Renouvellement : La vive réaction des acteurs des transports routiers contre Oumar Youm.


L’État qui s’est lancé dans une dynamique de renouvellement du matériel roulant et d’amélioration du secteur du transport terrestre, s’est mis à dos beaucoup de transporteurs.

Outre les prises de décision impactant leur secteur, selon eux, sans leur implication, c’est l’attitude du ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Oumar Youm, qui les a le plus mis en colère, a indiqué Mor Sourang, le coordonnateur du Collectif des acteurs des transports routiers du Sénégal (Catrs).

La cause de cet état d’humeur des transporteurs résulte des propos tenus par le ministre lors d’une rencontre où les acteurs clés du secteur du transport, selon M. Sourang, étaient laissés en rade.

Rencontre au cours de laquelle celui-ci avait évoqué « un manque d’interlocuteur crédible » dans leurs rangs, avant d’annoncer des mesures prises sans les consulter. « Je voulais juste apporter quelques éclaircissements. On lui (Me Oumar Youm) reconnait un mérite, c’est celui d’avoir déclaré récemment que le secteur du transport était confronté à des difficultés et qu’il est désarticulé. Ce qu’il avait dit était une pure vérité et nous étions en phase avec lui. Mais, il se trouve que nous, en tant qu’acteurs, nous avons toujours demandé à l’État d’évaluer ce qu’il a déjà fait dans le secteur et l’impact de ses actions au profit dudit secteur pour voir si c’était positif ou non. Mais, en tant que ministre de tutelle, s’il a dit que le secteur est désarticulé et qu’on devrait procéder à son organisation, vu qu’on tend vers une loi d’orientation, j’estime que ses propos montrent qu’il n’est plus nécessaire de procéder à une évaluation. Et que tout ce qu’a pu faire l’État n’a pas produit les résultats escomptés et qu’au contraire cela n’a fait qu’accentuer les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. »

« Si nous entendons des propos qui sont offensants …»

« Si le ministre dit que l’État n’a pas un interlocuteur crédible dans notre secteur, je m’interroge. On l’a rencontré quand on a créé le Catrs. Il avait échangé avec nous. Et cela nous avait poussé à lever le mot d’ordre (grève des transporteurs au mois de janvier dernier). Est-ce dire donc que nous ne sommes pas un interlocuteur crédible ? Mais, si l’Etat veut nous contourner et parler à d’autres acteurs, c’est lui qui cherche à nous décrédibiliser. Jamais un membre du Catrs n’a contesté mon autorité.

Toutes ces tentatives de division sont le fait d’acteurs du transport qui jouent le double jeu. L’État n’est pas un adversaire. Il est un partenaire. On doit travailler dans la dignité et la transparence. Aujourd’hui, nous attendons de voir. Si l’État créé ce Conseil national du transport routier et cette Agence de la sécurité routière, et nous demande notre avis, nous le lui donnerons’’, a déclaré M. Sourang. Et c’est pour ensuite avertir l’État de la nécessité de rendre indépendantes ces deux structures nées avec cette loi d’orientation. « Que les autorités étatiques sachent que le Conseil national que nous attendons, ne doit pas être un département du ministère du transport. Nous le voulons indépendant et autonome. Une entité libre de donner son appréciation sur des propositions de loi qui lui seront soumises, mais qui soit capable de donner des avis sur ce que les acteurs voudraient soumettre comme proposition de loi. Parce que je pense qu’on ne doit pas intégrer cette entité pour dormir, mais ça doit être un cadre qui doit permettre aux acteurs de mener des discussions et de faire des propositions. »

Le Coordonnateur de ce collectif de transporteurs fort d’une dizaine d’organisations et d’acteurs du secteur du transport terrestre, regrette que l’attitude de la tutelle qui ne les a pas écouté plus tôt. « Ce que je dis ici n’est qu’un éclaircissement. Le ministre des transports terrestres est notre partenaire. Nous devons travailler la main dans la main. Mais si nous entendons des propos qui, à nos oreilles, sont offensants, nous nous donnons la peine de réagir. Les rivalités dans nos rangs, c’est l’État qui les organise. C’est cela la vérité! »

« Les rivalités dans nos rangs, c’est l’État qui les organise »

M. Sourang d’en profiter pour annoncer que des initiatives identiques avaient été prises, il y a une décennie. « Je me dois de lui rappeler que depuis 2010, parce que je voudrais que l’on sache que les transporteurs ne dorment pas sur leurs lauriers, si l’Etat nous avait suivi depuis le début, aujourd’hui nous n’en serions pas là. Quand le président Macky Sall venait d’être élu, nous avions créé la Cptrs (Coordination des professionnels des transports routiers du Sénégal). Lors de la création de cette entité, c’est le ministre Mansour Élimane Kane qui avait en charge le transport routier. La création de la Cptrs était née après le constat qu’il y avait une floraison de syndicats dans le secteur, nous nous sommes dit qu’il fallait regrouper tous les acteurs du transport. C’était une bonne décision... »
Dimanche 6 Septembre 2020




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