Pèlerinage 2022 : Comment plus de 5 000 pèlerins risquent de ne pas voter lors des élections législatives du 31 juillet…

À quelques semaines du départ des pèlerins du Sénégal pour la Mecque, des voyagistes privés ne savent plus à quel saint se vouer du fait d’une liste de contraintes qui menacent, à leurs yeux, l’organisation du Hajj (pèlerinage) 2022. Il s’agit des membres du Regroupement national des organisateurs privés pour le Hajj et la Umrah au Sénégal (Renophus) élargi aux chefs de regroupement des voyagistes privés. Ces derniers, après une réunion, jeudi dernier, ce sont donnés rendez-vous une nouvelle fois pour interpeller le président Macky Sall et surtout pour expliquer aux populations ces obstacles dressés qui se dressent devant eux et qui risquent de saboter l’organisation prochaine du pèlerinage à la Mecque. Ce sont le prix du package, l’âge, le quota, le transporteur, entre autres.


La Cherté du package ouvre la marche. À ce sujet, il est rappelé que les formalités de vaccination et d'inscription pour le pèlerinage à la Mecque ont démarré depuis ce lundi 23 mai 2022. Auparavant, le ministre chargé des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur avait organisé une conférence de presse pour signaler que cet hajj allait se dérouler dans un contexte exceptionnel de cherté des coûts due à la fois au Covid-19 et aux conséquences de la guerre d'Ukraine. Ceci avait justifié le virage du package de la Délégation générale au pèlerinage (qui a une subvention d'un milliard), de 2 600 000 à 4 200 000 F Cfa. Par conséquent, les privés devaient aller bien au-delà, a rappelé Cheikh Bamba Dioum, porte-parole du Renophus. 
 
Assisté de ses collègues, il a avoué qu’ils étaient conscients ‘’que les coûts avaient considérablement augmenté en Arabie Saoudite sans en soupçonner l'ampleur’’. Mais, poursuit-il, ‘’la véritable surprise allait venir du côté d'Air Sénégal qui avait fixé le billet d'avion à 1 800 000 au moment où les compagnies régulières (Emirates, Turkish etc.) en sont entre 900 000 et 1 000 000 F Cfa’’. Cette situation leur a valu d’interpeller le président de la République Macky Sall. Au finish, le Délégué général revenu à de meilleurs sentiments, leur a annoncé une baisse du prix du billet qui devait revenir à 1 500 000 et de son package à 3 900 000 F Cfa. 
 
Ces désistements à la pelle qui suscitent des craintes
 
L’autre surprise est arrivée le lendemain. En effet, poursuit-il, au moment où les privés s'apprêtaient à annoncer leur baisse, les frais des tentes à Mina et Arafat, à payer pour chaque pèlerin, initialement annoncés par nos autorités entre 1700 rials (285 000 F Cfa) et 2 000 rials (336 000 F Cfa), sont officiellement publiés et fixés à 5 655,12 rials (950 000 F Cfa). Ce qui donne une augmentation minimale de 614 000 F Cfa, regrettent les voyagistes privés.
 
Ces derniers, abordant la problématique de l'aviation, ont eu une autre douche froide. Pour cause, l’information leur est parvenue selon laquelle ‘’Air Sénégal qui devait convoyer obligatoirement tout le quota du Sénégal d'après le Ministre et le Délégué général, s’est retirée pour céder la place à Flynas, une compagnie Saoudienne’’. 
 
Cela a suscité une kyrielle de questions : ‘’Pourquoi ce changement de dernière minute qui rend encore plus difficiles les conditions du pèlerinage 2022 ? Pourquoi la même compagnie applique 1 300 000 F Cfa au Mali et chez nous 1 550 000 F Cfa soit 250 000 F Cfa plus cher? 
 
Que fait-on de l'obligation annoncée pour chaque pays de voyager avec sa compagnie nationale ? Pourquoi Flynas nous impose de repousser les dates de départ prévues entre le 18 et le 20 juin pour les fixer entre le 26 juin et le 3 juillet, nous installant de fait dans la pleine saison de Médina avec les coûts d'hôtel les plus élevés? Pourquoi Flynas par l'entremise de la Délégation nous sert-il sur 75 billets I billet gratuit seulement ? Ça n'existe nulle part dans le transport aérien surtout pour ce prix excessif? Pourquoi les négociations avec Flynas se sont faites en l'absence des principaux concernés, (en l’occurrence) les organisateurs ? Enfin, puisque Flynas est revenu, va-t-il nous rembourser nos valises de 2019 incorporées dans le prix du billet d'alors pour une valeur de 50 000 F et dont beaucoup de voyagistes et de pèlerins n'ont jamais vu la couleur ? Ou alors appartient-il à la Délégation générale de le faire ?, se sont interrogés les voyagistes privés qui relèvent une des équations qui font que plusieurs personnes ont fini par désister. 
 
Pourquoi des voyagistes privés et des missionnaires pourraient être bloqués à Dakar 
 
En effet, selon M. Dioum, la conséquence de ce changement de compagnie entraîne une durée plus longue du séjour à la Mecque. ‘’C’est en violation avec le cahier des charges qui prévoit moins de 30 jours’’, regrette M. Dioum. Selon lui, cette longue durée a déjà entraîné le désistement d’au moins 20 personnes rien que dans sa structure. Un fait qu’une autre de ses collègues voyagistes confirme pour relever, dans son agence, le renoncement de beaucoup de candidats. Ce, du fait de l’impossibilité dans laquelle ils sont d’aller au-delà du temps de leurs congés et surtout en raison de leur niveau de responsabilité professionnelle.
 
À cette équation, s’ajoute celle liée à l’agenda des vols. ‘’Aucun départ n'étant programmé avant le 27 juillet et le dernier vol prévu le 2 août les voyagistes devront encore débourser plus pour soutenir la nourriture et les frais supplémentaires d'hébergement des pèlerins pour 15 à 20 jours encore’’, regrette le Renophus qui invite l’État à autoriser les voyagistes à prendre les vols réguliers moins chers entre 900 000 à un million de F Cfa à hauteur de 50%. À défaut, préviennent-ils, ‘’plus de 5 000 pèlerins risquent de ne pas voter lors des élections législatives du 31 juillet’’.
 
Relativement au quota, les voyagistes continuent de réclamer le respect de l’engagement pris par le président Macky Sall de leur affecter un lot de 500 pèlerins sur le quota initialement alloué à la mission officielle. ‘’Le ministre des Affaires Étrangères avait attribué un quota de 2.000 pèlerins à la Délégation générale (au pèlerinage) pour n'allouer aux 287 organisateurs privés que 3.822 candidats au voyage aux lieux saints de l’Islam. Le Délégation générale avait promis de restituer un quota de 500 pèlerins aux privés comme l'a demandé le Président de la République. Mais ces derniers n'ont bénéficié d'aucune augmentation sur les 500 en dehors de 36 points qui, en vérité, ne relèvent pas de ce gap mais bien de la partie décimale. Quand le Délégué soutient que maintenant le privé a un quota de 4.322 et que lui ne va transporter que 1.500, nous nous posons la question de savoir où sont passés les 500 ?’’, a dit M. Dioum. Ces collègues et lui réclament, à ce titre, ‘’ la publication des agences agréées pour le pèlerinage à la Mecque avec leurs quotas respectifs ’’.
 
Le sort des pèlerins testés positifs à la Covid-19 avant leur départ inquiète
 
La question de l’assurance est aussi une épine aux pieds des voyagistes privés. Pour preuve, ces derniers réclament des réponses : ‘’Quel est le rôle de l'assurance qu’ils payent chaque année ? Une interrogation qu’ils jugent légitime dès lors que cette assurance qui leur est imposée ‘’ne prend pas en charge les malades durant le pèlerinage ni leur évacuation et elle est en doublon avec la garantie bancaire’’.
 
Le candidat au pèlerinage testé positif au Covid-19 à 72 heures du départ constitue une grosse épine dans l'organisation de ce hajj 2022 pour la simple raison qu’il est de ce fait déclaré inapte au voyage. Face à cette situation, qui, d’entre la Délégation (au nom de l’État), le voyagiste qui a déjà payé tous les frais non remboursables liés au hajj (aviation, hôtel etc.), ou le sujet lui-même va prendre en charge l’incidence financière ? a demandé Cheikh Bamba Dioum, porte-parole du Regroupement national des voyagistes privés.

L’âge maximal des personnes autorisées à effectuer le Hajj pour l’édition 2022 constitue un grand problème pour le Renophus. Pour preuve, dit-il, aujourd’hui où l’essentiel des voyagistes ont plus que l’âge limité autorisé (65 ans), le maintien de ce principe fera que beaucoup d’entre eux, tout comme au niveau de l’équipe officielle, ne pourront accompagner les pèlerins.

 
Vendredi 27 Mai 2022




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