ENTRETIEN AVEC MOUSSA DIAW / Gouvernement de politiques ou de technocrates : L'enseignant chercheur en science politique à l'UGB dissipe les nuages du Macky.

La mise en place de l’attelage gouvernemental aiguise les appétits de la population qui attend avec la plus grande impatience l’ultime gouvernement du président Sall avant la présidentielle de 2024. Pour les 18 mois qui restent avant la présidentielle de février 2024, le président de la République a du pain sur la planche, car le gouvernement qu’il va nommer les jours à venir aura la tâche de porter ce lourd fardeau. Ainsi, nous avons consulté Moussa Diaw, enseignant chercheur en science politique à l’université Gaston Berger de Saint-Louis pour scruter le ciel nuageux du palais de la République, pour élaborer le profil du gouvernement qui sera nommé dans le Macky.


ENTRETIEN AVEC MOUSSA DIAW / Gouvernement de politiques ou de technocrates : L'enseignant chercheur en science politique à l'UGB dissipe les nuages du Macky.
Le pouvoir a beaucoup perdu du terrain mais aussi en crédibilité parce que les citoyens ont sanctionné une politique

« Ça ne sera pas facile pour lui. Les résultats des législatives et des locales n’ont pas été à la hauteur de leurs espérances. Le pouvoir a beaucoup perdu du terrain et aussi de crédibilité parce que les citoyens ont sanctionné une politique. Le fait de présenter le bilan du président Macky Sall lors de ces joutes a été contre-productif parce que les résultats ont été mauvais. Il faut décrypter les messages qui ont été exprimés. Maintenant il faudra tirer des leçons et faire une bonne analyse des messages qui ont été exprimés pour répondre à ces demandes. »
 
Il faudrait que le président de la République prenne de la hauteur pour tirer des leçons idoines

« C’est un enjeu important pour le président de la République aussi bien pour le choix du chef du gouvernement que pour l’élection du président de l’Assemblée nationale. Ce qui veut dire que nous sommes dans une période compliquée pour le président de la République. Ce qui explique cette lenteur qui tire en longueur. Il est dans la difficulté de choisir une personne qu’il faudra pour redresser la situation pendant le temps qui reste pour lui. Il lui faudra répondre, comprendre le message. Il faudrait que le président de la République prenne de la hauteur pour tirer des leçons idoines aux citoyens qui se sont exprimés. »
 
Le profil du Premier ministre ne doit pas être politique

« Il lui faut un Premier ministre capable de diriger une équipe, ayant une capacité d’équipe et aussi négociateur parce que le contexte politique exige qu'il y ait des négociations, des échanges profonds entre la majorité et l’opposition. À ce rythme, il y a plusieurs forces au niveau de l’Assemblée nationale. Le paysage politique est très complexe compte tenu des rapports de force et de la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale. Le profil ne doit pas être politique. Le président n’est pas dans une logique de se représenter parce que la constitution est très claire là-dessus : « Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ». 
 
C’est la compétence, la capacité d’écoute et puis l’ouverture

« Donc il n’a pas de marge de manœuvre. C’est la compétence, la capacité d’écoute et puis l’ouverture. Un gouvernement resserré serait meilleur parce qu’on est habitué à choisir un gouvernement pléthorique pour des pratiques clientélistes. Il s’agit de finir un mandat. Il s’agit de répondre efficacement aux demandes sociales. Dieu sait que les sénégalais souffrent énormément de la cherté de la vie, de la pauvreté, des inondations sans oublier la problématique de l’emploi. Ces jeunes sont partiellement impliqués dans les politiques publiques. » 
 
Un gouvernement resserré avec moins de 20 ministres serait meilleur

« Donc un gouvernement resserré, un gouvernement efficace ou les ministres sont à l’écoute des citoyens, des ministres qui ont des compétences dans les secteurs qu’on leur confie, la capacité de répondre efficacement aux attentes de la population : compétence, technicité, capacité d’écoute, dynamisme et marge de manœuvre surtout transparence dans leurs différentes interventions et dépenses financières. Et au sein des ministères, une équipe resserrée, dynamique. L’obligation de résultat est inéluctable. Un gouvernement autour de 20 ministres. »
 
C’est la majorité qui doit dérouler son programme jusqu’à la fin du mandat du président de la République

« On n’a pas besoin de gouvernement d’ouverture. Il faut qu’il finisse son mandat. On n’est pas dans une situation politique tendue. C’est la majorité qui doit dérouler son programme jusqu’à la fin du mandat du président de la République. À mon avis, ça ne sert absolument à rien de faire un gouvernement d’ouverture parce qu’on n’est pas dans une crise et le président est en fin de mandat. Il y a des ministres qu’on n’entend jamais d’ailleurs, qui fuient les débats. Par contre il faut des ministres capables d’expliquer aux citoyens, des ministres qui agissent et non pas des discours. On n’a pas besoin de démagogie. On a besoin de gens efficaces. Par exemple dans le domaine du commerce, réduire considérablement les prix des produits de première nécessité, qui pourraient améliorer les conditions de vie des populations. C’est fondamental parce que les Sénégalais souffrent et personne ne leur vient en aide. On ne leur tient qu’un discours rassurant. Les prix montent considérablement. C’est comme s’il n’y a pas de ministre ou d’agent de contrôle. C’est comme si les sénégalais étaient laissés pour leur compte… les citoyens ont besoin d’être rassurés. »
 
Mardi 30 Août 2022




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