Cacophonie...Précipitation...Défaut de coordination chez nos forces de sécurité : Ces tares qui font piocher la lutte contre la drogue au Sénégal.


Par les temps qui courent, les trafiquants de drogue qui espéraient faire fleurir leur « business » au Sénégal ne dorment plus. Le pays de la Téranga est devenu leur pire cauchemar pour ne pas dire que L'Eldorado s'est transformé en un véritable enfer.

Tous les services de sécurité sont plus que jamais déterminés à traquer toute personne impliquée dans le trafic de drogue. Sur toute l'étendue du territoire. 

 

La Douane a donné le ton en mettant la main sur plus d'une tonne de cocaïne au port de Dakar. En deux temps. D'abord le 26 juin au quai de Dakar Terminal dans des voitures en provenance du port de Paranagua, au Brésil. Dans quatre véhicules de marque Renault, une quantité de 238 kilogrammes de drogue a été découverte par les gabelous qui remettront ça quatre jours plus tard. Mais cette fois-ci, c'est à bord du navire Grande Nigeria de l'armateur italien Grimaldi qu'une saisie importante est faite. 798 kilos de cocaïne. Dakaractu filme l'opération en exclusivité. La drogue est cachée dans 15 véhicules de la marque française. Tous les projecteurs sont tournés vers le port et la prouesse que viennent de réaliser les soldats de l'Economie. L’enquête est amorcée. L'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) entre ainsi dans la danse. Toutes les personnes impliquées sont traquées, recherchées et mises à la disposition de la justice qui met les uns sous les verrous et libère les autres, selon leurs degrés de responsabilité. L'instruction suit son cours en attendant un procès qui révélera les contours d'une affaire que la diplomatie n'a pas boudé.

 

Quelques mois après cette importante saisie, l'armée se fait remarquer au large de Dakar. Deux embarcations suspectes en provenance de la Gambie voisine sont obligées à suivre la Marine nationale. Dans l'une d’elles, 750 kilos de cocaïne sont retrouvés  par les marins sénégalais. Mais dans le communiqué transmis par la Direction des relations publiques de l'armée (DIRPA), il est mentionné 1260 kilos.

 

 

Dans la nuit du 06 au 07 novembre, la police nationale affirme avoir pris 660 kilos à Nianing, dans le département de Mbour. Des trafiquants qui étaient en train de charger du chanvre indien à bord de charrettes, ont été découragés par la police. Trois sur les quatre charretiers sont tombés dans les nasses de l'Ocrtis.

 

Précipitation et absence de coordination

 

Si ces opérations ont le mérite de montrer la détermination des forces de sécurité dans la lutte contre le trafic de drogue, elle dissimule difficilement les couacs, voire les manquements qui les accompagnent. Aussitôt après la prise des 750 kilos de drogue au large de Dakar, le communiqué de la Dirpa a fait état de 1260 kilos, soit plus de 500 kilos.

 

Comment la grande muette connue pour avoir un contrôle sur toute la chaîne de l'information concernant ces opérations a pu commettre une telle légèreté dans cette affaire ? La procédure d'usage a-t-elle été respectée pour éviter cette erreur de communication qui a fait naître le doute sur la bonne foi de la Marine nationale. Rappelons que quelques heures après cet exploit, une certaine presse a parlé de disparition des 500 kilos, or en réalité, l'armée est tout simplement victime de son envie de communiquer hâtivement sur cette affaire. Une meilleure coordination entre les services habilités aurait pu permettre à l'armée de donner la bonne information.

 

Cette absence de concertation et d'échange d'informations a presque failli faire échouer l'opération du 06 au 07 novembre, si on peut vraiment parler de réussite. La police nationale, à travers l'Ocrtis avait placé un dispositif impressionnant de 07 éléments, pour suivre les déplacements de trafiquants à Nianing, dans la Petite côte. Seulement, la brigade de gendarmerie qui a compétence sur la zone n'a pas été informée de cette opération, a appris Dakaractu de sources bien informées. Lorsque les hommes en bleu ont reçu l'information, ils se sont dépêchés sur les lieux et ont aperçu une voiture à bord de laquelle se trouvaient des hommes en civil. En réalité, il s'agissait d'agents de la brigade régionale de l'Ocrtis qui guettaient les trafiquants. Selon les informations de Dakaractu, ces derniers qui avaient transporté la drogue au moyen de pirogues ont tenté de la charger dans des charrettes. La police est subitement intervenue en tirant des coups de sommation. Les malfaiteurs se sont enfuis en abandonnant la drogue et les charrettes qui devaient la déplacer. L'opération a réussi mais a aussi échoué. En clair, si la drogue est saisie, ses propriétaires se sont fondus dans la nature. Un camouflet que rien d'autre n'explique si ce n'est le défaut de coordination entre services de sécurité qui devraient mettre de côté leur ego pour l’Intérêt exclusif du pays. La brigade de gendarmerie aurait été informée à temps, elle aurait pu appuyer efficacement la police qui, au final, s'adjugerait tout le mérite. Le plus important, étant la mise à l'écart de faiseurs de mal. 

 

En vérité, cette affaire n'est que la partie émergée de l'iceberg. La coordination n'est pas toujours de mise entre policiers et gendarmes. Mais si ça doit impacter négativement la lutte contre le trafic de stupéfiants, il urge d'y remédier, surtout que les malfaiteurs utilisent ce genre de brèches pour passer entre les mailles des filets. Depuis quelques temps, leur fusion est théorisée par des voix averties. N'est-il pas temps d'explorer cette piste pour plus d'efficacité dans la lutte contre le crime organisé ?

 

 

Mardi 12 Novembre 2019




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