Ramadan à Kolda : Le calvaire des veuves, des mères célibataires et des divorcées


Dakaractu - Le ramadan est un mois de dévotion et de pardon pour les fidèles musulmans. Durant cette période, le partage, la solidarité et la convivialité sont des valeurs essentielles pour obtenir la grâce divine. Cependant, tout le monde ne vit pas ce mois sacré de la même manière. Si certains le traversent avec aisance, pour d’autres, il représente une véritable épreuve. C’est dans cette optique que nous sommes allés à la rencontre de veuves, de mères célibataires et de femmes divorcées, afin de comprendre comment elles vivent le ramadan. Ces dernières nous ont confié que ce mois est particulièrement difficile pour elles, en raison de leur précarité financière accentuée par la crise économique. À cela s’ajoute une certaine stigmatisation de la société, qui accroît la pression sociale qu’elles subissent.

Dans ce contexte, F.B., une mère célibataire sans emploi, a accepté de témoigner sous couvert d’anonymat. Elle mène une vie difficile avec deux enfants à charge. Elle explique : « En ce mois de ramadan, j’ai du mal à joindre les deux bouts, car je ne travaille pas et j’ai deux enfants à élever. Je dois faire face aux dépenses quotidiennes, notamment pour la rupture du jeûne. » Elle ajoute : « Parfois, je suis obligée de faire de petits travaux, comme la lessive, pour subvenir à mes besoins. Cependant, je reconnais que c’est très compliqué en ce moment, surtout avec le regard pesant de la société… »

Face à une situation économique précaire, ces femmes doivent redoubler d’ingéniosité pour rompre le jeûne dans des conditions décentes.

M.S., une femme divorcée et tenancière d’un étal de légumes, témoigne également de ses difficultés : « Depuis mon divorce, ma vie n’a plus de répit, car j’élève seule mes enfants. Le ramadan, avec ses exigences, m’oblige à diversifier mes sources de revenus pour combler les manques. Ce n’est pas facile, car je dois me lever très tôt le matin pour aller au marché. Beaucoup de femmes dans ma situation souffrent en silence, confrontées à une pression sociale aggravée par des préjugés indescriptibles. »

Les veuves, quant à elles, figurent parmi les plus vulnérables durant ce mois de ramadan, vivant souvent dans la solitude et la mélancolie. Awa, l’une d’entre elles, a accepté de partager son histoire. Elle confie : « Avant la disparition de mon mari, nous vivions dans de bonnes conditions. Je ne sentais pas le temps passer. Mais aujourd’hui, c’est tout le contraire : je vis un véritable calvaire. Durant ce mois de ramadan, je m’en remets à Dieu, le maître de l’univers. » Avec un sourire inquiet, elle poursuit : « Je pense que les autres veuves vivent la même situation que moi, sans revenus ni aide extérieure. Avec les préjugés sociaux qui pèsent sur nous, il est difficile de ne pas se sentir frustrée. Mais j’essaie de surmonter ces obstacles avec mes enfants, en ce mois béni du ramadan. Cependant, j’espère que l’État prendra en compte notre situation, par souci d’équité. »
Mercredi 5 Mars 2025



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