Clash Sonko-Barth, « désaccord sur le dialogue » : Yewwi Askan Wi entre « le marteau » de l’achoppement et « l’enclume » des enjeux ?

Elle a été lancée le 2 septembre 2021, dans un contexte politique marqué par l’absence d’une véritable entité pouvant faire face à la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar.
La coalition Yewwi Askan Wi est le fruit de plusieurs mois de concertations entre les principaux leaders de l’opposition sénégalaise, notamment Ousmane Sonko, président du parti Pastef, Khalifa Sall, président de Taxawu Sénégal, du PDS avec Karim Wade et du Parti de l’Unité et du Rassemblement, PUR, dirigé par le guide religieux Serigne Moustapha Sy. Et des résultats ont bien été obtenus par cette grande coalition au cours des élections locales et législatives. D’ailleurs, c’est une opposition qui s’est félicitée de cette cohabitation à l’assemblée nationale qui favorise la vitalité de la démocratie. Mais dans la charte de la coalition, il était prévu de continuer le compagnonnage jusqu'à la présidentielle, où le mieux placé sera soutenu par les autres. Il n’a aucunement été question de dissoudre la coalition. Cependant, les positions autour de l’appel au dialogue du président Macky Sall semblent « affecter » la dynamique.


Après 2016 et 2019, le président de la République a encore lancé un appel au dialogue. Entre tensions politiques, cherté de la vie, une inflation qui inquiète et d’autres facteurs exogènes tels la guerre en Ukraine et ses conséquences économiques et la période post-covid, il fallait bien pour le président appeler au dialogue. Il faut préciser que le chef de l’État n’a pas encore défini les termes de référence pour cet appel au dialogue. Est-il permis  de penser à la politique en mettant en avant les cas de Khalifa et Karim Wade.  Pour le maire de Dakar, les choses sont claires : « Il faut que Khalifa Sall participe impérativement à l’élection présidentielle de 2024 ». 

En effet, le forum mondial de l’économie sociale et solidaire a été un moment de « rapprochement », mais aucunement lié à l’appel au dialogue. Une rencontre qui a fait débat pendant des jours. Pour confirmer leur position sur l’appel au dialogue, plusieurs leaders ont imposé le « niet catégorique » montrant qu’ils ne sont pas « pour un dialogue qui n’est point sincère ». On notera d’abord celle de Ousmane Sonko qui n’a pas été une surprise. Ensuite, Aïda Mbodj, Déthié Fall, Malick Gakou, le PUR, bref, tous pour une ferme attitude affichée, qui est de rejeter cet appel. Ils estiment en effet qu'aller au dialogue avec le président serait suicidaire. Mais quid de Khalifa Sall, qui n’a toujours pas donné « verbalement » son avis sur la question, même si son compagnon fidèle lui ouvre la voie pour « un dialogue qui valide sa candidature » ? Malgré le feu vert des coordinations de Taxawu, Khalifa demeure « la grande muette » sur cette affaire. Mais la position de Barthélémy semble en dire beaucoup.  

En réalité, c’est cette guerre des mots entre Ousmane Sonko et Barthélémy Dias qui secoue  véritablement la coalition. Tout est parti de la sortie de Ousmane Sonko qui annonce qu’il y’a un leader au sein de la coalition, qui a échangé avec Macky Sall et qui lui aurait fait une révélation. « Le président Macky Sall a échangé le 25 avril dernier, avec un leader de Yewwi Askan Wi de 22h à 1h du matin. Après cette rencontre, ce leader m’a dit qu’il va me rendre compte de ces échanges qu’il a eu avec Macky Sall à Mermoz.  Dans les discussions, il a été abordé le sujet sur le verdict en première instance dans l’affaire Prodac et que cette décision aurait échappé au régime car, le juge qui l’avait rendu était de Pastef » avait souligné Ousmane Sonko lors de son avant dernière sortie. 

La réponse de Barthélémy viendra débuter cette passe d’armes entre ces deux figures de l’opposition aux discours percutants. Déjà, la dernière manifestation du mouvement des forces vives de F24 a donné une couleur à l’atmosphère qui règne actuellement dans la coalition. Khalifa Sall, leader de Taxawu Dakar, devant la colère de plusieurs manifestants visiblement du Pastef tente de tempérer et de raisonner : « Si nous voulons combattre le régime de Macky Sall, ce n’est pas de cette façon que nous y parviendrons ». Mais est-ce que c’est cette phrase qu’attend le public ? Ce dernier n’exige-t-il pas une position claire de Khalifa Sall sur l’appel au dialogue comme l’ont ouvertement affiché les autres leaders de la coalition ? 

Ce sont certainement des préoccupations légitimes, mais Khalifa Sall sur la coalition Yewwi Askan Wi et sa dynamique, poursuit son objectif. Mais en attendant, Ousmane Sonko ne devrait-il pas clarifier, lui également, la version de Barthélémy Dias qui persiste et signe que « Ousmane Sonko a été au cœur du dialogue » ? En tout état de cause, le choc des ambitions semble être acté dans cette coalition avec les deux grands blocs notamment Pastef et Taxawu Dakar dont les militants ont déjà manifesté publiquement leurs positions au moment où une « dislocation » serait fatale à l’opposition qui doit avoir comme objectif, l’union qui a toujours fait sa force face à la machine de Benno.
Dimanche 14 Mai 2023
Dakaractu




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