui émaillent cette année, 2025 marquera les premiers signes d’une « fissure » aux différentes facettes.
Le remaniement qui redistribue les cartes
Alors que l’année 2025 tire sa révérence, le Sénégal se trouve visiblement à la croisée des chemins.
Cette année 2025 restera gravée dans l’histoire politique du Sénégal au regard des rebondissements mais également des turbulences au sommet de l’État depuis l’arrivée du tandem pour conduire la 3e alternance. Au-delà des autres facteurs politiques qui émaillent cette année, 2025 marquera les premiers signes d’une « fissure » aux différentes facettes.
Le remaniement qui redistribue les cartes
« Pas un gouvernement de villégiature, mais un gouvernement d’engagement et de combat. » C’est ainsi que le premier ministre Ousmane Sonko a présenté sa nouvelle équipe, le 6 septembre 2025. C’était également une occasion toute trouvée pour remplacer le ministre du travail sortant, Abass Fall, devenu maire de Dakar le 25 août et trois autres ministres.
Cinq nouveaux venus avaient fait leur entrée dans l’équipe qui compte 25 ministres et six secrétaires d’Etat. L’arrivée la plus remarquée est celle de l’avocat Mouhamadou Bamba Cissé au ministère de l’intérieur. La robe noire, figure médiatique, a dirigé la défense d’Ousmane Sonko lorsque ce dernier, alors dans l’opposition, était poursuivi pour différents motifs. Le diplomate Cheikh Niang, ancien ambassadeur aux Nations Unies, remplace Yassine Fall au ministère des affaires étrangères ; sa prédécesseure sera nommée ministre de la justice. Mais également, l’arrivée de Déthié Fall, allié fidèle de Pastef à la tête du nouveau ministère des infrastructures. Il obtient ainsi la responsabilité de centraliser tous les travaux de construction de routes et de bâtiments de l’État. Un « super ministère » qui témoigne de la confiance placée en lui par le tandem présidentiel, récompensant ainsi son soutien indéfectible durant les campagnes électorales. Marie Rose Faye, précédemment directrice de l’ADEPME, hérite du poste de ministre chargé de la communication du gouvernement et des relations avec les institutions.
Yankhoba Diémé, quant à lui, se voit recentré sur les Transports terrestres et aériens. Le Premier ministre Ousmane Sonko a justifié cette réorganisation par un souci d’efficacité et de coordination.
Juillet-novembre : les prémices d’une crise annoncée
Cinq nouveaux venus avaient fait leur entrée dans l’équipe qui compte 25 ministres et six secrétaires d’Etat. L’arrivée la plus remarquée est celle de l’avocat Mouhamadou Bamba Cissé au ministère de l’intérieur. La robe noire, figure médiatique, a dirigé la défense d’Ousmane Sonko lorsque ce dernier, alors dans l’opposition, était poursuivi pour différents motifs. Le diplomate Cheikh Niang, ancien ambassadeur aux Nations Unies, remplace Yassine Fall au ministère des affaires étrangères ; sa prédécesseure sera nommée ministre de la justice. Mais également, l’arrivée de Déthié Fall, allié fidèle de Pastef à la tête du nouveau ministère des infrastructures. Il obtient ainsi la responsabilité de centraliser tous les travaux de construction de routes et de bâtiments de l’État. Un « super ministère » qui témoigne de la confiance placée en lui par le tandem présidentiel, récompensant ainsi son soutien indéfectible durant les campagnes électorales. Marie Rose Faye, précédemment directrice de l’ADEPME, hérite du poste de ministre chargé de la communication du gouvernement et des relations avec les institutions.
Yankhoba Diémé, quant à lui, se voit recentré sur les Transports terrestres et aériens. Le Premier ministre Ousmane Sonko a justifié cette réorganisation par un souci d’efficacité et de coordination.
Juillet-novembre : les prémices d’une crise annoncée
Dès juillet 2025, les observateurs avisés perçoivent les premiers signes de discorde entre les deux acteurs majeurs qui incarnent la nouvelle politique sénégalaise bâtie sur le « Jub Jubël Jubenti ». Lors de l’installation du Conseil national de Pastef, Ousmane Sonko dénonce publiquement un « problème d’autorité » au sein de l’appareil étatique. Le Premier ministre révèle avoir rencontré le président pour aborder ces tensions, sans toutefois détailler la nature exacte de leurs désaccords. En effet, il faut rappeler que le premier point de tension entre les deux hommes concerne la répartition effective du pouvoir. Si la Constitution sénégalaise confère au président de la République la prééminence, Ousmane Sonko, fort de sa légitimité populaire et de son statut de leader du parti au pouvoir, aurait développé une tendance à outrepasser ses prérogatives constitutionnelles. Des voix évoquent des frustrations du président Faye face à des décisions prises ou annoncées par le Premier ministre sans concertation préalable, créant parfois des situations embarrassantes pour la présidence.
Sur le plan économique, des divergences d’approche commenceraient à émerger avec un président de la République qui privilégierait une approche plus technique et progressive des réformes, conscient des contraintes budgétaires et des engagements internationaux du Sénégal.
Le premier ministre Ousmane Sonko, de son côté, pousserait pour des transformations plus radicales et immédiates, notamment concernant la renégociation des contrats pétroliers et miniers, la reddition des comptes et surtout la question de la justice avec les victimes des récentes manifestations politiques sous le régime de Macky Sall.
Sur le plan de la diplomatie aussi, la gestion des relations internationales a un impact sur la politique du tandem. Dans ce terrain de désaccord, Bassirou Diomaye Faye, conscient de la nécessité de maintenir de bonnes relations avec les partenaires traditionnels du Sénégal, adopterait une posture diplomatique plus nuancée. Quant au président du Pastef, défenseur d’un panafricanisme assumé et critique vis-à-vis de l’occident tient souvent des propos jugés tranchants et qui compliqueraient les relations diplomatiques.
Mais c’est le 12 novembre que la situation semble dégénérer avec notamment l’implication des militants particulièrement présents sur les réseaux sociaux. À la suite de la déclaration de Ousmane Sonko au Tera Meeting, le président Faye annonce unilatéralement le remplacement d’Aïssatou Mbodj par Aminata Touré à la tête de la coalition « Diomaye Président ». La riposte de Sonko a été immédiate. Son parti Pastef publie une déclaration rejetant l’autorité du président pour effectuer un tel changement, affirmant ne partager « ni les mêmes valeurs ni les mêmes principes » avec la nouvelle désignée.
Pour la première fois depuis leur arrivée au pouvoir, le conflit entre les deux hommes forts du régime éclate au grand jour, exposant les luttes de pouvoir qui traversent le sommet de l’État.
Mimi Touré ou la désignation qui fait grincer des dents
Le premier ministre Ousmane Sonko, de son côté, pousserait pour des transformations plus radicales et immédiates, notamment concernant la renégociation des contrats pétroliers et miniers, la reddition des comptes et surtout la question de la justice avec les victimes des récentes manifestations politiques sous le régime de Macky Sall.
Sur le plan de la diplomatie aussi, la gestion des relations internationales a un impact sur la politique du tandem. Dans ce terrain de désaccord, Bassirou Diomaye Faye, conscient de la nécessité de maintenir de bonnes relations avec les partenaires traditionnels du Sénégal, adopterait une posture diplomatique plus nuancée. Quant au président du Pastef, défenseur d’un panafricanisme assumé et critique vis-à-vis de l’occident tient souvent des propos jugés tranchants et qui compliqueraient les relations diplomatiques.
Mais c’est le 12 novembre que la situation semble dégénérer avec notamment l’implication des militants particulièrement présents sur les réseaux sociaux. À la suite de la déclaration de Ousmane Sonko au Tera Meeting, le président Faye annonce unilatéralement le remplacement d’Aïssatou Mbodj par Aminata Touré à la tête de la coalition « Diomaye Président ». La riposte de Sonko a été immédiate. Son parti Pastef publie une déclaration rejetant l’autorité du président pour effectuer un tel changement, affirmant ne partager « ni les mêmes valeurs ni les mêmes principes » avec la nouvelle désignée.
Pour la première fois depuis leur arrivée au pouvoir, le conflit entre les deux hommes forts du régime éclate au grand jour, exposant les luttes de pouvoir qui traversent le sommet de l’État.
Mimi Touré ou la désignation qui fait grincer des dents
Le choix d’Aminata Touré, surnommée « Mimi », pour diriger la coalition présidentielle suscite l’incompréhension et même, la colère, au sein du Pastef et parmi les militants de la base. Ancienne Première ministre et directrice de campagne de Macky Sall, son arrivée est perçue par beaucoup comme une trahison des valeurs du mouvement qui a porté Diomaye et Sonko au pouvoir. Mais le haut représentant du président de la République qui est loin de se laisser intimider, lance immédiatement un processus de restructuration de la coalition et annonce avoir reçu plus de 216 lettres d’engagement. Plus de 300 mouvements et 320 maires sont prêts à rejoindre la plateforme sous sa direction.
Mais cette offensive provoque le choc avec plusieurs partis et mouvements politiques qui demandent leur retrait pur et simple de la nouvelle mouture de la coalition, refusant d’être associés à l’initiative conduite par l’ancien premier ministre sous Macky Sall.
Abdourahmane Diouf : la voix discordante du gouvernement
Mais cette offensive provoque le choc avec plusieurs partis et mouvements politiques qui demandent leur retrait pur et simple de la nouvelle mouture de la coalition, refusant d’être associés à l’initiative conduite par l’ancien premier ministre sous Macky Sall.
Abdourahmane Diouf : la voix discordante du gouvernement
Autre figure qui illustre les tensions internes au régime : Abdourahmane Diouf. Nommé ministre de l’Environnement et de la Transition Écologique lors du remaniement de septembre, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation s’est rapidement engagé à faire du Sénégal un leader de la diplomatie environnementale. Mais en octobre dernier, le ministre par ailleurs président du parti Awalé, lance un appel solennel au chef de l’État lors de l’anniversaire de son mouvement politique, pour qu’il assume pleinement ses responsabilités en matière de réconciliation nationale.
La réaction ne se fait pas attendre. Le secrétaire général du Pastef, Ayib Daffé, lors d’une émission sur la Rts, rappelle sèchement le principe de solidarité gouvernementale et suggère que si le ministre n’est plus en phase avec la vision du projet, il devrait tirer les conséquences de ses déclarations.
Un pouvoir face à ses contradictions
La réaction ne se fait pas attendre. Le secrétaire général du Pastef, Ayib Daffé, lors d’une émission sur la Rts, rappelle sèchement le principe de solidarité gouvernementale et suggère que si le ministre n’est plus en phase avec la vision du projet, il devrait tirer les conséquences de ses déclarations.
Un pouvoir face à ses contradictions
L’année 2025 révèle un paysage politique sénégalais en pleine recomposition. Visiblement, les alliances qui semblaient inébranlables pendant la conquête du pouvoir se fissurent au contact de son exercice. Alors, comment coexister durablement au sommet de l’État lorsqu’on partage le même pouvoir mais pas nécessairement la même approche de son exercice ?
Entre le président Diomaye Faye, qui semble vouloir élargir sa base politique (même s’il n’a pas publiquement réagi) en intégrant des figures de l’ancien régime, et le Premier ministre Ousmane Sonko, attaché à la préservation de la ligne idéologique du Pastef, les divergences ne cessent de s’accentuer.
L’avenir dira si ce tandem, qui a suscité tant d’espoirs lors de son accession au pouvoir, saura surmonter ces turbulences ou si le Sénégal s'achemine vers une nouvelle période d’instabilité politique.
Entre le président Diomaye Faye, qui semble vouloir élargir sa base politique (même s’il n’a pas publiquement réagi) en intégrant des figures de l’ancien régime, et le Premier ministre Ousmane Sonko, attaché à la préservation de la ligne idéologique du Pastef, les divergences ne cessent de s’accentuer.
L’avenir dira si ce tandem, qui a suscité tant d’espoirs lors de son accession au pouvoir, saura surmonter ces turbulences ou si le Sénégal s'achemine vers une nouvelle période d’instabilité politique.
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