Attitudes d’Abdoul Mbaye et de Thierno Alassane Sall : Quels irresponsables!


S’il ne s’agissait que de pétrole, de gaz ou de contrats de recherche, d’exploitation et de partage, sans doute, nous ferions comme la plupart des Sénégalais : écouter les vrais acteurs et les experts du secteur nous éclairer. Seulement, l’orientation que certains cherchent à donner au débat tranche d’avec la sincérité et la responsabilité que requiert un débat sur une question aussi importante que celle de la gestion des hydrocarbures. L’enquête de la chaine de télévision Bbc (même s’il y a beaucoup à redire) a le mérite d’agiter une question d’intérêt national pour un secteur qui pourrait s’avérer crucial dans l’expansion économique du Sénégal. L’auto-saisine du Procureur de la république,  pour tenter d’élucider ce qu’il est convenu aujourd’hui  d’appeler –à notre avis-, «10 milliards de dollars au centre d’un scandale», devrait normalement permettre de voir plus clair et plus juste dans cette affaire.

Il s’git avec cette saisine de la justice de situer les responsabilités, s’il y en a bien évidemment, et de désigner des coupables. On clorait ainsi définitivement ce débat, fait d’accusations et de contre accusations, tenant en haleine tout un pays depuis plusieurs semaines.  Ce serait une bouffée d’oxygène dans ce climat délétère dans lequel  les postures affichées par l’ancien Premier ministre,  Abdoul Mbaye, et l’ancien ministre de l’Energie, Thierno Alassane Sall,  si souvent au-devant sur cette question pour dénoncer les « fautes et errements supposés», interpellent.  Les interventions de ces deux personnalités nous paraissent surréalistes et incongrues sur bien des aspects. Elles suscitent curiosité auprès de  certains Sénégalais et révulsent d’autres. Eu égard aux rôles prépondérants que les deux personnages ont joué dans la question pétrolière et gazière, du temps qu’ils siégeaient au Conseil des ministres. Ils sont tout simplement disqualifiés pour en parler dans les termes qu’ils le font aujourd’hui.

Considérons un moment le cas de M. Abdoul Mbaye.  Il ne devrait certainement pas avoir le courage de fixer les Sénégalais dans le blanc des yeux en affirmant : « je suis signataire du décret, mais je suis le seul à avoir dit que ce décret est faux. J’ai dit au président de la République que c’était faux, qu’on a été trompés. Je lui ai suggéré de faire une enquête pour savoir pourquoi. Mais il ne l’a pas fait. Je lui ai demandé cela il y a trois ans. Quand j’ai quitté le gouvernement, un de vos confrères a attiré mon attention en me disant : «Monsieur le Premier ministre, vous avez signé un décret qui pose problème.C’est en 2015 que j’ai commencé à faire des investigations. J’ai rassemblé un maximum d’informations et je me suis rendu compte qu’il y avait un mensonge »». 

De deux choses, l’une : soit M. Mbaye est un irresponsable qui ment au peuple; soit, il n’a pas été à la hauteur des charges de Premier ministre qui lui avaient été confiées par le Président Macky Sall. Cela étonne davantage de l’entendre dire que  l’Etat devait retirer le permis de Franck Timis. Nous le renvoyons à l’article 7 du protocole d’accord qui lie notre pays à PétroTim et qu’il a, lui-même, signé. Dans ce document, il est bien expliqué, ce que risque le Sénégal s’il décidait de rompre le contrat. D’ailleurs pour des faits similaires à ceux qu’il théorise, nous sommes en arbitrage avec Franck Timis sur deux autres blocs pétroliers. Des procès qui coûtent chers à l’Etat. Abdoul  Mbaye, en tant qu’ancien Premier ministre, ne devrait pas ignorer le Traité bilatéral d’investissement (TBI) ratifié par le Sénégal et, qui protège tous les investissements étrangers effectués dans notre pays.

C’est quand même triste de constater que le banquier devenu Chef du gouvernement par la force d’un  hasard incongru est de la caste d’hommes politiques qui ne s’assument guère et n’assument rien. Ceux là même qui aspirent à présider aux destinées de nos concitoyens, mais capables sans sourciller de faire des aveux d’irresponsabilité et d’immaturité face à ce même peuple. Nous éprouvons de la honte et du dégout à son endroit d’autant que ses prises de parole démontrent qu’il était loin d’être apte à l’exercice des responsabilités qui lui ont été confiées au niveau suprême de l’Etat central.  Les anciens premiers ministres et ministres,  par élégance et par devoir  ont tous une obligation d’assumer et de revendiquer  sans honte ce qu’ils ont fait dans leurs fonctions. Si jamais ils interviennent sur la place publique, leurs propos devraient être dignes d'un chef d'État, c'est-à-dire, rassembleurs.  

Son acolyte, Thierno Alassane Sall qui, lui aussi, s’agite autour de l’Enquête de Bbc pour, sans doute, se venger de Macky Sall, suite à son renvoi du gouvernement en avril, même s’il prétend avoir démissionné de son propre chef. Son  envie de prendre une revanche sur le Président Macky Sall est  irrépressible, comme l’est tout autant le ressentiment de son ancien patron Abdou Maye. Dans  cette histoire du pétrole, tous les deux ont été des éléments essentiels du dispositif.  L’un pou avoir contresigné le décret d’approbation de la Convention du en janvier 2017 et l’autre pour avoir approuvé par arrêtés les deux contrats de cession entre Pétrotim  et BP et de Kosmos à la même compagnie BP.  C’est justement l’un de ces contrats de cession (Pétrotim BP) qui dégagerait une odeur de corruption d’une valeur de 10 milliards de dollars. Il est donc forcément au cœur de cette corruption. Sans compter ses relations suspectées avec Kosmos par beaucoup de personnes connaissant ce dossier. Les deux sont aujourd’hui visés par les citoyens soucieux de vérité au même titre que ceux qu’ils tentent de mouiller. Thierno Alassane Sall devra-t-il lui aussi recourir à une tromperie, dont il serait victime, à l’image d’Abdoul Mbaye, pour tenter de dégager sa responsabilité fortement embourbée dans le gaz ?  

Rappelons que Thierno Alassane Sall, lors d’une conférence publique qu’il animait, le vendredi 17 mars 2017 devant les étudiants de Sup de Co Thiès, avait défendu le contraire de ce qu’il dit aujourd’hui. Au cours de sa conférence il s’évertua à démontrer avec une redoutable clairvoyance et une efficacité remarquable la clarté des contrats signés par notre pays et tous les avantages qui en découlent. Sûrement, ces mêmes étudiants, en observant le revirement opéré dans son discours, doivent se demander si c’est la même personne qui leur avait loué la vertu des contrats qui seraient subitement devenus des instruments juridiques pleins de vices dirimants. Nul ne peut ni ne doit souhaiter la soustraction à la curiosité des citoyens et au débat public  la question des hydrocarbures, mais nous pensons toutefois qu’il ne faudrait pas parler des ressources pétrolière et gazière découvertes dans notre pays avec la désinvolture et la mauvaise foi qui tiennent Abdou Mbaye et Thierno Alassane Sall. Nous devons y aller  sans invectives portées par le ressentiment et le désir de vengeance de l’on ne sait quelle offense. Allons-y,  sans désinformation, sans véhiculer de fausses allégations et sans dire des contrevérités qui pourraient décourager en même temps les firmes internationales engagées dans l’exploration et le développement des richesses de notre pays. Nos idées et nos prétentions ne doivent surtout pas suivre une dynamique à géométrie variable. Comme Abdoul Mbaye et Thierno Alassane Sall en donnent une désarmante et désastreuse illustration pour leur image. Les pirouettes et sauts de cabris d’une lamentable agilité trahissent la friabilité de la personnalité de ces deux individus qui ont occupé surement par erreur les positions qui on été les siennes dans l’Etat.

 

Alioune Badara COULIBALY (Journaliste)

 
Samedi 15 Juin 2019




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