Arona Benga de la série « cœurs brisés », tombe dans les filets de la police antidrogue

L’acteur emblématique d’Even Prod arrêté lors d’un vaste coup de filet à Rufisque. La scène artistique sénégalaise est sous le choc après cette arrestation de Amadou Bia Sow, alias Arona Benga, figure incontournable des productions télévisuelles locales et visage familier d’Even Prod. a été interpellé dans la nuit du 13 au 14 décembre lors d’une opération policière d’envergure ciblant un réseau de trafic de stupéfiants à Rufisque. L’homme aux dreadlocks imposantes, adoré par des milliers de téléspectateurs, fait désormais face à la justice pour usage collectif de cocaïne.

Cette arrestation dont l’Observateur nous livre les grandes étapes, s’inscrit dans une série noire qui frappe les célébrités des télénovelas sénégalaises, confrontées aux rigueurs de la loi ces derniers mois.

Une traque méthodique : plusieurs jours d’enquête

L’opération qui a conduit à l’arrestation d’Arona Benga n’est pas le fruit du hasard. Depuis plusieurs jours, les enquêteurs de la brigade de recherches de Rufisque avaient dans leur viseur Moustapha Thiam, 39 ans, connu dans le milieu sous le pseudonyme de « Mo Thiam. » Selon des sources concordantes proches de l’enquête, cet homme se présentant comme commerçant était soupçonné d’être le cerveau d’un réseau actif de trafic de drogue dure, particulièrement dans le secteur stratégique de la cité André Kenny.

Les limiers avaient patiemment reconstitué le mode opératoire du réseau présumé. Leurs investigations ont révélé que Moustapha Thiam ne s’exposait jamais directement, préférant recourir aux services d’un convoyeur attitré pour alimenter sa clientèle. Ce dernier, identifié comme étant Abdoulaye Diassy, ressortissant bissau-guinéen né le 18 septembre 2002 à Bissau et par ailleurs footballeur, servait d’intermédiaire entre le fournisseur et les consommateurs.

L’infiltration : un piège parfaitement orchestré

Fort de ces renseignements, l’état-major de la police a décidé de passer à l’action en déployant une stratégie d’infiltration. Un policier en civil, rompu à ce type de mission délicate, a été désigné pour se faire passer pour un client potentiel désireux d’acquérir de la drogue.

Dans la nuit du samedi 13 décembre, aux environs de 2 heures du matin, l’agent parvient à ses fins. Il réussit à entrer en contact avec Abdoulaye Diassy et à négocier une transaction portant sur une commande de cocaïne. Un rendez-vous est fixé pour la livraison. En coulisses, un dispositif de filature discret est mis en place autour du point de rencontre.

Abdoulaye Diassy se présente au lieu convenu, sans méfiance apparente, porteur d’un sachet contenant une poudre blanche suspecte. Le piège se referme. L’homme est interpellé en flagrant délit, la drogue en main. Les tests toxicologiques effectués par la suite confirmeront sans équivoque qu’il s’agissait bien de cocaïne.

Quatre arrestations en cascade

Placé en garde à vue et soumis à un interrogatoire serré, le jeune footballeur bissau-guinéen mesure rapidement la gravité de sa situation. Face à la solidité du dossier constitué contre lui et conscient qu’il a été pris en flagrant délit, Abdoulaye Diassy choisit la coopération. Il désigne alors Moustapha Thiam comme étant son fournisseur principal et le véritable architecte du réseau.

Les enquêteurs ne perdent pas de temps. Une descente immédiate est décidée au domicile de Moustapha Thiam. Le timing s’avère décisif. Les policiers font irruption et découvrent une scène édifiante : Moustapha Thiam est surpris en pleine consommation de cocaïne, une situation particulièrement compromettante qui ne laisse aucune place au doute.

Mais la surprise des enquêteurs est totale lorsqu’ils découvrent qu’il n’est pas seul. Deux autres individus se trouvent sur les lieux : Maguette Cissé, 28 ans, mécanicien domicilié à Hann Maristes, et Amadou Bia Sow, alias Arona Benga, qui se présente aux forces de l’ordre comme gérant de boîte de nuit, sans mentionner sa notoriété télévisuelle.

Un arsenal complet saisi

La perquisition des lieux permet aux policiers de mettre la main sur un véritable arsenal du parfait dealer et consommateur de stupéfiants. Le butin est éloquent avec notamment 2 grammes de cocaïne pure, 5 pipes servant à la consommation, un réchaud utilisé dans le processus de préparation, une boîte de bicarbonate de soude, substance couramment employée pour le conditionnement et la transformation de la cocaïne en crack et un briquet. 

Mais les découvertes ne s’arrêtent pas là. Les enquêteurs mettent également la main sur de la MDMA, une drogue de synthèse dérivée de l’amphétamine, communément appelée « ecstasy » dans les milieux festifs. Cette substance psychoactive est particulièrement redoutée des autorités sanitaires pour ses effets dévastateurs : elle provoque une euphorie intense et un dangereux sentiment de toute-puissance chez les consommateurs, mais entraîne des conséquences graves et parfois irréversibles sur la santé mentale et physique.

L’ensemble des stupéfiants et des objets saisis ont été immédiatement placés sous scellés et versés au dossier de la procédure judiciaire.

Quatre profils, des charges différenciées

Au terme de cette opération nocturne, les éléments de la brigade de recherches de Rufisque embarquent quatre individus aux profils variés : Abdoulaye Diassy (22 ans, footballeur bissau-guinéen) et Moustapha Thiam (39 ans, se présentant comme commerçant) ont été placés en garde à vue pour les chefs d’accusation les plus graves : offre et cession de cocaïne. Ces deux hommes sont considérés comme les piliers du réseau démantelé, l’un comme fournisseur, l’autre comme convoyeur. Maguette Cissé (28 ans, mécanicien) et Amadou Bia Sow, alias Arona Benga (acteur et supposé gérant de boîte de nuit), font quant à eux l’objet de poursuites pour usage collectif de cocaïne, une infraction certes moins lourde que le trafic, mais néanmoins sévèrement réprimée par la législation sénégalaise.

Une chute retentissante pour une star populaire

Pour le grand public sénégalais, c’est bien un choc. Arona Benga, avec ses dreadlocks caractéristiques et son charisme à l’écran, incarnait l’un des visages les plus reconnaissables des productions d’Even Prod, maison qui a révolutionné le paysage des télénovelas locales. Son arrestation vient s’ajouter à une liste déjà longue de personnalités du petit écran sénégalais rattrapées par des affaires judiciaires ces derniers mois.

Cette série noire soulève des questions sur les coulisses du milieu artistique local et sur les pressions auxquelles peuvent être soumises certaines célébrités. Elle rappelle également que la notoriété n’offre aucune immunité face à la loi.

Une enquête qui se poursuit

Les autorités judiciaires maintiennent la pression. L’enquête n’est pas close et les investigations se poursuivent activement pour déterminer l’ampleur exacte de ce réseau et identifier d’éventuels complices. Selon des sources proches du dossier, d’autres interpellations ne sont pas à exclure dans les prochains jours.

Les quatre mis en cause devraient être présentés prochainement au parquet de Rufisque. Ils encourent des peines de prison ferme si leur culpabilité est établie devant les tribunaux. Pour Abdoulaye Diassy et Moustapha Thiam, les charges de trafic de stupéfiants peuvent entraîner des condamnations particulièrement lourdes au regard de la législation sénégalaise en matière de lutte contre la drogue.