
Le secteur de la viande, au cœur de notre patrimoine et de notre économie, est aujourd’hui à un tournant décisif. L’Association des Professionnels de la Viande du Sénégal (APROVIS) prend la parole pour porter un message clair : une réforme structurante et ambitieuse de la filière viande s’impose.
Un potentiel sous-exploité
La SOGAS, ex-SÉRAS, située à Pikine, constitue une véritable pépite en termes d’emplois et de développement local. Actuellement sous-exploitée et mal gérée, cette structure pourrait générer plus de 2 000 emplois directs et durables pour les jeunes, en plus de favoriser l’auto-emploi et de contribuer à une meilleure distribution de la viande à travers le pays. Sa modernisation pourrait également désengorger Dakar et créer de véritables pôles de développement économique dans les banlieues.
Un enjeu de santé publique
Les conditions d’abattage et de traitement de la viande au Sénégal ne répondent pas aux normes sanitaires modernes. La réforme de la SOGAS serait un moyen de garantir la traçabilité des produits carnés, de respecter les normes d’hygiène et de protéger la santé publique. Un tel pas est indispensable pour restaurer la confiance des consommateurs et éviter de futures crises sanitaires.
Souveraineté alimentaire et indépendance économique
Dans un contexte mondial marqué par des crises alimentaires et économiques, le Sénégal ne peut se permettre de rester dépendant des importations. Nous devons prendre le contrôle de notre filière viande, moderniser nos infrastructures d’abattage, de transformation et de conservation, et surtout investir dans la chaîne du froid. Le pays doit se positionner comme un acteur majeur de la production et de l’exportation de viande en Afrique de l’Ouest, à l’instar des leaders régionaux comme le Maroc ou la Côte d’Ivoire.
Reconnaissance et justice sociale
Le secteur de la viande, bien qu’essentiel, a toujours été laissé pour compte. Les professionnels de la filière, souvent invisibles et marginalisés, n’ont jamais bénéficié d’une politique publique digne de ce nom. Pourtant, ils nourrissent chaque jour des millions de Sénégalais et portent un savoir-faire ancestral. Il est grand temps que ces travailleurs, de la production à la vente, soient reconnus et accompagnés dans leur développement.
Environnement et développement durable
Une réforme de la SOGAS doit aussi intégrer les enjeux environnementaux. Avec une gestion éco-responsable des abattoirs et des installations, nous pourrions non seulement réduire la pollution et mieux gérer les déchets, mais aussi produire du biogaz et de l’engrais organique. L’avenir de la filière viande doit s’inscrire dans une démarche durable, respectueuse de l’environnement.
Une gouvernance à repenser
La réforme de la filière viande passe également par une refonte totale de la gouvernance. Nous demandons à l’État un audit indépendant de la SOGAS, suivi de la mise en place d’une gestion transparente et participative, associant les acteurs de terrain à chaque étape. Il est impératif de créer un partenariat public-privé solide, avec des conseils de filière mixtes qui intègrent les véritables enjeux du secteur.
Conclusion : Une réforme nécessaire ou une crise imminente
Le statu quo n’est plus une option. Si nous ne nous engageons pas dès maintenant dans une réforme courageuse et ambitieuse, nous continuerons à subir les crises sanitaires, économiques et sociales liées à une filière laissée pour compte. L’APROVIS et ses membres sont prêts. Le terrain est prêt. Il est temps d’agir pour un avenir plus juste, plus durable et plus souverain pour notre filière viande et pour tout le Sénégal.
Sidy Saloum FALL
Président de l’APROVIS
Enfant de la filière – Petit-fils et fils de bouchers – Militant d’un renouveau
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