
La saison hivernale 2022 réserve plus que des surprises à la population. Il pleut en abondance. Des orages et tornades balaient l’espace habitable et inhabitable de Dakar et de l’intérieur du pays. De telles pluies diluviennes ne sont pas arrivées depuis des décennies. L’abondance des eaux pluviales hante le sommeil des dakarois qui ne savent plus à quel Saint se vouer parce désappointés et désorientés par la fréquence accrue et de façon dommageable, l’abondance pluviométrique qui continue de causer des dégâts dans les concessions et dans les communautés.
Pourtant, l’État du Sénégal se plaît à annoncer les milliards investis depuis 2012 avec son lot de programmes et de plans. En septembre 2012, le président de la République a lancé un plan décennal de lutte contre les inondations de 2012-2022, avec plusieurs phases. Une phase d’urgence de 66 milliards de FCFA, une phase court terme de 450 milliards de FCFA et une phase long terme de 250 milliards de FCFA. Ces différents montants cumulés donnent 766 milliards de FCFA destinés à juguler les problèmes des inondations. Dans un entretien accordé au quotidien national « Le Soleil » publié en septembre 2021, le ministre des Collectivités Territoriales avait précisé que « le Plan décennal de lutte contre les inondations n’a pas pour but de faire disparaître complètement les inondations qui dépendent de plusieurs facteurs, notamment de la pluviométrie. Nous pouvons dire, sans nous tromper, que les zones où ce plan est déroulé ne subissent plus les conséquences. Nous pouvons citer des exemples tels que Dalifort, notamment la cité Soleil, Médina Gounass, les quartiers Ouest-Foire sur la Rn1 vers Philippe Maguilène Senghor, entre autres. » Un constat fait depuis le début du mois d’août, montrent que ces zones rencontrent d’innombrables difficultés pour se libérer des eaux pluvieuses qui élisent par endroit des flaques. Durant des heures pour ne pas dire des jours, les sapeurs-pompiers peinent à s’en séparer.
L’année dernière après que les pluies abondantes aient fini d’engloutir les maisons à Keur Massar, toujours dans cet entretien, Oumar Guèye d’annoncer que « le Progep 2 est plus étendu. Il va intervenir dans les départements de Keur Massar, de Mbour, de Saint-Louis, de Diamniadio, entre autres localités. Sa phase d’urgence de 15 milliards de FCFA est en train d’être exécutée. Le Progep 2, il faut bien comprendre comment il a été conçu. C’est un projet intégrateur qui ne s’occupe pas seulement de drainer les eaux. Quand le Progep 2 sera fini, il aura une partie drainage des eaux et une autre partie aménagement avec des rues qui seront pavées et des canalisations. Des espaces verts vont être aménagés, tout comme des aires de jeux. Je vous invite à aller dans les zones comme Dalifort pour voir le Progep 1 qui a été une réussite. C’est la raison pour laquelle le Président Macky Sall a décidé de mettre en place le Progep 2 qui est évalué à plus de 172 milliards de FCFA. La phase d’urgence est de 15 milliards de FCFA. Cette phase d’urgence consiste en deux choses : la réalisation de tranchées, la canalisation de très grandes dimensions avec 3 mètres de large sur 1,5 mètre de profondeur parce que ces canalisations sont enterrées. Si l’on prend l’ensemble des canalisations, on tourne autour de 10 kilomètres à faire en urgence », souligne le ministre. Des infrastructures réalisées mais l’entretien pose un sérieux problème. Ces caniveaux bondés de résidus, de déchets, sont l’œuvre des populations.
Par contre, beaucoup de spécialistes manifestent leur désapprobation sur ces politiques de l’État pour lutter contre les inondations. C’est le cas de Moussa Bala Fofana, expert en Développement Territorial, Développement Économique Local et Transfrontalier. Dans une contribution musclée contre l’État partagée avec la presse, il dit : « Quand la vision politique est dans le brouillard, quand les cafouillages dans la communication politique deviennent chroniques et que les résultats se font désirer, on réunit sans conteste les symptômes d’une carence en planification étatique, en programmation des programmes d’action et projets et par voie de conséquence, on aboutit à une incapacité à exécuter une gestion axée sur les résultats. »
Poursuivant son propos, il démolit les plans et programmes mis en place par l’État du Sénégal. « N'en déplaise à ceux qui se sentiraient morveux, j'affirme que ce sont nos carences en planification étatiques et, particulièrement, en planification spatiale qui sont la cause des innombrables sinistres qui sévissent dans le pays, et notamment les inondations. L'aménagement et l'urbanisme ont évolué depuis belle lurette et font aujourd'hui partie des sciences de la prospection et du développement économique territorial. L'aménagiste et l'urbaniste ne sont plus des techniciens intervenants dans des projets précis et ponctuels et encore moins des bureaucrates. Aujourd’hui nous en sommes à la prospection des ressources et des opportunités des territoires, à l'analyse des risques et des dynamiques socio-spatiales dans l’objectif d’une occupation et d’une exploitation des plus judicieuses des territoires. Nous en sommes à la protection de l'environnement, à la protection des terres et activités agricoles et à l'indication des zones habitables, des écosystèmes à protéger et des terres inondables. L'aménagiste et l'urbaniste sont devenus des chefs de projet appelés à coordonner différents corps d’experts (économistes, agronomes, paysagistes, architectes, génie civil et matériaux, environnementalistes, sociologues...) afin d'intervenir dans la fabrication des villes, la valorisation de la ruralité et la circonscription des zones propices à l'économie des territoires et à la définition des règles et procédures de zonages, de construction et d’habitation ».
Ingénieur d’Étude en Planification des Territoires (Aménagement et urbanisme) de l’Institut National Polytechnique Lorraine, Moussa Fofana présente une palette pour venir à bout de ces inondations. « Il faut un cadre juridique opposable aux tiers (autrement dit une loi technique sur l’aménagement du territoire et sur l’urbanisme municipal et dans une logique de développement territorial et de contrôle de l’espace urbain) et qui s'appuie sur des structures de prospection qui matérialisent l'orientation de l'État en matière d’aménagement des terres, de planification des infrastructures, de protection de l'environnement, de développement territorial et du cadre d'habitat. C’est donc par des PPT (Plan de Planification Territoriale) à l’échelle de chaque territoire que nous allons pouvoir organiser le territoire en zone, suivant les potentialités et les risques avec un zonage suivant : Zone A : agricole et environnementale - Zone B : zone d'habitation - Zone C : commerciale, Industrielle, touristique - Zone D : zone de transit et projets spéciaux (infrastructures structurantes allant jusqu’à l'aménagement d'une infrastructure numérique des territoires). Malheureusement, dans ce pays, bon nombre de ceux qui se présentent comme des urbanistes ont fait de la géographie urbaine, donc n’ont aucune compétence en ingénierie de la planification et encore moins en technique de réglementation urbaine... Une fois que la planification spatiale a identifié les territoires du Sénégal et indiqué le bon usage de chaque territoire à travers un cadre juridique, réglementaire et organisationnel (PPT), l'urbanisme intervient par la suite à l'échelle communale avec la collectivité territoriale comme chef de projet du Plan d'Urbanisme (PU) et du plan de zonage », propose-t-il.
Le paradoxe en ce qui concerne les causes anthropiques de ces inondations, le gouvernement en est informé et conscient de certaines pratiques des populations. Le ministre Oumar Guèye reconnait que « malheureusement, il faut le reconnaître et le déplorer, l’assainissement a toujours été un parent pauvre. Les responsabilités sont partagées. Les populations cherchent un toit. Dès qu’une personne a une parcelle, elle construit avant de se poser la question de savoir s’il y a un assainissement, l’eau et l’électricité. » Pourtant, Oumar Guèye savait bel et bien que l’espace utilisé pour construire les Parcelles Assainies de Keur Massar est une zone géographiquement inhabitable. « La responsabilité de l’État n’est pas à écarter. Quand on dit Parcelles Assainies, les gens viennent acheter des parcelles auprès des services de l’État. Cela veut dire que ces parcelles devaient être assainies. Cela n’a pas été le cas. Ces parcelles ont été remblayées. Les populations habitaient sans problème parce qu’on était dans une période de sècheresse. Aujourd’hui, avec les changements climatiques, nous assistons à un retour des pluies. L’eau reprend sa place. À la vérité, la moitié de la région de Dakar est une zone non aedificandi. Nous avons regardé les cartes qui datent d’avant les indépendances et nous nous sommes rendu compte que partout où il y a des inondations, il y avait des cours d’eau et des marigots ».
Et pourtant, les urbanistes, les géologues, les aménagistes alertent depuis des décennies sur l’accroissement de la population de Dakar qui voudra trouver des espaces pour construire. Malheureusement, ils n’ont pas été bien entendus. Conséquence, les zones non aedificandi, les cuvettes, les lits de marigot taris, … sont devenus des quartiers huppés de Dakar. L’État sait bel et bien que la région de Dakar a un sol hydromorphe. Malheureusement, avec le non-respect des normes de construction y compris de ce retour du cycle, l’eau reprend de plus belle sa place qu’elle avait perdue depuis des dizaines d’années. C’est ainsi que Ouest-Foire et là où est construit le centre de santé de Philippe Maguilène Senghor, il y avait une rivière s’appelle « Way Guedj ». Les spécialistes alertent que cette rivière et tant d’autres points cherchent à se reconstruire...
Pourtant, l’État du Sénégal se plaît à annoncer les milliards investis depuis 2012 avec son lot de programmes et de plans. En septembre 2012, le président de la République a lancé un plan décennal de lutte contre les inondations de 2012-2022, avec plusieurs phases. Une phase d’urgence de 66 milliards de FCFA, une phase court terme de 450 milliards de FCFA et une phase long terme de 250 milliards de FCFA. Ces différents montants cumulés donnent 766 milliards de FCFA destinés à juguler les problèmes des inondations. Dans un entretien accordé au quotidien national « Le Soleil » publié en septembre 2021, le ministre des Collectivités Territoriales avait précisé que « le Plan décennal de lutte contre les inondations n’a pas pour but de faire disparaître complètement les inondations qui dépendent de plusieurs facteurs, notamment de la pluviométrie. Nous pouvons dire, sans nous tromper, que les zones où ce plan est déroulé ne subissent plus les conséquences. Nous pouvons citer des exemples tels que Dalifort, notamment la cité Soleil, Médina Gounass, les quartiers Ouest-Foire sur la Rn1 vers Philippe Maguilène Senghor, entre autres. » Un constat fait depuis le début du mois d’août, montrent que ces zones rencontrent d’innombrables difficultés pour se libérer des eaux pluvieuses qui élisent par endroit des flaques. Durant des heures pour ne pas dire des jours, les sapeurs-pompiers peinent à s’en séparer.
L’année dernière après que les pluies abondantes aient fini d’engloutir les maisons à Keur Massar, toujours dans cet entretien, Oumar Guèye d’annoncer que « le Progep 2 est plus étendu. Il va intervenir dans les départements de Keur Massar, de Mbour, de Saint-Louis, de Diamniadio, entre autres localités. Sa phase d’urgence de 15 milliards de FCFA est en train d’être exécutée. Le Progep 2, il faut bien comprendre comment il a été conçu. C’est un projet intégrateur qui ne s’occupe pas seulement de drainer les eaux. Quand le Progep 2 sera fini, il aura une partie drainage des eaux et une autre partie aménagement avec des rues qui seront pavées et des canalisations. Des espaces verts vont être aménagés, tout comme des aires de jeux. Je vous invite à aller dans les zones comme Dalifort pour voir le Progep 1 qui a été une réussite. C’est la raison pour laquelle le Président Macky Sall a décidé de mettre en place le Progep 2 qui est évalué à plus de 172 milliards de FCFA. La phase d’urgence est de 15 milliards de FCFA. Cette phase d’urgence consiste en deux choses : la réalisation de tranchées, la canalisation de très grandes dimensions avec 3 mètres de large sur 1,5 mètre de profondeur parce que ces canalisations sont enterrées. Si l’on prend l’ensemble des canalisations, on tourne autour de 10 kilomètres à faire en urgence », souligne le ministre. Des infrastructures réalisées mais l’entretien pose un sérieux problème. Ces caniveaux bondés de résidus, de déchets, sont l’œuvre des populations.
Par contre, beaucoup de spécialistes manifestent leur désapprobation sur ces politiques de l’État pour lutter contre les inondations. C’est le cas de Moussa Bala Fofana, expert en Développement Territorial, Développement Économique Local et Transfrontalier. Dans une contribution musclée contre l’État partagée avec la presse, il dit : « Quand la vision politique est dans le brouillard, quand les cafouillages dans la communication politique deviennent chroniques et que les résultats se font désirer, on réunit sans conteste les symptômes d’une carence en planification étatique, en programmation des programmes d’action et projets et par voie de conséquence, on aboutit à une incapacité à exécuter une gestion axée sur les résultats. »
Poursuivant son propos, il démolit les plans et programmes mis en place par l’État du Sénégal. « N'en déplaise à ceux qui se sentiraient morveux, j'affirme que ce sont nos carences en planification étatiques et, particulièrement, en planification spatiale qui sont la cause des innombrables sinistres qui sévissent dans le pays, et notamment les inondations. L'aménagement et l'urbanisme ont évolué depuis belle lurette et font aujourd'hui partie des sciences de la prospection et du développement économique territorial. L'aménagiste et l'urbaniste ne sont plus des techniciens intervenants dans des projets précis et ponctuels et encore moins des bureaucrates. Aujourd’hui nous en sommes à la prospection des ressources et des opportunités des territoires, à l'analyse des risques et des dynamiques socio-spatiales dans l’objectif d’une occupation et d’une exploitation des plus judicieuses des territoires. Nous en sommes à la protection de l'environnement, à la protection des terres et activités agricoles et à l'indication des zones habitables, des écosystèmes à protéger et des terres inondables. L'aménagiste et l'urbaniste sont devenus des chefs de projet appelés à coordonner différents corps d’experts (économistes, agronomes, paysagistes, architectes, génie civil et matériaux, environnementalistes, sociologues...) afin d'intervenir dans la fabrication des villes, la valorisation de la ruralité et la circonscription des zones propices à l'économie des territoires et à la définition des règles et procédures de zonages, de construction et d’habitation ».
Ingénieur d’Étude en Planification des Territoires (Aménagement et urbanisme) de l’Institut National Polytechnique Lorraine, Moussa Fofana présente une palette pour venir à bout de ces inondations. « Il faut un cadre juridique opposable aux tiers (autrement dit une loi technique sur l’aménagement du territoire et sur l’urbanisme municipal et dans une logique de développement territorial et de contrôle de l’espace urbain) et qui s'appuie sur des structures de prospection qui matérialisent l'orientation de l'État en matière d’aménagement des terres, de planification des infrastructures, de protection de l'environnement, de développement territorial et du cadre d'habitat. C’est donc par des PPT (Plan de Planification Territoriale) à l’échelle de chaque territoire que nous allons pouvoir organiser le territoire en zone, suivant les potentialités et les risques avec un zonage suivant : Zone A : agricole et environnementale - Zone B : zone d'habitation - Zone C : commerciale, Industrielle, touristique - Zone D : zone de transit et projets spéciaux (infrastructures structurantes allant jusqu’à l'aménagement d'une infrastructure numérique des territoires). Malheureusement, dans ce pays, bon nombre de ceux qui se présentent comme des urbanistes ont fait de la géographie urbaine, donc n’ont aucune compétence en ingénierie de la planification et encore moins en technique de réglementation urbaine... Une fois que la planification spatiale a identifié les territoires du Sénégal et indiqué le bon usage de chaque territoire à travers un cadre juridique, réglementaire et organisationnel (PPT), l'urbanisme intervient par la suite à l'échelle communale avec la collectivité territoriale comme chef de projet du Plan d'Urbanisme (PU) et du plan de zonage », propose-t-il.
Le paradoxe en ce qui concerne les causes anthropiques de ces inondations, le gouvernement en est informé et conscient de certaines pratiques des populations. Le ministre Oumar Guèye reconnait que « malheureusement, il faut le reconnaître et le déplorer, l’assainissement a toujours été un parent pauvre. Les responsabilités sont partagées. Les populations cherchent un toit. Dès qu’une personne a une parcelle, elle construit avant de se poser la question de savoir s’il y a un assainissement, l’eau et l’électricité. » Pourtant, Oumar Guèye savait bel et bien que l’espace utilisé pour construire les Parcelles Assainies de Keur Massar est une zone géographiquement inhabitable. « La responsabilité de l’État n’est pas à écarter. Quand on dit Parcelles Assainies, les gens viennent acheter des parcelles auprès des services de l’État. Cela veut dire que ces parcelles devaient être assainies. Cela n’a pas été le cas. Ces parcelles ont été remblayées. Les populations habitaient sans problème parce qu’on était dans une période de sècheresse. Aujourd’hui, avec les changements climatiques, nous assistons à un retour des pluies. L’eau reprend sa place. À la vérité, la moitié de la région de Dakar est une zone non aedificandi. Nous avons regardé les cartes qui datent d’avant les indépendances et nous nous sommes rendu compte que partout où il y a des inondations, il y avait des cours d’eau et des marigots ».
Et pourtant, les urbanistes, les géologues, les aménagistes alertent depuis des décennies sur l’accroissement de la population de Dakar qui voudra trouver des espaces pour construire. Malheureusement, ils n’ont pas été bien entendus. Conséquence, les zones non aedificandi, les cuvettes, les lits de marigot taris, … sont devenus des quartiers huppés de Dakar. L’État sait bel et bien que la région de Dakar a un sol hydromorphe. Malheureusement, avec le non-respect des normes de construction y compris de ce retour du cycle, l’eau reprend de plus belle sa place qu’elle avait perdue depuis des dizaines d’années. C’est ainsi que Ouest-Foire et là où est construit le centre de santé de Philippe Maguilène Senghor, il y avait une rivière s’appelle « Way Guedj ». Les spécialistes alertent que cette rivière et tant d’autres points cherchent à se reconstruire...
Autres articles
-
Me Aissata Ba avocate de Ndèye Ndack Touré "elle n'a posé aucun acte allant dans le sens de troubler la sécurité publique"
-
Situation socio-politique tendue: Reçu par le Président Macky Sall, le secteur privé « prêche la bonne parole »
-
Trump annonce son inculpation dans l'affaire des archives de la Maison Blanche
-
Pèlerinage à la Mecque : Départ des premiers pèlerins sénégalais pour le Hajj 2023.
-
Le Burkina offre jusqu'à 275.000 euros pour des "terroristes activement recherchés"