Crise à l’hôpital Abass Ndao : 200 millions pour sauver les soignants, mais jusqu’à quand ?

L’hôpital Abass Ndao, pilier historique du système de santé sénégalais, traverse une zone de turbulences inquiétante. Face à une dette croissante et à une masse salariale devenue insoutenable, le directeur, le professeur Demba Diedhiou, a lancé un cri du cœur poignant. Malgré un plan de régularisation de 195 agents dont 80 déjà intégrés en 2025 , l’établissement public peine à absorber la charge financière. « Nous avons déboursé 200 millions supplémentaires cette année pour ces recrutements », a-t-il confié, avant d’alerter sur le risque d’un déficit brut d’exploitation qui menace la stabilité même de l’hôpital.

Sous la tutelle du ministère de la Santé et de la Ville de Dakar dont le maire est également le président du Conseil d’administration de l’établissement, l’hôpital Abass Ndao dénonce un manque criant de subventions de fonctionnement et d’investissement. Selon le professeur Diedhiou, l’établissement n’a plus bénéficié de cette aide essentielle depuis 2003, malgré une évaluation annuelle de 800 millions de francs CFA. « Si cette situation perdure, la dette colossale de l’hôpital va s’aggraver et la charge salariale deviendra intenable », a-t-il prévenu, redoutant une instabilité sociale aux conséquences dramatiques sur la qualité des soins.

Déterminé à éviter la paralysie, le directeur appelle à un sursaut national. « L’hôpital Abass Ndao ne nous appartient pas, il appartient à l’État et au peuple sénégalais », martèle-t-il, exhortant les autorités à agir rapidement. Pour ce centre hospitalier vieux de 90 ans, reconnu pour son rôle majeur dans la santé publique, le soutien gouvernemental n’est plus une option, mais une urgence vitale. L’avenir de l’un des plus anciens hôpitaux du pays repose désormais sur la volonté politique de sauver ce symbole médical national.