Conseil des ministres extraordinaire après Tentative de coup de force au Bénin : l’armée loyaliste déjoue une mutinerie dirigée contre le président Talon… Ce que révèle la crise sécuritaire du 7 décembre


Une grave tentative de déstabilisation des institutions de la République a été déjouée dans la nuit du dimanche 7 au lundi 8 décembre 2025 au Bénin. C’est ce qu’indique le compte-rendu officiel du Conseil des ministres extraordinaire tenu le lundi 8 décembre 2025 sous la présidence du chef de l’État, Patrice Talon. La réunion, élargie aux ministres conseillers et au haut commandement des Forces de défense et de sécurité, était exclusivement consacrée aux événements survenus la veille.
 
Selon les informations communiquées par le gouvernement, un groupuscule de soldats mutins avait planifié de renverser l’ordre constitutionnel en procédant à la destitution du président de la République, à la soumission des institutions et à la prise du pouvoir par la force. Pour atteindre cet objectif, les mutins avaient d’abord entrepris de neutraliser plusieurs officiers supérieurs de l’armée, ciblés en raison de leurs responsabilités stratégiques.
 
L’attaque a débuté vers 2 heures du matin au domicile du général Bertin Bada, directeur du cabinet militaire du président de la République. Ce dernier a réussi à s’échapper, mais son épouse a été mortellement blessée lors de l’assaut. Informé, le commandement militaire a sollicité l’appui de la base militaire de Togbin. Face au manque de diligence, le colonel Faïzou Gomina, commandant de ladite base, a été envoyé sur place. Une fois arrivé, il a été violemment pris à partie puis fait otage, révélant ainsi que la mutinerie prenait naissance au sein même de cette base.
 
Dans la foulée, les mutins se sont dirigés vers le domicile du général Abou Issa, chef d’état-major de l’Armée de terre. Celui-ci a opposé une résistance farouche avant d’être kidnappé ultérieurement par un groupe venu en renfort. Les renseignements militaires ont alors confirmé que les soldats mutins avaient quitté la base de Togbin avec des armes et des engins blindés.
 
Vers 5 heures du matin, les assaillants ont pris pour cible la résidence du président de la République. Alertée, la Garde républicaine, sous les ordres de sa hiérarchie, leur a opposé une résistance ferme. De violents affrontements ont éclaté autour de la résidence présidentielle, sous les yeux mêmes du chef de l’État, présent aux côtés des soldats loyalistes. Des pertes ont été enregistrées de part et d’autre, avant que les mutins, débordés, ne battent en retraite.
 
Persistant dans leur entreprise, les mutins se sont ensuite emparés temporairement de la Télévision nationale, où ils ont fait une déclaration avant d’en être rapidement délogés par l’armée loyaliste. Pris de panique, ils ont abandonné sur place certains de leurs éléments, aussitôt arrêtés.
 
Refusant toutefois de déposer les armes, les mutins ont tenté d’ouvrir d’autres fronts, notamment à la base de Togbin où ils disposaient encore de blindés. L’armée républicaine, renforcée par les casernes voisines, a alors encerclé la zone. Compte tenu de la proximité de quartiers résidentiels, notamment Togbin et Fidjrossè, le commandement militaire a écarté toute offensive terrestre lourde afin d’éviter des pertes civiles. Des frappes aériennes ciblées et chirurgicales ont donc été privilégiées.
 
Dans ce contexte, une coopération sous-régionale s’est immédiatement enclenchée sous l’égide de la CEDEAO. À la demande du Bénin, le Nigeria est intervenu en fin de journée par des frappes aériennes ayant permis d’immobiliser plusieurs engins blindés. L’opération s’est déroulée avec succès, sans pertes en vies humaines. Les derniers assaillants ont pris la fuite.
 
La base de Togbin a été reprise et accueille désormais une force en attente de la CEDEAO composée de soldats nigérians arrivés dans la nuit de dimanche à lundi. Une force spéciale ivoirienne s’est également positionnée à Cotonou dans le cadre de cette solidarité sous-régionale.
 
Les deux hauts gradés retenus en otage, le général Abou Issa et le colonel Faïzou Gomina, ont été libérés au petit matin du lundi 8 décembre grâce à l’action des services de renseignements. Ils avaient été conduits par les mutins jusqu’à Tchaourou, où leurs ravisseurs menaçaient d’attenter à leurs vies.
 
Face à la gravité des faits, le gouvernement a observé une minute de silence en mémoire des victimes, exprimé sa solidarité envers les blessés et ordonné l’ouverture d’enquêtes approfondies afin d’identifier les auteurs et les éventuels commanditaires. Les autorités entendent également évaluer les dégâts matériels, y compris ceux subis par des civils, et envisager une réparation par l’État.
 
Le président Patrice Talon a salué la loyauté et le professionnalisme des Forces armées béninoises, remercié le peuple béninois pour son soutien et rendu hommage aux soldats tombés dans la défense de la République. Il a également exprimé sa reconnaissance envers le Nigeria et la Côte d’Ivoire pour leur appui dans le cadre de la coopération régionale.
 
Enfin, le chef de l’État a invité la nation à tirer les enseignements de cette tentative de déstabilisation afin de bâtir un Bénin plus fort, résilient et attaché à l’ordre républicain, affirmant sa conviction que le pays poursuivra sa marche vers le progrès.
 
Lundi 8 Décembre 2025
Dakaractu



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