TRAJECTOIRE POLITIQUE DU PREMIER VICE-PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE : Abdou Mbow, la petite histoire d’une grande ascension politique.

A 44 ans, Abdou Mbow, qui a été élu, mercredi dernier, comme le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, a su bénéficier de la confiance de Macky Sall avec qui il collabore depuis 13 longues années. Du Parti pour le progrès et la citoyenneté (Ppc) à l’Alliance pour la République (Apr), en passant par le Parti démocratique sénégalais (Pds), le porte-parole adjoint de l’Apr à tricoter son parcours politique en trois couleurs.


Il est entré en politique comme d’autres entrent en religion. Avec le principe de l’action militante qui a fait de son objectif une réalité supérieure. Une volonté de monter l’ascenseur social par la porte politique qui s’est traduite, après des années de labeurs, sous la forme d’une nomination au poste de Premier vice-Président de l’Assemblée nationale, de numéro 2 dans l’ordre de succession à la Présidence de la République en cas d’empêchement du chef de l’Etat. 

 

En engagé volontaire, Abdou Mbow affiche aujourd’hui la juste fierté de s’être, pour sa part de militant, préparé sans trêve à cette grande tâche que lui a confié Macky Sall, son mentor politique, à qui il rend le culte et l'hommage qui lui sont dus dans un esprit de soumission et de révérence profonde. «Je remercie le Président Macky Sall pour sa confiance renouvelée en ma personne. C’est un homme de parole et de confiance. Je lui dois toute cette carrière politique.»

 

Le tout frais 1er Vice-Président de l’Assemblée nationale n’est certes pas, politiquement, le plus pointu de sa génération. Il n’est pas, non plus, doté du plus lourd curriculum vitae. Son nouveau poste, en remplacement à Moustapha Cissé Lô, exclu le 07 juillet dernier du groupe parlementaire de la majorité présidentielle, Bennoo bokk yaakaar (Bby), relève de la seule volonté du chef. 

 

Des pouvoirs discrétionnaires de Macky Sall dont les consignes transmises au groupe parlementaire Benno bokk yaakaar, la majorité écrasante à l’Assemblée nationale, ont été respectées à la lettre, mercredi, lors de la session unique extraordinaire de l’institution. 

 

Le choix porté sur lui par la majorité parlementaire Bby a été approuvé par 133 députés sur les 146 votants. Preuve de sa légitimité au sein de la coalition de partis à laquelle il appartient. Une carrure qu’il s’est façonnée au fil des années de compagnonnage avec le Président Macky Sall. 

 

C’est parce que le jeune politique a été là depuis le début, selon les témoins, non pas en simple spectateur, mais en rempart, tenant son poste de combat, quoique frêle, devant les vagues de la Loi Sada Ndiaye qui faisaient tanguer au point d’éjecter Macky Sall de son siège de président de l’Assemblée nationale. 

 

« C’était un dimanche. Le lendemain, j’ai pris la décision de démissionner de l’Assemblée nationale parce que j’étais sûr qu’ils allaient passer à la dé-‘’Mackysallisation’’, qu’ils allaient nous enlever, mais je n’ai pas attendu cela», raconte Abdou Mbow. C’était en 2008. L’année d’après sa rencontre avec Macky Sall.

 

C’est par le biais de l’ancien ministre de la Jeunesse et professeur d’Université, Aliou Sow, que le compagnonnage Macky Sall-Abdou Mbow a pris effet. Treize longues années après, Abdou Mbow s’en souvient avec des accents de loyauté. «Macky Sall, je le suivais avant. Mais c’est Aliou Sow, au temps un de ses plus proches collaborateurs, qui nous a rapprochés. Il me l’a présenté», se rappelle le tout nouveau 1er Vice-Président de l’Assemblée nationale. 

 

Depuis, Abdou Mbow a appris à connaître l’homme en qui il a décelé des qualités qui l’ont accroché et rassuré. « J’ai su, dès le début, que c’est un travailleur, quelqu’un qui a de l’ambition pour son pays. » Macky Sall n’a pas non plus hésité à le prendre sous son aile. Quelques mois après leur première rencontre, il lui accorde sa confiance, l’intègre dans son Cabinet à l’Hémicycle et fait de lui son chargé de mission. 

 

Ainsi honorait-il la promesse qu’il lui avait faite en 2008 ? « Le lendemain de ma démission à l’Assemblée nationale en 2008, je me suis rendu chez-lui pour lui dire qu’il pouvait compter sur moi parce que j’avais pris la décision d’être avec lui quel que soit l’avenir politique qu’il aura. Il l’avait accueilli avec joie en me disant : ‘’Demain, je vous confierais ma jeunesse’’. » 

 

Abdou a été pendant plusieurs années responsable des jeunes de l’Apr. Sur tous les fronts et en première ligne quand il s’agit de défendre le parti et son Président, Mbow a réussi à se faire une place dans le cercle restreint du chef de l’Etat et de son épouse que la chronique crayonne comme une façonneuse de destin. « Il est très proche de Macky Sall. Le Président a toujours apprécié son engagement. Il me disait, quand on était encore dans l’opposition, que Abdou Mbow est bon», confie l’administrateur adjoint de l’Apr, Sana Camara. Appréciant ce nouveau poste, il affirme que c’est une «récompense méritée».

 

« Je suis un fils de Mbaye-Jacques Diop »

 

Pour Abdou Mbow, Macky Sall a parachevé le travail enclenché par feu Maître Mbaye-Jacques Diop auprès de qui il a fait ses premières gammes, façonné ses premières armes politiques. «Lui, c’est mon mentor en politique. En plus, je suis un fils de Mbaye-Jacques Diop et je le revendique.» 

 

Après l’alternance de 2000, le jeune étudiant intègre le Parti pour le progrès et la citoyenneté (Ppc) dirigé par Me Diop. Il bénéficie pendant longtemps de l’expérience et de la culture générale de l’ancien député et maire de Rufisque de 1987 à 2000. «Il m’a inculqué des valeurs de loyauté et de combativité», explique-t-il. 

 

A la faveur de la fusion entre le Ppt et le Parti démocratique sénégalais (Pds), Abdou se retrouve dans la formation de Abdoulaye Wade où il a été porte-parole de la section communale de l’Union des jeunesses travaillistes libérales (Ujtl), secrétaire général du Comité de liaison fédérale (Clf) de Thiès et porte-parole national de l’Ujtl. Diplômé de l’Institut supérieur des Sciences de l’information et de la communication (Issic) et de Science politique Paris, l’ex-leader de Mouvements associatifs estudiantins et sportifs a eu à assurer la communication du Projet de promotion des jeunes (Ppj) avant de travailler aux côtés de Aliou Sow au ministère de la Jeunesse.

 

Si, jusque-là, l’ancien étudiant du département d’Histoire de la Faculté des Lettres et Sciences humaines n’a pas bénéficié d’un poste de nomination, c’est parce que le chef de l’Etat a voulu respecter son souhait. «C’est un choix concerté entre lui et le Président, qui reflète sa nature propre et son parcours politique. C’est lui-même qui s’est destiné à une carrière parlementaire, en proposant au Président d’attendre parce qu’on s’acheminait vers les Législatives. Il ne s’est pas précipité. Voilà la raison pour laquelle Abdou Mbow n’a pas figuré dans le premier gouvernement du Président Macky Sall», révélait, en 2017, le ministre-directeur de Cabinet politique du chef de l’État, Mahmmoud Saleh. C’est l’une des convictions partagées avec son mentor. 

 

« J’ai toujours privilégié le fait qu’on soit élu pas nommé», confirme le concerné. Avec l’Apr, Mbow a fait ses classes à l’Hémicycle où le député a échelonné en passant par le siège de Secrétaire élu de 2012 à 2013, troisième vice-président de l’Assemblée nationale de 2013 à 2019 et président de la commission des affaires étrangères des Sénégalais de l’extérieur et de l’intégration africaine de 2019 au mercredi 15 octobre 2020. 

 

Date qui marque une nouvelle ascension. « C’est une marque de confiance de mes collègues et je ferai tout pour la mériter. Je prends cette élection avec humilité et avec beaucoup d’engagement. Nous allons continuer à être à l’écoute et au service des populations. Nous allons continuer à faire notre travail de contrôle parlementaire et de contrôle des politiques publiques», soutient le parlementaire, soutenant être informé de ce choix un peu avant l’ouverture de la session.

 

Le conseiller départemental à Thiès n’a pas rangé ses objectifs pour sa localité d’origine même après son revers lors des élections locales de 2014. «J’ai toujours des ambitions pour ma localité, mais puisque je suis dans une coalition, le moment venu, nous choisirons la meilleure équipe», soutient-il. Abdou Mbow ne compte pas encore laisser la mairie de Thiès à ses adversaires politiques. Un challenger, renforcé par le Président Sall, à prendre très au sérieux ?

 

L’Observateur.

Vendredi 16 Octobre 2020




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