Référendum / 20 mars 2016-20 mars 2018 : que reste-t-il de l’esprit des lois ?


Référendum / 20 mars 2016-20 mars 2018 : que reste-t-il de l’esprit des lois ?
Hier, en Conseil des ministres, le gouvernement, au titre des textes législatifs et réglementaires, a examiné et adopté le projet de loi portant révision de la Constitution et le projet de loi portant modification du Code électoral. Dakaractu a vite fait de lier ces deux projets à une volonté de valider le système de parrainage tant redouté par l’opposition.

La question occupe une place centrale dans la plate-forme revendique des adversaires de Macky Sall, qui doutent également de la fiabilité du fichier et contestent le profil de l’autorité en charge de l’organisation des élections.

Dès lors, le dialogue politique est dans l’impasse. L’opposition ne compte plus que sur les innombrables marches de protestation pour se faire entendre. C’est dire que si l’objectif assigné au référendum du 20 mars 2016 était de protéger la démocratie sénégalaise contre une atmosphère de discorde comme celle ayant engendré la mobilisation de l’opposition à Wade le 23 juin 2011, on peut dire que le pari est raté. D’autant plus que les camps affichent des positions extrêmes et personne ne veut lâcher du lest.

« Je suis pour le dialogue. Mais dialoguer ne vaut pas dire que je dois laisser les autres faire mon travail à ma place. Dans une démocratie qui se respecte, chacun (pouvoir et opposition) doit remplir son rôle correctement. On ne peut pas être d’accord sur tout. En cas de blocage, on peut s’en remettre à l’Assemblée nationale qui est l’espace de discussion par excellence », avait anticipé Macky Sall, le 22 novembre passé lors d’une visite à Tivaouane. Avant lui, Me Abdoulaye Wade, à l’occasion d’une conférence de presse qu’il avait animée au lendemain des législatives du 30 juillet 2017, avait déclaré que le Président Macky Sall peut se présenter seul à l’élection de 2019 et obtenir des scores de 100 à 140 %.  « Nous ne permettrons même pas à Macky Sall de préparer une épreuve de manipulation du fichier électoral », avait encore  menacé le pape du Sopi.

Même le principal point de ce référendum relatif au mandat présidentiel fait encore l’objet de polémique, après que d’éminents constitutionnalistes sénégalais ont intégré la perspective que Macky Sall puisse se présenter pour un 3e mandat, en l’absence de dispositions transitoires pour prévoir que le mandat en cours fait partie du décompte des deux (2) mandats que l’actuel Président peut avoir. Là aussi, le chef de l’Etat, interrogé en marge une conférence de presse conjointement animée avec son homologue burkinabé, s’est contenté de dire : « La question des mandats est réglé depuis très longtemps…Je reste dans la logique de ne pas dépasser les deux (2) mandats si le peuple sénégalais me fait confiance ».

En accédant au pouvoir, Macky Sall avait promis de réduire son mandat de 7 à 5 ans, avant de faire volte-face. Sommes-nous à l’abri d’un autre revirement spectaculaire ? En tout cas si deux après le référendum de mars 2016 on n’arrive pas à stabiliser la démocratie sénégalaise, il faut regretter que l’argent du contribuable soit ainsi dépensé.

 
Mardi 20 Mars 2018




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