SERIGNE DIA dit KHALIFA : (Lettre ouverte au Pdt Sall) : « Vous avez fait plus que Senghor, Diouf et Wade réunis…mais vous êtes le Président le plus trahi par d’anciens collaborateurs proches! »


Face à la situation politique trouble à laquelle le Sénégal se trouve confronté en ce moment, je me suis résolu à recourir à ce procédé de la lettre ouverte pour m’adresser à vous et à tous les Sénégalais. 
 
D’entrée de jeu,  je voudrais vous dire que je suis de tout cœur avec vous. Je suis fier et reconnaissant de ce que vous avez fait pour ce pays.
Point n’est besoin de s’étendre ici sur votre bilan aussi bien matériel que diplomatique tant il n’a pas besoin d’être défendu, car même vos adversaires les plus farouches n’osent s’y attaquer. Oui, la vérité que vous avez fait plus que Senghor Abdou Diouf et Abdoulaye Wade réunis dans ce domaine.
 
On a coutume de dire que les peuples sont ingrats mais il convient de reconnaître également que les peuples ont de la mémoire et le Sénégal retiendra que vous êtes le président qui aura amorcé son émergence comme il retient que c’est maître Abdoulaye Wade qui a réveillé ce pays d’une longue nuit de torpeur.
 
Je suis simplement mû par un sentiment de frustration et de colère devant la manière dont vos efforts sont payés de retour par beaucoup et le silence assourdissant de la plupart des responsables privilégiés de notre camp et voudrais vous dire que d’ores et déjà vous êtes un bon président pour le Sénégal et un bon exemple pour l’Afrique tout entière.
 
La question que l’on peut se poser légitimement est donc: D’où vient cette haine viscérale qui semble habiter certains de nos compatriotes de l’intérieur mais surtout de l’extérieur ?
 
À mon avis, l’adage selon lequel « ce que l’on fait parle plus haut que ce que l’on dit » est devenu, depuis l’avènement du règne de la communication digitale, « ce que l’on dit parle plus haut que ce que l’on fait » et cela nos adversaires politiques semblent l’avoir compris plus tôt que nous et ont su, en ne reculant devant aucun mensonge, aucune contre-vérité, les manipulations les plus éhontées, farcir la tête de ceux que j’appelle le monde de la sous-culture du net, lequel est disposé à gober n’importe quoi sans aucun sens de discernement.  
 
Nos adversaires se plaisent à vous présenter comme un dictateur là où vous êtes le Président le plus permissif de l’histoire du Sénégal. Vous avez pendant longtemps subi l’intolérable : les appels à l’insurrection, la bravade envers nos institutions, la calomnie de nos magistrats, l’attaque de nos forces armées, de nos forces de l’ordre, la tolérance de l’existence de soi-disant journalistes et de chaînes d’information pyromanes jusqu’à ce que la situation soit devenue comme “lamb ju tas “
 
Nous qui vous connaissons comprenons : vos qualités humaines vous ont empêché de faire vôtre l’adage pourtant bien pulaar que voilà: “mo suusaa bone laamotaako”.
Nous qui vous avons fréquenté savons combien vous êtes sensible, poli, à la limite pudique et contrairement à bien de hauts responsables ayant bénéficié de vos nominations, vous n’imposez pas à vos visiteurs ce que l’on appelle « la distanciation hiérarchique ».
 
J’ai toujours été d’avis que vous auriez gagné à ouvrir plus et recevoir le maximum de visiteurs car Dieu vous a gratifié de ce petit quelque chose qui fait que quiconque vous rencontre est séduit par votre politesse, votre modestie et votre pudeur. Mais le Ouolof dont le proverbe ne ment jamais dit :  “bu for yommbee sëgg jafe” 
 
Vous êtes le champion des records enviables :
- record en matière budgétaire;
- record en volumes d’investissements;
- record traitements et salaires;
- records en termes de performance diplomatique;
- records en termes de valorisation des pensions de retraite 
- record en résultats sportifs 
 
Mais également des records non-enviables: 
- vous êtes le président le moins défendu sur la place publique par ceux qui ont eu le privilège de bénéficier de vos nominations. Il est vrai que le terrorisme du camp d’en face peut en décourager plus d’un mais le courage et la lâcheté se mesurent à la distance qui sépare la peur et le devoir. Plus cette distance se rétrécit plus on est courageux mais plus elle s’allonge plus on est lâche
- vous êtes le président le plus trahi par d’anciens collaborateurs proches qui ne sont certainement pas à la hauteur de Corneille qui après avoir bénéficié des faveurs de cardinal Richelieu et de la Cour et vécu les affres de la disgrâce au profit d’un jeune concurrent talentueux, Racine, s’écria à la mort de ce dernier: “Qu'on parle mal ou bien du fameux cardinal, ma prose ni mes vers n'en diront jamais rien: Il m'a fait trop de bien pour en dire du mal, Il m'a fait trop de mal pour en dire du bien.”  
Par cette attitude, Corneille lui même se révèle grand et indique la conduite à tenir en pareilles circonstances, mais apparemment les Corneille ça ne court pas les rues sous nos cieux 
- vous êtes le président victime de la plus incompréhensible ingratitude de la part de populations qui, au regard de ce que vous avez fait pour elles auraient dû vous être acquises à cent pour cent.
 
Consolons-nous en concluant en bons croyants ayant perdu leur latin : Dieu est le meilleur des juges.
 
 
Khalifa Dia (maire honoraire de Guéoul) 
Samedi 10 Juin 2023
Dakaractu




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