Loin des caméras et des ondes, Kadidiatou Baldé, la présidente du club des jeunes filles leaders de Salikégné et championne d’AMREF, se fraie son chemin dans la lutte contre les violences basées sur le genre. En tant que survivante des mutilations génitales féminines (MGF), elle s’est très tôt engagée dans le combat en intégrant les clubs de jeunes filles leaders du Centre conseil ado de Kolda. C’est ainsi qu’elle devient la présidente du club de jeunes filles de sa localité, notamment Salikégné située à quelques encablures de la Guinée Bissau où le sujet est tabou avec une société conservatrice.
Et pour en savoir un peu plus sur leurs 16 jours d’activisme, nous lui avons tendu le micro dans sa commune située à 33 kilomètres au sud de Kolda.
« J’ai décidé de mener le combat pour protéger les jeunes filles des MGF en tant que survivante. Et après avoir reçu une formation sur les conséquences liées aux MGF, on a pu dérouler des activités comme les visites à domicile, les causeries entre jeunes, les exciseuses et les vieux. D’ailleurs, je rappelle que les jeunes filles sont souvent victimes de violences morales, voire physiques. En fait, ma motivation est d’en finir avec les MGF dans ma communauté où la fille est vue comme une ménagère sans avenir. Sur ce, j’ai grandi dans un environnement dominé pour la plupart par le favoritisme fait aux garçons. »
Dans la foulée, elle précise : « en fait la mission n’a pas été du tout facile dans ma société ancrée dans des préjugés et du conformisme. À ce titre, être une victime avec tout le traumatisme devient pour moi un moyen de faire passer mon message. C’est fort de ces constats grâce à AMREF et le CCA, que j’ai pu aborder la question avec beaucoup plus de responsabilité pour amener les populations à prendre conscience des véritables dangers. »
Dans ce sillage, elle soutient : « les conséquences des MGF sont nombreuses comme la frigidité, les douleurs lors des rapports sexuels et les difficultés liées aux accouchements. En ce sens, nous expliquons tout ça aux communautés afin de leur faire comprendre les dangers. Il y a aussi le risque lié aux maladies sexuellement transmissibles sans compter les grossesses précoces. À ce combat, nous y avons ajouté celui des mariages précoces et d’enfants car quand on est mutilé ou mariée à l'âge de 14 ans cela laisse forcement des séquelles. »
Sur l’approche résultats, elle explique : « on faisait des visites à domicile en abordant la question de manière diplomatique. Et après ma communauté (Salikégné), j'ai commencé mes activités en Guinée Bissau. Pour moi, il faut approcher la question transfrontalière pour une lutte efficace. Ainsi, nous y avons mené des plaidoiries en faveur de l’abandon de l’excision dont les résultats sont encore palpables. Cependant, le combat est loin d’être gagné car il faut continuer la lutte en sensibilisant. »
Dans la même lancée, elle estime : « auparavant, il n’y avait pas l’approche communautaire avec des dialogues inter générationnels. C’est petit à petit que des techniques comme « ne pas nuire » ont permis de poser le débat de fond en comble pour l’éradication des MGF. À mes débuts, j’étais la cible de stigmatisations communautaires, mais j’ai tenu bon. Mieux, certains sont même allés jusqu’à vouloir ternir ma réputation familiale. »
Malgré le regard calomnieux de la communauté, elle a réussi à percer dans les études en réussissant à son baccalauréat, pour ensuite faire, aujourd’hui, la fierté de Salikégné.
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