Congestion au port de Dakar: Ces emprises qui bloquent les activités des transitaires et impactent l’économie sénégalaise

La gestion du quai de débarquement est confiée à Dubaï Port World (DPW) depuis le régime du président Abdoulaye Wade. DPW « qui leur a vendu un rêve » en termes de logistique, de fluidité du trafic. Mais depuis deux ans, le rythme n’a cessé de faiblir pour, essentiellement deux raisons : la logistique qui leur avait été promise n’est toujours pas disponible. Les machines au port sont vétustes, les acteurs autour des activités portuaires haussent le ton et interpellent les autorités.


Depuis quelques mois, le quai du Port Autonome de Dakar est envahi de conteneurs vides. Même les camions n’ont pas assez de places pour débarrasser les conteneurs vides qui encombrent le port. Une situation qui fait stagner l’économie et qui est susceptible d’être ressentie par le consommateur final: le citoyen.  

Il faut rappeler qu’au Port Autonome de Dakar, il y a ce qu’on appelle « la franchise au niveau des aires de Dubaï Port World ». C’est une période qui est de 10 jours qui est permis aux importateurs, transitaires, pour évacuer leur marchandises. Mais en réalité, le terminal est submergé de conteneurs vides et les transitaires, les commerçants et les importateurs se retrouvent avec des difficultés pour procéder à l’évaluation des marchandises qui restent bloquées à cause d’une décongestion qui ne dit pas son nom. Cette congestion, selon une source, est en grande partie due à cette non-évacuation de ce matériel d’une vétusté indescriptible. 

DPW et les compagnies décriées 

Environ 98% des échanges extérieurs du pays transitent par le Port de Dakar. Il constitue en effet un maillon important de la chaîne d’approvisionnement de l’économie nationale et des pays limitrophes. L’un des premiers moyens consisterait à accompagner les importateurs sénégalais dans leurs opérations commerciales, très souvent en face de fournisseurs et de transporteurs multinationaux rompus à la tâche. Mais cette fois-ci, c’est face à un conglomérat de compagnies qui, avec le gestionnaire Dubaï Port World, accablent ces transitaires et le centre des activités commerciales. Ces compagnies telles que le groupe CMA CGM, MCS et Maersk-line assuraient le travail de manutention ainsi que le transport de marchandises avant l’arrivée de Dubaï Port World qui finalement, s’est emparé de ces activités. 

Les taxes du port sont prises par les compagnies alors que DPW se charge du débarquement. Mais au grand regret de ces transitaires, il faut remuer ciel et terre pour parvenir à mener leurs activités et sortir leurs marchandises du port à cause de l’immobilisme flagrant. Une des voix faisant partie de tout ce qui est importation, dédouanement nous décrie la situation alarmante au sein du port: « J’emploie plus de 150 personnes, des responsables de famille qui ne dépendent que de cette activité. Récemment, j’ai eu un conteneur qui, à l’occasion du Magal devait être évacué, mais cela fait plusieurs jours qu’il est bloqué. Et je peux vous jurer que je perd près de 20 millions par jour avec ces lourdes facturations faites à notre encontre alors que nous ne sommes même pas responsables de cette rétention de nos marchandises au niveau du quai », regrette notre interlocuteur inquiet de cette congestion du port qui inéluctablement va influer sur le consommateur. La difficulté, c’est que les camions au Port autonome de Dakar et qui n’ont pas de place pour les marchandises à cause de ces conteneurs vides sont même éconduits par la direction générale du port. Encore, des pertes énormes. Ce qui tracasse ces acteurs aéroportuaires, c’est « cette escroquerie orchestrée par ces compagnies et DPW sur leur dos ». « même avec les appels téléphoniques vous informant de l’arrivée de nos conteneurs, la facturation est salée. 9 000 francs CFA par appel. Imagine le montant de la facturation de 1000 conteneurs! Et toutes ces facturations vont se répercuter sur les Sénégalais qui vont supporter injustement la négligence des autorités portuaires », alerte encore notre interlocuteur, désemparé. 

Un maillon contribuant à plus de 2 milliards par jour dans les comptes du trésor, laissé en rade

Faisant partie intégrante de l’activité portuaire, le spécialiste de la logistique qui coordonne le transport d’une marchandise à l’import ou à l’export, se trouve aujourd’hui, au sein du port autonome de Dakar, bloquer. Face à cette situation, l’économie sénégalaise risque même d’en pâtir. Entre problèmes de manutention, défaut de facturation, c’est finalement, autant de difficultés pour ces transitaires. En réalité, ces transitaires qui ont le rôle de constituer un dossier complet et d’effectuer les démarches le plus efficacement possible pour l’écoulement des marchandises se retrouvent bloquer face à cette congestion. Ainsi, leur apport même dans l’économie sénégalaise reste compromis. « Nos activités contribuent à hauteur de plus de 2 milliards dans les caisses du trésor public. Nous devons donc être considérés en prenant nos difficultés en compte parce qu’il faut savoir que c’est un problème qui perdure et qui affecte toute la chaîne de l’économie sénégalaise », s’est plaint un autre du secteur. 

Face à l’inertie de la direction, la réaction est imminente 

Malgré toutes les difficultés que rencontrent commerçants, transitaires et importateurs, la direction générale « fait la sourde oreille ». À plusieurs reprises dans des réunions, l’autorité portuaire n’a quasiment fait aucun effort pour venir à bout du problème. « Nous avons eu des rencontres à Saly avec la direction. On avait même prévu d’arrêter le « mangasinage » pour les amener à réagir, mais sans succès. Les compagnies n’écoutent pas la direction et cette dernière semble perdre ses moyens pour régler la situation », ajoute notre source. 

Après une assemblée générale tenue dans les locaux de la Chambre de commerce de Dakar récemment, la force tripartite notamment ( les transitaires, les transporteurs et les importateurs) a décidé de geler toute activité contribuant à injecter de l’argent dans les comptes du trésor. Elle entend, à partir de ce lundi l’arrêt de toutes les activités pour se faire entendre et inviter l’autorité compétente à trouver des solutions à ce phénomène qui plombe l’économie sénégalaise...
Samedi 23 Septembre 2023
Dakaractu



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