Affaire Scac Afrique : Les faits d’armes de Salomon Mbutcho, un escroc parrainé par le président Wade, qui crie à de l’injustice.


Patron de la société Scac Afrique, Salomon Mbutcho s’est plu, tout dernièrement à vouloir jeter le discrédit sur des projets de l’État. Mais sa sortie a fait ressurgir ses démons du passé. Né à Dakar d’une mère casamançaise, il est aujourd’hui poursuivi par quelques 7 000 personnes pour escroquerie. Des personnes à qui sa société Scac Afrique doit beaucoup d’argent. De l’argent qu’ils ont versé pour s’offrir des parcelles à usage d’habitation sans rien recevoir en retour. 
 
Dans un lot de documents envoyés à la rédaction le jeudi dernier, il y est joint une note qu’il a lui-même rédigée. M. Mbutcho, vice-président de ladite société pointée du doigt y a reconnu avoir lui-même enregistré 4 000 ‘’victimes’’ dont 500 avaient versé l’intégralité de la somme nécessaire. Des gens qui, depuis plusieurs années, courent derrière lui pour que Scac Afrique accomplisse sa part de marché. Salomon dit avoir grandi entre les populeux quartiers de Fass et de Colobane. Absent du territoire sénégalais pendant 20 ans, selon ses dires, il confie n’être revenu au Sénégal qu’à l’avènement de la première alternance en 2009 pour répondre à l’appel du Président Wade qui demandait à ses concitoyens de regagner le pays pour participer à sa construction.
 
M. Mbutcho est cité dans plusieurs contentieux liés au foncier. En ce qui concerne le Sénégal, dans l’un de nos articles publiés, récemment, intitulé "Les combines de Scac-Afrique mises à nu le Dg hors du pays, son Dga placé sous mandat-de dépôt", Dakaractu évoquait les turpitudes du vice-président de Scac Afrique, M. Mbutcho, en indiquant comment, grâce à des offres tendancieuses et non fondées, ils arnaquaient les honnêtes personnes à la recherche d'un toit. Mais avant la découverte de ce scandale, il avait pu quitter le Sénégal. Son adjoint, lui, avait été appréhendé puis placé sous mandat de dépôt. À l'époque, sa présence était signalée du côté du Cameroun, plus précisément entre Douala, Yaoundé et Kribi. Des sources le situaient, ensuite du côté de la Côte d'Ivoire. Sur les épaules de ses proches collaborateurs vont peser, alors, le poids de plusieurs plaintes de clients qui attendent depuis 3 ans maintenant, de prendre possession de leur terrain. Et ce, après avoir régulièrement versé des mensualités dans des comptes de la société dont la direction générale se trouve à Thiès.
 
Il avoue avoir ‘’enregistré 4 000 victimes dont 500 ont versé l’intégralité de la somme nécessaire’’
 
La société immobilière Scac Afrique est accusée par plusieurs milliers de clients d’avoir encaissé leur argent pour l’acquisition de parcelles à Thiès et dans d’autres localités du pays. Pour certains de ses clients, cela fait des années qu’ils courent derrière les responsables du groupe, pour prendre possession de leurs terrains, mais en vain. Beaucoup d’entre eux se sont alors résolus à porter plainte pour que justice leur soit rendue. Que d’espoirs fondus!
 
Pour cause, cette société a fait naître beaucoup d’espoirs à des Sénégalais obnubilés par le désir de se payer un toit. Dès sa création en 2009, elle a lancé une campagne de communication d’envergure, pour attirer des milliers de clients. Il faut dire que les facilités offertes faisaient à la limite croire au Samaritain, parce qu’impossible de trouver mieux ailleurs.
 
Dans la page d’accueil du site internet de ladite boite, le Groupe Scac Afrique y est peint comme une structure ‘’spécialisée dans le domaine de l’habitat social, sans apport personnel. Avec des dizaines de milliers de terrains au Sénégal, Cameroun et dans le reste de l’Afrique’’. Des terrains qu’ils disent céder ‘sans apport personnel et sans garantie et avec des mensualités sur mesure’’. S’y ajoute des villas et des appartements construits et vendus sans apport personnel et sans garantie, avec des mensualités sur mesure’’.
 
Cette présentation n’a pas laissé indifférente une partie des populations qui nourrissaient le désir de s’offrir une maison à moindre coup. Et cela est apparu comme une aubaine aux yeux des personnes qui se débrouillent pour s’en sortir. C’est le cas de certaines vendeuses de poissons du Marché Castors qui, trouvant alléchante l’offre, sont allées s’inscrire en masse à ce projet. Des versements ont commencé à pleuvoir dans le compte de Scac Afrique du fait de la modicité du montant réclamé par Salomon et Cie. Ce dernier ayant fait la promotion de son business grâce à une forte campagne publicitaire dans l’essentiel des organes de presse du pays a vu le nombre connaitre une croissance vertigineuse. L’argent coulait à flot. Mais cette offre qui a fait l’objet d’une bonne campagne publicitaire a  fait réagir des internautes. Des clients potentiels qui étaient divisés.
 
‘’Est-ce possible d’acquérir des terrains, de les viabiliser cash et de les vendre à crédit, à raison de 10 000/mois pendant 10 ans’’
 
Dans les fora, une contribution a retenu l’attention de la rédaction. L’auteur s’interroge sur la possibilité ainsi que de la rentabilité d’un projet immobilier qui propose des parcelles contre des versements mensuels de 10 000 F pour une durée de 15 ans. Ce qui fait un coût global de 1 500 000 F et pousse à vraiment réfléchir. La simple question que les gens doivent se poser, c’est de savoir est-ce qu’il est possible d’acquérir des terrains, de les viabiliser cash et de les vendre à crédit, à raison de 10 000/mois (1,2 million ou 1,5 millions respectivement au bout de 10 ou 15 ans) tout en faisant un bénéfice ? Peut-on, alors, vendre ce terrain à ce prix et faire du profit ? Une situation qui pousse à se méfier de l’offre "généreuse" de Scac Afrique.
 
Dakaractu dans une de ses publications avait mis en ligne un article dans lequel, il mettait à nu les pratiques de la société. Un article qui parlait de ladite société encore décriée pour escroquerie via des publicités mensongères au Came­roun. Et ce, après le Sénégal. Salomon Mbutcho qui avait disparu des radars sénégalais et situé en Côte d’Ivoire, a été finalement localisé au Cameroun. Dans ce pays, il s’était également rendu pour entreprendre de nouveaux projets, dans le cadre du foncier en emportant dans ses bagages les versements de ses malheureux clients Sénégalais. Des clients qui continuaient à croire qu’ils auront un terrain et qui s’acquittaient toujours convenablement de leurs cotisations mensuelles. Pendant que certains couraient derrière Salomon et Cie, d’autres comme ceux évoqués un peu plus haut, continuaient de vouer une confiance aveugle au groupe Scac Afrique qui s’investit dans cinq pays (Sénégal, Cameroun, France, Ghana et Côte d’Ivoire).
 
‘’7 000 victimes, soit plus de 30 000 familles’’, dans le désarroi
 
Ce qui n’a pas été dit, c’est que les mensualités réclamées aux client sont, à  un moment, passées du simple au triple. Et c’est lui-même qui l’a évoqué dans un de ses propos pour dire que ladite boite est ‘’la première société immobilière disposant de plus de 100 employés qui permet d’accéder à un terrain à partir de 30 000 F et une villa à partir 33 000 F sans apport personnel’’. Et courant juillet 2017, soit près de 10 ans après le début de ses activités au Sénégal, la société Scac Afrique dépasse la barre des 7 000 victimes. Ces derniers, à bout de souffle, ont fini par s’organiser en un collectif et ont interpellé le président Macky Sall.
 
Réunis en ‘’collectif des souscripteurs’’, avec à leur tête Adrien Ramos, les victimes du Groupe Scac Afrique ont tapé sur la table un dimanche, au Centre de Bopp. Estimant avoir subi d’énormes préjudices, ils sont plus de 7 000 victimes, soit plus de 30 000 familles, à crier leur désarroi ne sachant plus à quel saint se vouer.
 
‘’Nous avons souscrit pour des terrains à Scac Afrique depuis 2009. Ils ont fait tout un tapage médiatique pour dire qu’ils peuvent offrir aux Sénégalais des terrains sans apport personnel, sans garantie et à des prix accessibles. Ils ont installé toute une logistique, des bureaux, une administration, ils ont recruté du personnel… C’est une société qui a pignon sur rue. Ce qui se passe depuis 2009, les gens ont cotisé. Ils nous avaient promis, qu’après 2 ans, les gens allaient récupérer leurs terrains. Et jusqu’à présent, on n’a rien vu’’, avait déclaré M. Ramos pour s’en indigner au nom dudit collectif.
 
Me Wade, parrain ou actionnaire et sa lettre de recommandation adressée à Denis Sassou Nguesso
 
Et pourtant, renseigne Dakaractu, dans une de ses publications, que Mamadou Ndione, une fonctionnaire à la Banque mondiale avait flairé l'escroquerie et avait alerté l'opinion. Mais son alerte n’a pas été prise au sérieux. Le pot aux roses a été découvert et il s'est avéré que la société Scac Afrique a vendu des terrains qui ne lui appartenaient pas. C’est cela qui, comme évoqué plus haut, avait valu à son Directeur général adjoint, Ibrahima Ndiaye d’être inculpé pour escroquerie et faux et usage de faux. Salomon Mbutcho, vice-président absent du territoire au moment de l’interpellation de son collaborateur était alors recherché par les forces de l’ordre. Lesquelles attendaient de pied ferme son retour pour l’interpeller, a appris Dakaractu.
 
C’est ce monsieur-là, cible de plusieurs plaintes pour escroquerie au foncier qu’a parrainé le président Abdoulaye Wade. Lequel 4 ans après avoir quitté le pouvoir a remis une lettre de recommandation à Solomon Mbutcho. Dans sa lettre en date du 29 janvier 2016, adressée à Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo Brazzaville, il demandait à ce dernier de bien vouloir recevoir Salomon Mbutcho, vice-président du Groupe Scac Afrique pour qu’il lui présente ‘’son projet de construction de logement sociaux sans apport personnel et sans caution’’.
 
Le prédécesseur du président Macky Sall de souligner qu’il est ‘’rare de trouver dans le domaine du logement social des projets offrants de telles facilités’’. Il dit alors le lui recommander ‘’personnellement, Car, la simple annonce de ces projets contribuera à accroitre l’adhésion des congolaises et des congolais à sa politique sociale et vous assurera une victoire certaine à la prochaine élection présidentielle’’.
 
La cerise sur le gâteau, dans cette affaire de recommandation, se trouve dans le libellé même de la lettre. Un contenu qui traduirait pour beaucoup que le président Abdoulaye Wade est de mèche avec Salomon Mbutcho. Ce, d’autant plus que le Pape du Sopi a écrit, noir sur blanc, que ‘’M. Salomon sera accompagné de Mamadou Ndiaye, (son) conseiller en informatique et (son) représentant auprès du Groupe Scac Afrique’’. D’où la question de savoir en quelle qualité Me Wade se fait-il représenter dans cette entreprise immobilière ? En actionnaire ou en tant que président dudit groupe ? Des questions restées en suspens.
 
Vendredi 1 Novembre 2019




Dans la même rubrique :