Loi sur le parrainage : Controverse entre l’opposition et le pouvoir sur la force probante de l’ordonnance rendue par la Cour de justice de la CEDEAO.


La décision rendue par la Cour de justice de la CEDEAO sur la loi portant parrainage, divise les acteurs politiques. En effet, dans une ordonnance rendue, la Cour de justice de la CEDEAO demande à l’État du Sénégal de retirer la loi sur le parrainage dans les six mois qui suivent sa décision. Cela suite à un recours déposé par Me Abdoulaye Tine, président du parti l’Union sociale libérale. 

 

Une décision qui divise toutefois les acteurs politiques de l’opposition et du pouvoir. Si d’aucuns saluent une victoire acquise pour la marche démocratique du pays, d’autres contestent et remettent en cause les compétences de l’institution sous régionale pour rendre une telle décision.

 

Cheikh Bamba Dièye : « Notre démocratie est devenue une caricature qui donne au président de la République tous les droits »

 

Pour Cheikh Bamba Dièye, cette décision rendue par la Cour de justice de la CEDEAO ne devrait étonner personne, car le Sénégal a perdu ses réflexes de sûreté électorale. « Notre démocratie est devenue caricaturale en donnant au président de la République tous les droits. Un pouvoir démocratique décide aujourd’hui seul de la date des élections, de qui peut ou doit participer aux joutes électorales », regrette le leader de FSD/BJ.

L’ancien maire de Saint-Louis assimile la loi sur le parrainage à un braquage électoral. 

 

« Le parrainage, le fichier, le conseil constitutionnel, comme la justice dans la traque de l’opposition etc. sont là pour consacrer un braquage électoral permanent. Ce désaveu de la Cour de justice de la CEDEAO est le signal que nous avons tous une mission, celle de sauver notre pays et de faire barrage contre le machiavélisme politicien dont la finalité est de détruire tout ce que d’âpres combats démocratiques ont construit dans ce pays avec le prix du sang », soulignera encore le député.

 

Abdoul Mbaye : « La présidentielle de 2019 est entachée de graves irrégularités »

 

Abondant dans le même ordre d’idées que le député Cheikh Bamba Dièye, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye qui fait partie des victimes de cette loi sur le parrainage à la présidentielle du 24 Février 2019, salue l’ordonnance rendue par l’institution sous régionale et conteste la légitimité du président Macky Sall élu sur la base de cette loi sur le parrainage. «Il faut rappeler que le recours contre le parrainage a été introduit avant l’élection présidentielle de 2019. Cette dernière est donc entachée de graves irrégularités dès lors que le principe de libre participation à l’élection n’a pas été respecté. L’illégitimité est prouvée », peste le leader du parti ACT.

 

Si l’opposition crie d’ores et déjà victoire et remet en cause la légitimité du président Macky Sall, la mouvance présidentielle reste très sceptique par rapport à cette décision rendue par la Cour de justice de la CEDEAO. L’avocat de l’État du Sénégal, Me Ousmane Sèye et son camarade Benoit Sambou, s’indignent et rejettent cette ordonnance.

 

Me Ousmane Sèye : « La Cour n’a pas cette compétence»

 

Pour l’avocat de l’État du Sénégal, une loi régulièrement votée par les députés, la cour de justice de la CEDEAO n’a pas les prérogatives d’une telle demande. « La Cour n’a pas cette compétence-là et quand je serai en possession de l’arrêt, je me rendrai compte qu’elle n’a pas dit exactement cela », a répliqué l’avocat aux acteurs de l’opposition.

 

Par ailleurs, Me Ousmane Sèye doute du sens de cet arrêté, car pour lui la CEDEAO ne peut pas demander de supprimer une loi organique votée en application de la constitution sénégalaise.

 

« Si tel est le cas, ce serait un excès de pouvoir. La CEDEAO a toujours mis en avant la souveraineté des pays, raison pour laquelle il est impossible de donner des injonctions aux pays ».

 

Embouchant la même trompette que son camarade de coalition BBY, le membre du collectif des cadres casamançais Benoît Sambou s’interroge sur quel base la CEDEAO peut imposer au Sénégal une certaine marche ? 

 

« J’aimerais juste savoir sur quoi se fonde la CEDEAO pour donner de telles injections au Sénégal. Il n’y a pas besoin pour rappeler la souveraineté du Sénégal et donc de quel droit elle peut nous imposer une certaine marche », lâche le président national du dialogue des territoires.

 

Benoît Sambou qui dit ne pas douter de l’indépendance du Sénégal, dit être surpris et indigné par la position de la CEDEAO dans cette affaire, car pour lui, le Sénégal est assez indépendant pour pouvoir gérer ses lois et règlements. « Le Sénégal ne saurait recevoir aucune injonction d’aucun pays et d’aucune organisation. Le parrainage a été validé par les acteurs politiques. L’État ne fait que boucler la boucle avec la présentation de la loi pour son adoption à l’Assemblée nationale. En plus, elle a permis au Sénégal de s’épargner des recours après la présidentielle... »

Jeudi 29 Avril 2021




Dans la même rubrique :