« Mi-figue mi-raisin, les sacrifices consentis n’ont pas donné les résultats escomptés »: Ces propos qui ont valu à Ibrahima Ndiaye une sanction du PRP


Invité du Grand Jury sur la RFM ce dimanche, Ibrahima Ndiaye, responsable politique du Parti Républicain pour le Progrès (PRP), enseignant à l’université de Dakar, n’a pas mâché ses mots. Dans un discours à la fois introspectif et critique, il a livré une analyse sans concession de la gouvernance actuelle, tout en interpellant l’ensemble de la classe politique et intellectuelle sénégalaise. « Les sacrifices consentis n’ont pas donné les résultats escomptés », a d’emblée déclaré Ibrahima Ndiaye qui tend à résumer son sentiment sur les vingt mois écoulés depuis l’arrivée au pouvoir de la coalition au sein de laquelle évolue le PRP.

 

Entre 2021 et 2024, le responsable politique affirme s’être battu pour des convictions fortes notamment, pour l’État de droit, la lutte contre la vie chère et une transformation économique privilégiant une approche plus introvertie que extravertie. « On s’est battu pour les principes, pour l’État de droit. C’est un combat chez moi », a-t-il insisté. Toutefois, le bilan reste nuancé. Si certaines avancées ont pu être enclenchées, Ndiaye reconnaît des échecs patents, notamment dans les choix d’hommes aux postes de responsabilité. « C’est un problème de choix d’homme, très souvent, dans lequel on a réellement péché », a-t-il admis, évoquant des personnes placées à des postes stratégiques qui ne connaissent pas les enjeux de l’heure et dont la simple signature peut bouleverser une entreprise qui a fait un quart de siècle. 

 

La raillerie politique, un poison pour la nation

 

Absent des plateaux télévisés pendant près de 20 mois, Ibrahima Ndiaye justifie ce retrait par le climat délétère qui régnait selon lui dans le débat public. « Ce n’était pas une période d’écoute. C’est de la raillerie politique, aucun sens. Ça ne va nulle part », a-t-il déclaré. Pour lui, il est urgent de se recentrer sur ce qui importe le plus et de mettre fin aux querelles stériles. « Ce qui est fait est fait. Le vin est versé, il faut passer à autre chose », considère t-il appelant à une attitude plus constructive de la part de tous les acteurs politiques.

 

L’une des charges les plus fortes d’Ibrahima Ndiaye a visé l’élite intellectuelle sénégalaise, qu’il accuse de démission. Le responsable du PRP estime que ces intellectuels portent une responsabilité historique : « Devant Dieu et les hommes, ils vont rendre compte. Parce que si ce pays-là passe de l’autre côté, ils sont responsables aussi. » Il a également fustigé le fait que beaucoup de personnes « bardées de diplômes » ne sont pas pour autant des sachants rappelant que le diplôme ne fait pas la connaissance. Un appel à l’engagement citoyen qu’il étend à toutes les catégories sociales : « du vendeur de cacahuètes au président de la République, tout le monde est responsable. »

 

Interrogé sur les tensions apparues entre le président de la République et son Premier ministre, Ibrahima Ndiaye a qualifié la situation d’inédite tout en affirmant sa conviction qu’elle peut être dépassée. « Mieux vaut une paix bancale que la guerre », a-t-il considéré. Pour lui, les responsables doivent adopter trois attitudes notamment : éviter les réactions épidermiques, avoir une vision proactive, et développer une vision à 360° pour mesurer l’impact de leurs décisions sur l’ensemble du territoire national.

 

Concernant l’émergence de la coalition Diomaye président, perçue par certains comme un facteur de division, Ndiaye a préféré s’en tenir au « factuel ». Sur la position de son parti, Ibrahima Ndiaye se veut clair : « Je suis pour la République. Je suis pour le Sénégal. Le PRP en tant que tel, c’est un parti politique, mais la République est au-dessus du parti. »

Il a confirmé l’alliance du PRP avec le Pastef, expliquant que cette décision avait été prise par le comité du parti qui avait identifié le Pastef comme le compagnon naturel avec qui nous avons beaucoup plus d’affinités électives. Le ralliement de Déthié Fall, président du PRP, lors des législatives s’inscrivait dans cette logique : « Vous ne pouvez pas cheminer pendant plus de trois ans et laisser les initiateurs derrière.”

 

En conclusion de son intervention, le Secrétaire national aux Finances du PRP a lancé un appel solennel à la responsabilité collective. « Si on va vers le mur, tout le monde va y aller. Personne ne sera indemne », a-t-il averti.

Avec 40 mois de mandat encore à courir sur les 60 initiaux, Ibrahima Ndiaye estime qu’il est encore temps de redresser la barre, à condition que chacun assume ses responsabilités : « Si à ce niveau de responsabilité nous ne pouvons pas taire les querelles et aller à l’essentiel, c’est que vraiment il y a un problème », a-t-il prévenu. 

 

Pour rappel, c’est au terme de ces déclarations sur la Rfm que Ibrahima Ndiaye a été destitué de son poste de Secrétaire national chargé des Finances et de la Logistique du PRP. 

Lundi 29 Décembre 2025
Dakaractu



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