La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et Amnesty International ont conjointement condamné des « exécutions extrajudiciaires d’une vingtaine de civils » à Diafarabé, dans la commune de Ténenkou (région de Mopti). Selon des témoins, ces actes auraient été commis par les Forces armées maliennes (FAMa) accompagnées de miliciens dozos.
Les deux organisations appellent « les autorités judiciaires maliennes à mener une enquête indépendante, impartiale et diligente pour faire la lumière sur ces faits et traduire leurs auteurs devant la justice ». Elles dénoncent également « la répétition des crimes graves commis contre des populations civiles par les parties belligérantes dans le cadre du conflit au Mali », soulignant que les événements de Diafarabé « sont susceptibles de constituer des crimes de guerre ».
La FIDH et Amnesty International alertent la communauté internationale et les partenaires du Mali sur l'urgence de prendre des mesures concrètes pour soutenir la lutte contre l’impunité et garantir aux victimes leurs droits à la vérité, à la justice et aux réparations.
Le récit glaçant des événements
Selon des témoins interrogés par les deux organisations, le drame s'est déroulé le lundi 12 mai, jour de la foire hebdomadaire de Diafarabé. Une dizaine de militaires maliens, accompagnés de miliciens dozos de Diafarabé et des environs, auraient arrêté au moins 30 hommes au marché à bétail lors d'une patrouille. Si certains ont été libérés immédiatement, entre 23 et 27 hommes ont été emmenés, entravés et les yeux bandés, à bord de pirogues sur la rive sud du fleuve. Ils auraient ensuite été égorgés et enterrés dans des fosses communes.
Un survivant a livré un témoignage effroyable : « Le lundi, vers 11 heures, six militaires en civil sont arrivés à la foire des petits ruminants, suivis par des militaires en uniforme des FAMa. Ils ont encerclé le marché et se sont mis à arrêter des gens. Au départ, on était au moins 30 personnes à être arrêtées, mais après une rapide vérification basée sur l’appartenance ethnique, ceux qui n’étaient pas peuls ont été libérés. Ils nous ont attaché les bras et bandé les yeux. Ils nous ont conduits vers la rive opposée, près du cimetière de Danguere Mamba à une certaine distance du village. Arrivés sur place où ils avaient déjà creusé des fosses, les militaires et les dozos ont commencé à égorger les gens un à un. Comme je n’étais pas bien attaché, j’ai baissé le bandeau qui couvrait mes yeux, et je les ai vus en train d’égorger mon frère aîné qui était la troisième victime. Lorsqu'ils étaient en train d’égorger la quatrième personne, j’ai fui. Ils ont tenté de me tirer dessus à deux reprises mais j’ai réussi à atteindre le fleuve et à le traverser à la nage. Je précise que des dozos dont certains de Nouh Bozo ont participé à ces exécutions. »
La réaction des populations et le silence de l'armée
Immédiatement après le 12 mai, les populations de Diafarabé ont dénoncé les arrestations et organisé des manifestations spontanées pour exiger des informations sur le sort de leurs proches.
« Nous avons tenté d’aller vers le lieu du crime pour constater de nos yeux car nous avions entendu deux coups de fusil, mais les militaires nous en ont empêchés. Ils nous ont dit que les personnes arrêtées étaient vivantes et ont promis de nous les ramener le lendemain. Ce qui n’a pas été fait. Le 14 mai, une délégation des autorités militaires est venue de Mopti pour écouter les populations. C’est là que nous avons eu la confirmation de la disparition pour toujours de nos proches car ils ont reconnu leurs exécutions et promis de punir les auteurs », a expliqué l’une des manifestantes à la FIDH et à Amnesty International.
Le 15 mai vers 17 heures, des conseillers communaux, des autorités coutumières et des parents de victimes ont pu, avec l'autorisation des militaires, traverser le fleuve pour constater les dépouilles. Un membre de cette délégation a rapporté : « Pour nous empêcher de filmer la scène du crime ainsi que les corps, les militaires avaient interdit le port de téléphones sur les lieux. Arrivés sur place, nous avons remarqué que les corps de nos proches égorgés étaient superposés et en état de putréfaction. Certains d’entre nous ont toutefois reconnu des proches parmi les victimes. Il y avait environ 22 corps. À notre retour, les femmes ont commencé le veuvage car tout le monde sait maintenant qu’ils ont été tués par les militaires. »
À ce jour, l’armée malienne n’a ni reconnu ni démenti formellement les faits. Dans un communiqué du 16 mai, l'État-major général des armées a confirmé la visite du commandant du théâtre d’opérations les 14 et 15 mai, « organisée suite aux allégations de disparitions de civils le 12 mai ». Le communiqué ajoutait : « Les allégations sont prises très au sérieux par le commandement militaire […] les informations préliminaires recueillies auprès des populations locales vont nourrir l’enquête de gendarmerie qui permettra d’infirmer ou de confirmer les allégations. »
Appel à la justice et fin de l'impunité
« Au regard de la gravité des faits allégués et des témoignages des victimes et de leurs parents, nous interpellons les autorités maliennes pour qu’une enquête indépendante, impartiale et diligente soit menée. Il est essentiel qu’une telle enquête aille jusqu’à son terme, c’est-à-dire avec la tenue d’un procès devant les juridictions compétentes, pour mettre fin au cycle de l’impunité et rendre justice aux victimes », a déclaré Me Drissa Traoré, secrétaire général de la FIDH.
Marceau Sivieude, directeur régional par intérim du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a conclu : « Nous déplorons que les annonces d’ouverture d’enquête ne soient généralement suivies ni d’information sur les résultats de l’enquête, ni de procès. Plusieurs dossiers judiciaires emblématiques sont en souffrance depuis plusieurs années. Cette fois, nous voulons croire que les promptes réactions des autorités militaires indiquent une volonté de mettre en œuvre les droits des populations maliennes à la vérité, à la justice et aux réparations. »
Les deux organisations appellent « les autorités judiciaires maliennes à mener une enquête indépendante, impartiale et diligente pour faire la lumière sur ces faits et traduire leurs auteurs devant la justice ». Elles dénoncent également « la répétition des crimes graves commis contre des populations civiles par les parties belligérantes dans le cadre du conflit au Mali », soulignant que les événements de Diafarabé « sont susceptibles de constituer des crimes de guerre ».
La FIDH et Amnesty International alertent la communauté internationale et les partenaires du Mali sur l'urgence de prendre des mesures concrètes pour soutenir la lutte contre l’impunité et garantir aux victimes leurs droits à la vérité, à la justice et aux réparations.
Le récit glaçant des événements
Selon des témoins interrogés par les deux organisations, le drame s'est déroulé le lundi 12 mai, jour de la foire hebdomadaire de Diafarabé. Une dizaine de militaires maliens, accompagnés de miliciens dozos de Diafarabé et des environs, auraient arrêté au moins 30 hommes au marché à bétail lors d'une patrouille. Si certains ont été libérés immédiatement, entre 23 et 27 hommes ont été emmenés, entravés et les yeux bandés, à bord de pirogues sur la rive sud du fleuve. Ils auraient ensuite été égorgés et enterrés dans des fosses communes.
Un survivant a livré un témoignage effroyable : « Le lundi, vers 11 heures, six militaires en civil sont arrivés à la foire des petits ruminants, suivis par des militaires en uniforme des FAMa. Ils ont encerclé le marché et se sont mis à arrêter des gens. Au départ, on était au moins 30 personnes à être arrêtées, mais après une rapide vérification basée sur l’appartenance ethnique, ceux qui n’étaient pas peuls ont été libérés. Ils nous ont attaché les bras et bandé les yeux. Ils nous ont conduits vers la rive opposée, près du cimetière de Danguere Mamba à une certaine distance du village. Arrivés sur place où ils avaient déjà creusé des fosses, les militaires et les dozos ont commencé à égorger les gens un à un. Comme je n’étais pas bien attaché, j’ai baissé le bandeau qui couvrait mes yeux, et je les ai vus en train d’égorger mon frère aîné qui était la troisième victime. Lorsqu'ils étaient en train d’égorger la quatrième personne, j’ai fui. Ils ont tenté de me tirer dessus à deux reprises mais j’ai réussi à atteindre le fleuve et à le traverser à la nage. Je précise que des dozos dont certains de Nouh Bozo ont participé à ces exécutions. »
La réaction des populations et le silence de l'armée
Immédiatement après le 12 mai, les populations de Diafarabé ont dénoncé les arrestations et organisé des manifestations spontanées pour exiger des informations sur le sort de leurs proches.
« Nous avons tenté d’aller vers le lieu du crime pour constater de nos yeux car nous avions entendu deux coups de fusil, mais les militaires nous en ont empêchés. Ils nous ont dit que les personnes arrêtées étaient vivantes et ont promis de nous les ramener le lendemain. Ce qui n’a pas été fait. Le 14 mai, une délégation des autorités militaires est venue de Mopti pour écouter les populations. C’est là que nous avons eu la confirmation de la disparition pour toujours de nos proches car ils ont reconnu leurs exécutions et promis de punir les auteurs », a expliqué l’une des manifestantes à la FIDH et à Amnesty International.
Le 15 mai vers 17 heures, des conseillers communaux, des autorités coutumières et des parents de victimes ont pu, avec l'autorisation des militaires, traverser le fleuve pour constater les dépouilles. Un membre de cette délégation a rapporté : « Pour nous empêcher de filmer la scène du crime ainsi que les corps, les militaires avaient interdit le port de téléphones sur les lieux. Arrivés sur place, nous avons remarqué que les corps de nos proches égorgés étaient superposés et en état de putréfaction. Certains d’entre nous ont toutefois reconnu des proches parmi les victimes. Il y avait environ 22 corps. À notre retour, les femmes ont commencé le veuvage car tout le monde sait maintenant qu’ils ont été tués par les militaires. »
À ce jour, l’armée malienne n’a ni reconnu ni démenti formellement les faits. Dans un communiqué du 16 mai, l'État-major général des armées a confirmé la visite du commandant du théâtre d’opérations les 14 et 15 mai, « organisée suite aux allégations de disparitions de civils le 12 mai ». Le communiqué ajoutait : « Les allégations sont prises très au sérieux par le commandement militaire […] les informations préliminaires recueillies auprès des populations locales vont nourrir l’enquête de gendarmerie qui permettra d’infirmer ou de confirmer les allégations. »
Appel à la justice et fin de l'impunité
« Au regard de la gravité des faits allégués et des témoignages des victimes et de leurs parents, nous interpellons les autorités maliennes pour qu’une enquête indépendante, impartiale et diligente soit menée. Il est essentiel qu’une telle enquête aille jusqu’à son terme, c’est-à-dire avec la tenue d’un procès devant les juridictions compétentes, pour mettre fin au cycle de l’impunité et rendre justice aux victimes », a déclaré Me Drissa Traoré, secrétaire général de la FIDH.
Marceau Sivieude, directeur régional par intérim du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a conclu : « Nous déplorons que les annonces d’ouverture d’enquête ne soient généralement suivies ni d’information sur les résultats de l’enquête, ni de procès. Plusieurs dossiers judiciaires emblématiques sont en souffrance depuis plusieurs années. Cette fois, nous voulons croire que les promptes réactions des autorités militaires indiquent une volonté de mettre en œuvre les droits des populations maliennes à la vérité, à la justice et aux réparations. »
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