Culture : À la découverte de l’Ekonting, l’instrument Diola aux racines profondes et à l’influence mondiale...


Dans les villages paisibles de la Casamance, un instrument ancestral continue de faire vibrer les cœurs, il s'agit de l’Ekonting. D’origine Diola, cet instrument traditionnel, au son doux et mélodieux, porte en lui une histoire unique mêlant solitude, créativité, et héritage africain.

L’histoire de l’Ekonting remonte à plusieurs générations, dans les villages diola de la Guinée-Bissau. À cette époque, les mariages se faisaient par génération : pour prétendre à l’union, il fallait d’abord construire sa maison. Malheureusement, un jeune homme, seul de sa génération à ne pas avoir pu se marier, décide de transformer sa solitude en musique. Il invente ainsi un instrument pour chanter et jouer, seul dans sa case.

À l’origine, l’Ekonting était entièrement fabriqué à la main. Il se composait d’un bâton appelé "étounféne", issu d’une plante voisine du calebassier, et de racines de palmier. L’évolution de l’artisanat a permis de moderniser l’instrument, le rendant plus robuste et plus facile à manier, tout en conservant son identité sonore unique.

Ancêtre du Banjo "l'américain"

Ce qui rend l’Ekonting encore plus fascinant, c’est son influence directe sur la création du banjo américain. En effet, avec la traite transatlantique, de nombreux esclaves originaires de cette région de l’Afrique de l’Ouest (notamment la Gambie, la Guinée-Bissau et la Casamance) ont emporté dans leur mémoire les sons et la structure de cet instrument. Arrivés aux Amériques, ils reproduisent Ekonting avec les moyens du bord, donnant naissance à un instrument nouveau : le banjo.

Aujourd’hui, l’Ekonting traverse les générations. Il est joué lors de mariages traditionnels, rencontres de jeunes, carnavals et festivals. Il s’accorde harmonieusement avec d’autres instruments traditionnels ou modernes tels que la guitare, le tam-tam, la kora, le saxophone, ou encore le houlatilate (autre instrument diola). Les battements de main et les chants viennent souvent enrichir ses mélodies.

A. Diatta, un jeune musicien originaire du village d’Oukout (département d’Oussouye), est aujourd’hui l’un des ambassadeurs de l’Ekonting. Il a découvert cet instrument alors qu’il se rendait dans le village voisin d’Emaye pour des soins. Là, en observant des jeunes en jouer, il s’initie discrètement. À force de persévérance, il apprend à jouer et chanter, jusqu’à devenir un artiste reconnu dans la musique diola contemporaine. Où qu’il aille, il emporte toujours son Ekonting avec lui.

Samedi 28 Juin 2025
Sveltane Aline ASSINE (Stagiaire)




Dans la même rubrique :