Crise de la dette / Sénégal – FMI : entre FMI et souveraineté, le Sénégal joue sa survie économique … un bras de fer autour de la restructuration de la dette ?


Selon REUTERS , Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé, mardi 11 novembre, avoir discuté avec les autorités sénégalaises de plusieurs pistes pour faire face à la vulnérabilité croissante de la dette publique du pays, tout en rappelant que la décision finale de restructurer ou non la dette revient exclusivement au gouvernement de Dakar.
 
Cette déclaration intervient dans un climat économique tendu. Le FMI avait gelé un programme d’aide de 1,8 milliard de dollars l’an dernier, après la révélation par le nouveau gouvernement de dettes cachées estimées aujourd’hui à plus de 11 milliards de dollars.
 
Sonko défie le FMI
 
Le Premier ministre Ousmane Sonko, fidèle à son discours souverainiste, a révélé ce week-end que les responsables du FMI poussaient à une restructuration de la dette sénégalaise — une option qu’il a rejetée fermement.
« Nous n’accepterons pas une restructuration imposée », a-t-il déclaré, une position qui a immédiatement provoqué une chute des obligations internationales du Sénégal, en particulier celles arrivant à échéance en 2031 et 2028.
 
Les titres sénégalais ont poursuivi leur dégringolade mardi :
•  L’obligation 2031 a reculé de 0,7 cent sur le dollar, à 71,77 cents,
•  Tandis que l’euro-obligation 2028 a perdu 0,65 centime d’euro, à 79, selon les données de Tradeweb.
 
Une situation budgétaire critique
 
Le gouvernement tente de contenir un déficit budgétaire considérable, dans un contexte où la dette représente désormais 132 % du PIB.
En août dernier, Ousmane Sonko avait présenté un plan de relance économique national, promettant de financer 90 % du programme à partir de ressources internes et de limiter tout recours à l’endettement extérieur.
 
Mais cette stratégie audacieuse comporte des risques.
Selon l’analyste Stuart Culverhouse de Tellimer, « le rejet d’une restructuration limite drastiquement les options du Sénégal ; sans l’appui du FMI, le pays devra compter sur des financements domestiques et des coupes budgétaires sévères, au risque de provoquer des tensions sociales ».
 
Le spectre africain de la restructuration
 
Depuis 2020, plusieurs pays africains – Zambie, Ghana, Éthiopie – ont été contraints de réorganiser leurs dettes. Ces expériences douloureuses, marquées par des négociations interminables et des conséquences économiques lourdes, rendent aujourd’hui toute idée de restructuration « indigeste » pour les gouvernements africains.
 
Toujours selon reuters , à titre d’exemple, le Kenya, confronté à un endettement élevé, a choisi d’augmenter brutalement les impôts, déclenchant des manifestations meurtrières.
 
L’économiste Abdoulaye Ndiaye, professeur de macroéconomie et de finances publiques à la New York University, avertit :
 
« Le Sénégal ne peut pas se permettre le luxe d’attendre que toutes les réformes de gouvernance soient parfaites avant de sécuriser un nouvel accord avec le FMI. »
 
 
Mardi 11 Novembre 2025
Dakaractu



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