Nigeria: une attaque de villages fait 40 morts selon les habitants, 9 selon les autorités


Des hommes armés à moto ont attaqué lundi soir deux villages voisins du centre-nord du Nigeria et tué une quarantaine de personnes, selon des habitants, mais neuf selon les autorités, dans une région secouée par des conflits fonciers, miniers et intercommunautaires.

"Des bandits armés à moto ont fait irruption dans le village de Zurak", dans la circonscription de Wase, "tirant des coups de feu et incendiant des maisons", a déclaré mardi par téléphone à l'AFP le commissaire à l'information de l'État du Plateau, Musa Ibrahim Ashoms qui avait d'abord annoncé 40 victimes avant d'en confirmer finalement 9, "pour le moment".

La police de l'Etat du Plateau a annoncé dans un communiqué publié mardi en fin de journée que des criminels ont "attaqué les villages de Zurak et Dakai, tué neuf personnes et brûlé six maisons".

Selon elle, les attaquants fuyaient une opération lancée par des forces de sécurité pour arrêter des bandits réfugies dans la forêt de Bangalala, où la police dit avoir "neutralisé sept bandits".

Mais les résidents des villages attaquées lundi évoquent eux un bilan bien plus lourd.

Un responsable local de la jeunesse, Shafi'i Sambo, a déclaré à l'AFP qu'"au moins 42 personnes" avaient été tuées dans l'attaque de Zurak, situé à la limite de l'Etat du Plateau et de l'Etat de Taraba.

"De 17 heures à minuit", les assaillants ont "tiré sur quiconque était dehors" et "enlevé des gens", et des villageois "se sont enfuis dans la brousse", a déclaré à l'AFP un autre habitant, Adamu Maikasuwa Saluwe.

Les villageois "ont soudainement été attaqués, tués et leurs biens détruits(...) Il n'y a aucune sécurité, des corps ont été retrouvés et on en cherche encore, au moins 40 personnes sont mortes", a-t-il ajouté.

Mardi à Zurak, des habitants enterraient les morts, et d'autres fuyaient le village en emportant ce qu'ils pouvaient avec eux, a constaté sur place un journaliste de l'AFP.

Les habitants de cette zone, majoritairement musulmans, vivent principalement des activités minières.

Cette région est connue pour ses importantes réserves d'étain, de zinc et de plomb, où ont investi des entreprises nigérianes et étrangères.

Les activités minières illégales y sont très répandues, et donnent lieu à de fréquentes tensions et violences intercommunautaires.

- Ligne de démarcation -
Situé sur la ligne de démarcation entre le nord du Nigeria, majoritairement musulman, et le sud, majoritairement chrétien, le Plateau est également souvent le théâtre de flambées de violence déclenchées par des conflits entre éleveurs nomades et agriculteurs pastoraux.

Les populations du nord-ouest et du centre du Nigeria vivent également dans la terreur d'attaques des groupes jihadistes et des bandes criminelles qui pillent les villages et tuent ou enlèvent leurs habitants.

Depuis des années, une âpre rivalité y oppose également les éleveurs et les agriculteurs, les seconds accusant les premiers de saccager leurs terres avec leur bétail.

Aggravées par le changement climatique et l'explosion démographique dans ce pays de 215 millions d'habitants, les violences sporadiques ont débouché sur une grave crise sécuritaire, entre attaques de bandits lourdement armés et représailles sans fin entre communautés, mais aussi humanitaire.

L'Etat du Plateau a connu de très violents affrontements intercommunautaires en décembre, lorsque près de 200 personnes ont été tuées pendant le week-end de Noël.

En janvier, de nouvelles attaques y ont fait plus de 50 morts et des milliers de déplacés.

Ces exactions font partie des principaux défis sécuritaires auxquels est confronté le président Bola Ahmed Tinubu, qui cherche à attirer les investissements étrangers dans le pays le plus peuplé d'Afrique, et première économie du continent, et a fait campagne en promettant de réduire l'insécurité.
Mercredi 22 Mai 2024
Dakaractu



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