Près d’un an après la nomination de Serigne Guèye Diop à la tête du Ministère de l’Industrie et du Commerce, le Syndicat National des Agents de l’Administration du Commerce (SYNACOM) dresse un bilan amer de sa gestion. Dans un point de presse tenu ce vendredi 14 février 2025, le syndicat a dénoncé un mépris manifeste du ministre envers les revendications des agents, un management jugé autoritaire et des décisions prises sans concertation.
Une plateforme revendicative ignorée
En août 2024, le SYNACOM avait soumis une plateforme revendicative en huit points, dont quatre considérés comme non négociables. Parmi eux, l’amélioration des conditions de travail, le renforcement des effectifs, la mise en place d’un plan de formation continue et la restructuration du département ministériel.
Selon le syndicat, les services déconcentrés du ministère sont dans un état préoccupant. « Beaucoup de bâtiments menacent ruine, exposant les agents à des risques sécuritaires », déplore Ibrahima Ngom SG du SYNACOM. De plus, le manque de moyens logistiques et l’absence d’un système informatique performant freinent l’efficacité des missions.
Autre problème majeur : le sous-effectif chronique. À l’heure actuelle, le Sénégal ne compte que 69 commissaires aux enquêtes économiques, 128 contrôleurs du contrôle économique et 100 vérificateurs pour couvrir l’ensemble du territoire. Un nombre jugé largement insuffisant par le SYNACOM, qui réclame un plan de recrutement massif sur la prochaine décennie.
Le syndicat pointe également l’absence d’un véritable programme de formation continue, indispensable pour permettre aux agents de s’adapter aux évolutions économiques et aux exigences du commerce international.
Au-delà des revendications syndicales, le SYNACOM s’insurge contre la gouvernance du ministre, qualifiée de « solitaire et autoritaire ». Selon le syndicat, les avis techniques des collaborateurs sont systématiquement ignorés, et certaines décisions stratégiques sont prises de manière unilatérale.
Un exemple frappant est la restriction des missions à l’étranger imposée par une note de service du 2 juillet 2024. Une mesure qui, selon le SYNACOM, porte un coup dur à la représentation du Sénégal dans les négociations commerciales internationales. Pourtant, ces missions ne sont pas financées par l’État mais par les institutions organisatrices.
Autre décision vivement critiquée : l’ouverture précipitée de nouveaux services départementaux du commerce dès avril 2025, sans concertation ni moyens budgétaires suffisants. Pour le SYNACOM, cette expansion administrative risque d’alourdir inutilement les charges de l’État, d’autant plus que les régions concernées sont déjà couvertes par les brigades régionales.
Une mise en garde claire : « Vous êtes en train de planifier votre échec ! »
Face à ce qu’il qualifie d’erreurs stratégiques graves, le SYNACOM a lancé une mise en garde directe au ministre Serigne Guèye Diop. « Vous êtes en train de planifier votre échec ! », a martelé à trois reprises le syndicat lors de son point de presse.

Un avertissement qui témoigne d’un malaise grandissant au sein du ministère. Si aucune réponse n’est apportée aux doléances des agents, le spectre d’un bras de fer social semble inévitable.
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