GUINÉE-BISSAU : Le Front populaire s’inquiète de la non-fixation de la date de la présidentielle par Sissoco Embalo


La date de l’élection présidentielle n’a toujours pas été fixée à ce jour. Aucun acte préparatoire en vue du scrutin n’a été engagé par le président sortant, Umaro Sissoco Embalo. Cette situation préoccupe fortement le Front populaire, dirigé par Armando Lona Nhinda et ses alliés, qui exigent que la date du prochain scrutin présidentiel soit annoncée sans délai. Dans ce contexte, la CEDEAO restera-t-elle silencieuse, comme elle l’a fait lors des crises liées aux mandats d’Alpha Condé en Guinée et d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire ? Et si Embalo choisissait de "faire le mort" à la fin de son mandat ?  

Dans 23 jours, le mandat du président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, arrivera à son terme. Élu le 27 février 2020, Embalo, âgé de 52 ans, achèvera son mandat de cinq ans dans un peu plus de trois semaines. Pourtant, jusqu’à présent, aucune indication officielle n’a été donnée par le palais présidentiel concernant cette échéance cruciale.  

« À 24 jours de cette échéance, aucun acte sérieux n’a été posé en vue de l’élection présidentielle », déplore le Front populaire dans un communiqué publié ce lundi. Les signataires du texte soulignent que « la date du futur scrutin n’est pas connue », une situation qu’ils qualifient de « manœuvres dangereuses de la part d’Embalo et de son régime ». Ils y voient une « provocation envers le peuple bissau-guinéen », appelant à un « sursaut patriotique » pour contrecarrer ce qu’ils considèrent comme une tentative de « coup d’État constitutionnel ».  

Le Front populaire exprime également son inquiétude face au climat politique actuel dans le pays. Deux institutions clés, la Cour suprême de justice et l’Assemblée nationale, ont été envahies par les forces de sécurité, ce qui, selon le Front, compromet la crédibilité de leurs actions. « Face à cette situation et considérant que le mandat présidentiel en cours s’achèvera sans équivoque le 27 février 2025, et qu’aucune date n’a été fixée pour la tenue de l’élection présidentielle conformément à la Constitution, la vacance du siège présidentiel ne fait plus de doute à partir du 28 février à 00h00 », avertit le communiqué.  

Le Front populaire met en garde contre les conséquences de cette vacance : « L’ensemble de l’édifice étatique sera plongé dans une situation de caducité et d’intérim, déjà en vigueur au sein de la Cour suprême, de l’Assemblée nationale, du gouvernement et de la Commission nationale électorale. »  

Le communiqué appelle à « rejeter une fois de plus le régime autocratique et dictatorial en place », exigeant que le président quitte immédiatement le pouvoir à partir du 28 février 2025 à minuit, si l’élection présidentielle n’est pas organisée conformément à la Constitution. Il invite également « toutes les forces patriotiques nationales à se concerter en vue d’une large convergence nationale pour la période postérieure au 27 février, date de la fin du mandat présidentiel actuel ».  

Le Front populaire alerte les organisations internationales, en particulier la CEDEAO, sur les risques que l’entêtement du régime d’Embalo pourrait faire courir au pays et à la région ouest-africaine. Il met également en garde les forces de défense et de sécurité contre leur instrumentalisation pour des « objectifs inavoués », visant à perpétuer des illégalités et à saper les fondements de la démocratie et de l’État de droit.  

La situation politique en Guinée-Bissau place la CEDEAO sous les projecteurs. L’organisation régionale est appelée à faire respecter les dispositions constitutionnelles dans un pays où ses forces sont encore déployées. Après le départ du Niger, du Mali et du Burkina Faso, la CEDEAO se trouve dans une position délicate. Fermer les yeux sur cette affaire reviendrait à légitimer les critiques des États ayant quitté l’organisation.  

Par le passé, la CEDEAO est restée silencieuse face aux troisièmes mandats controversés d’Alpha Condé et d’Alassane Ouattara. Embalo peut-il compter sur la même indulgence de la part de ses pairs ? Au vu de la sérénité affichée par le président bissau-guinéen, tout porte à croire que oui.
Mercredi 5 Février 2025
Madou Diallo



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