Journée nationale de mobilisation des investisseurs: Vers une industrie de défense 100 % sénégalaise …


Dans un discours percutant prononcé lors de la Journée nationale de mobilisation des investisseurs pour l’industrie de défense, le général Birame Diop, ministre des Forces armées, a lancé un vibrant appel au secteur privé sénégalais. Pour lui, dépendre massivement des importations militaires constitue une vulnérabilité stratégique inacceptable : « notre sécurité, notre liberté d’action, notre souveraineté sont en jeu », a-t-il martelé. Cette prise de parole s’inscrit dans une vision ambitieuse, celle d’une « autonomie stratégique » reposant sur une production endogène d’équipements militaires (conception, fabrication, maintenance) plutôt que sur des importations fragilisées par des chaînes d’approvisionnement instables.

 

Au cœur de ce plan, dévoilé en présence du chef d’état-major général des Armées, du Haut-commandant de la gendarmerie, de chercheurs et d’investisseurs, figure une proposition claire : transformer la défense en un « véritable levier de croissance, d’emploi et d’innovation ». Le ministre a mis en avant des projets déjà labellisés au Prix du Président de la République portés par des ingénieurs sénégalais, en insistant sur la nécessité d’industrialiser ces innovations.

 

Mais loin d’être un simple discours mobilisateur, cette journée est surtout l’annonce d’un retournement stratégique majeur : l’État s’engage à sécuriser juridiquement et financièrement les investissements, à protéger la propriété intellectuelle et à mettre en place des zones industrielles dédiées, en partenariat public-privé. Le FONSIS et la future Agence nationale de l’industrie de défense sont cités comme des instruments clés de ce plan.

 

Cette ambition fait écho aux injonctions du chef de l’État lui-même, qui, lors d’un récent Conseil des ministres, a demandé d’accélérer le plan de développement de cette industrie militaire stratégique.

 

Cette initiative pourrait bien redéfinir la souveraineté sénégalaise : en investissant dans ses propres capacités, le Sénégal ne vise pas seulement à sécuriser ses forces armées, mais aussi à stimuler l’innovation technologique et à créer des emplois hautement qualifiés. Toutefois, la route est encore longue : il faudra transformer les prototypes en produits, convaincre les investisseurs de s’engager sur le terrain de la défense, et assurer un encadrement rigoureux pour protéger les technologies sensibles. L’enjeu dépasse la simple sécurité : il s’agit de faire de l’industrie de défense un pilier du développement national.

Jeudi 20 Novembre 2025
Karim Ndiaye



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