Parmi les nombreux dispositifs mis en place pour soutenir l’emploi et l’entrepreneuriat au Sénégal, le programme « Xëyu Ndaw Yi » a été perverti par une mafia bien organisée, au cœur de laquelle se mêlent usurpation d’identité, escroquerie financière et manipulation de personnes vulnérables. C’est ce que révèle le quotidien Libération, dans une enquête glaçante dévoilée ce mardi, basée sur les investigations menées par la Section de recherches (SR) de Dakar.
Après l’enquête préliminaire menée à Thiès, c’est au tour de la SR de Dakar de frapper fort. Plusieurs individus ont été déférés au parquet de Dakar pour association de malfaiteurs, escroquerie, complicité d’escroquerie et détournement de prêts garantis par l’État. Parmi eux : Abdou Seck alias Abdou Mati Seck, Ndèye Sarr, Ndiaw Kane, Ndoumbé Seck et Marèma Niang.
Un mécanisme bien ficelé, des prêts détournés
À l’origine de l’affaire, une plainte de l’Union des Caisses du Crédit Mutuel du Sénégal (UCCMS). L’institution avait signé, le 21 avril 2021, une convention avec le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) pour permettre le financement de projets portés par de jeunes entrepreneurs, notamment des femmes, dans le cadre du programme présidentiel « Xëyu Ndaw Yi ».
Mais derrière la bonne intention, une machination sophistiquée s’est mise en place. Des personnes, souvent issues de milieux modestes et ignorantes des rouages bancaires, ont été utilisées comme prête-noms pour contracter de faux prêts. Les fonds ainsi retirés étaient systématiquement remis à de véritables cerveaux de la fraude, contre quelques miettes.
« Je ne savais même pas que c’était un prêt »
Les témoignages recueillis par la SR sont édifiants. Ndèye Sarr, habitante de Yeumbeul, explique comment elle s’est retrouvée, à son insu, au cœur d’une escroquerie de plusieurs millions :
« Pendant que je nettoyais la cour, Abdou Mati Seck est venu me dire qu’il avait besoin de ma pièce d’identité pour aider un parent à retirer de l’argent. Il ne m’a jamais dit que c’était un prêt. »
Ce n’est qu’à la SR qu’elle apprendra que les 3 millions de FCFA retirés étaient un crédit contracté en son nom. Elle n’a jamais vu la couleur de l’argent, si ce n’est les 30 000 FCFA que lui a laissés Abdou Mati Seck. Pire, il lui aurait ensuite conseillé de changer de numéro de téléphone pour échapper aux relances du Crédit Mutuel.
Sa mère, Marèma Dieng, avoue à son tour avoir fait de même :
« Nous avons retiré 6 millions, remis à Abdou Mati Seck. Il m’a donné aussi 30 000 FCFA. »
Un système bien rodé, des complices multiples
L’autre mode opératoire découvert par la SR est tout aussi inquiétant. Ndoumbé Seck a, sur recommandation de Ndiaw Kane, présenté sa pièce d’identité et un certificat de résidence à l’agence du Crédit Mutuel des Parcelles Assainies. Elle a reçu 3,6 millions FCFA, qu’elle a remis en totalité à Kane, ne gardant que 250 000 FCFA.
Abdou Mati Seck, interpellé à Yeumbeul, a confirmé tous les faits. Il déclare avoir été recruté par son cousin, Ndiaw Kane, pour participer à cette opération frauduleuse. Il confesse aussi avoir recruté d’autres personnes — dont Ndèye Sarr et Marèma Niang — pour monter d’autres dossiers fictifs. En échange, il recevait une commission sur chaque retrait.
Le cousin dénonce un ancien ambassadeur
Mis devant les déclarations accablantes de ses complices, Ndiaw Kane nie en bloc. Il renvoie la balle à un certain Dia, . Kane prétend que c’est Dia qui pilotait l’opération et avait pris contact avec les fausses bénéficiaires.
Mais les gendarmes ne sont pas dupes. Les réquisitions téléphoniques montrent que le téléphone de Ndiaw Kane a borné près de l’agence des Parcelles le jour même où les fonds ont été retirés. Une présence que l’intéressé ne parvient pas à justifier.
Des prêts jamais remboursés, des institutions trompées
Les montants en jeu sont colossaux, les remboursements inexistants. Le Crédit Mutuel du Sénégal se retrouve face à des impayés massifs, alors que les « bénéficiaires » officiels n’étaient au courant de rien, ou presque. Une fraude systémique qui fragilise non seulement l’institution bancaire, mais aussi la crédibilité du programme « Xëyu Ndaw Yi ».
Après l’enquête préliminaire menée à Thiès, c’est au tour de la SR de Dakar de frapper fort. Plusieurs individus ont été déférés au parquet de Dakar pour association de malfaiteurs, escroquerie, complicité d’escroquerie et détournement de prêts garantis par l’État. Parmi eux : Abdou Seck alias Abdou Mati Seck, Ndèye Sarr, Ndiaw Kane, Ndoumbé Seck et Marèma Niang.
Un mécanisme bien ficelé, des prêts détournés
À l’origine de l’affaire, une plainte de l’Union des Caisses du Crédit Mutuel du Sénégal (UCCMS). L’institution avait signé, le 21 avril 2021, une convention avec le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) pour permettre le financement de projets portés par de jeunes entrepreneurs, notamment des femmes, dans le cadre du programme présidentiel « Xëyu Ndaw Yi ».
Mais derrière la bonne intention, une machination sophistiquée s’est mise en place. Des personnes, souvent issues de milieux modestes et ignorantes des rouages bancaires, ont été utilisées comme prête-noms pour contracter de faux prêts. Les fonds ainsi retirés étaient systématiquement remis à de véritables cerveaux de la fraude, contre quelques miettes.
« Je ne savais même pas que c’était un prêt »
Les témoignages recueillis par la SR sont édifiants. Ndèye Sarr, habitante de Yeumbeul, explique comment elle s’est retrouvée, à son insu, au cœur d’une escroquerie de plusieurs millions :
« Pendant que je nettoyais la cour, Abdou Mati Seck est venu me dire qu’il avait besoin de ma pièce d’identité pour aider un parent à retirer de l’argent. Il ne m’a jamais dit que c’était un prêt. »
Ce n’est qu’à la SR qu’elle apprendra que les 3 millions de FCFA retirés étaient un crédit contracté en son nom. Elle n’a jamais vu la couleur de l’argent, si ce n’est les 30 000 FCFA que lui a laissés Abdou Mati Seck. Pire, il lui aurait ensuite conseillé de changer de numéro de téléphone pour échapper aux relances du Crédit Mutuel.
Sa mère, Marèma Dieng, avoue à son tour avoir fait de même :
« Nous avons retiré 6 millions, remis à Abdou Mati Seck. Il m’a donné aussi 30 000 FCFA. »
Un système bien rodé, des complices multiples
L’autre mode opératoire découvert par la SR est tout aussi inquiétant. Ndoumbé Seck a, sur recommandation de Ndiaw Kane, présenté sa pièce d’identité et un certificat de résidence à l’agence du Crédit Mutuel des Parcelles Assainies. Elle a reçu 3,6 millions FCFA, qu’elle a remis en totalité à Kane, ne gardant que 250 000 FCFA.
Abdou Mati Seck, interpellé à Yeumbeul, a confirmé tous les faits. Il déclare avoir été recruté par son cousin, Ndiaw Kane, pour participer à cette opération frauduleuse. Il confesse aussi avoir recruté d’autres personnes — dont Ndèye Sarr et Marèma Niang — pour monter d’autres dossiers fictifs. En échange, il recevait une commission sur chaque retrait.
Le cousin dénonce un ancien ambassadeur
Mis devant les déclarations accablantes de ses complices, Ndiaw Kane nie en bloc. Il renvoie la balle à un certain Dia, . Kane prétend que c’est Dia qui pilotait l’opération et avait pris contact avec les fausses bénéficiaires.
Mais les gendarmes ne sont pas dupes. Les réquisitions téléphoniques montrent que le téléphone de Ndiaw Kane a borné près de l’agence des Parcelles le jour même où les fonds ont été retirés. Une présence que l’intéressé ne parvient pas à justifier.
Des prêts jamais remboursés, des institutions trompées
Les montants en jeu sont colossaux, les remboursements inexistants. Le Crédit Mutuel du Sénégal se retrouve face à des impayés massifs, alors que les « bénéficiaires » officiels n’étaient au courant de rien, ou presque. Une fraude systémique qui fragilise non seulement l’institution bancaire, mais aussi la crédibilité du programme « Xëyu Ndaw Yi ».
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