Le bras de fer autour des 14 437 tonnes de riz saisies dans le cadre de l’affaire Ali Zaidan connaît une escalade spectaculaire. Selon le quotidien Libération, l’Office national de recouvrement des avoirs criminels (Onrac) a assigné trois banques — la Banque islamique du Sénégal (BIS), FBN Bank et Bridge Bank — devant le tribunal de Commerce.
L’enjeu : déterminer qui, de l’État ou des banques créancières, a réellement le droit de disposer du gigantesque stock de riz sous scellés.
Un stock de riz sous-main de justice… enlevé par les banques
D’après Libération, l’Onrac s’est tourné vers la justice après avoir constaté que les banques avaient commencé à enlever une partie des 14 437 tonnes de riz, alors même que l’Office se préparait à les vendre aux enchères le 27 novembre 2025 comme prévu dans une annonce publique.Face à cette situation, l’Onrac a demandé au tribunal :
- La suspension immédiate de tout enlèvement ;
- Le retour du riz déjà transporté par les banques.
L’audience s’est tenue le 26 novembre, note Libération, et le délibéré est attendu le 3 décembre.
Retour sur une affaire tentaculaire, reconstituée par Libération
Les banques ont financé l’achat du riz
Comme le rappelle Libération, chaque banque avait octroyé d’importantes lignes de crédit à la STC pour acheter du riz auprès de Swiss Agri-Trading SA (SAT).
Exemple : FBN Bank avait accordé jusqu’à 7 milliards FCFA en financement (approvisionnement, crédit relais, escompte de traites).
En garantie, les stocks avaient été mis en gage au profit des banques et placés en tierce détention.
SAT accuse Ali Zaidan de détournement
Toujours selon Libération, SAT affirme que ces stocks gagés font partie d’une cargaison de 52 000 tonnes de riz que le directeur général de la STC, Ali Zaidan, aurait détournée.Elle porte plainte le 14 août 2024 et obtient, le 23 janvier, une ordonnance de saisie conservatoire sur les stocks entreposés dans plusieurs dépôts stratégiques :
Kounoune 1 & 2, Bel-Air Sitcom, Hann Soleil H9, Cambérène D & E, entre autres.
Les banques tentent de faire annuler la saisie
Informées le 3 février 2025, les banques demandent la rétractation de l’ordonnance, mais le juge rejette la requête le 3 avril 2025, puis confie la gestion du riz à l’Onrac par ordonnance du 23 mai 2025.La Cour d’appel donne finalement raison aux banques
La Chambre d’accusation infirme l’ordonnance du juge d’instruction et ordonne la mainlevée de la saisie conservatoire ainsi que la restitution du riz aux banques.SAT se pourvoit, mais la Cour suprême, le 20 octobre, la déclare déchéante, confirme Libération.
L’Onrac refuse d’exécuter la décision — le conflit éclate
Malgré ces décisions favorables aux banques, Libération souligne que l’Onrac estime que l’ordonnance du 23 mai 2025, qui l’autorise à aliéner (vendre) le stock, reste pleinement valable.Alors que la vente aux enchères était déjà calée, l’Onrac découvre que les banques ont quasiment vidé les entrepôts.
D’où sa décision d’assigner urgentement les trois institutions financières.
Verdicte annoncé le 3 décembre
La justice devra tirer au clair ce casse-tête juridique opposant :- les banques créancières, qui revendiquent leur droit de gage ;
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et l’Onrac, mandaté pour liquider les avoirs criminels saisis.
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