Le géant du BTP Eiffage se retrouve au cœur d’un scandale financier et administratif qui secoue la Mauritanie. Dans un rapport explosif à l’origine d’une vague de limogeages et de poursuites judiciaires, la Cour des comptes mauritanienne épingle lourdement la société française pour de graves manquements contractuels dans le cadre de l’exploitation d’une carrière liée au méga-projet gazier GTA (Grand Tortue Ahmeyim), mené conjointement par la Mauritanie et le Sénégal.
Selon le quotidien Libération, la Cour reproche à Eiffage d’avoir extrait illégalement plus d’un million de tonnes de roches entre 2020 et 2021, destinées à la construction et à la protection de la plateforme gazière offshore. Le montant des redevances impayées s’élève à 7,447 millions de dollars américains (soit plus de 4,5 milliards de francs CFA).
Une exploitation avant même la signature du contrat
Le rapport met en lumière un fait troublant : Eiffage aurait commencé à exploiter la carrière « Ehiar Edekhen » dès janvier 2020, alors que l’accord officiel d’exploitation avec le ministère mauritanien du Pétrole, des Mines et de l’Énergie n’a été signé qu’en 2021. En clair, la société aurait extrait 929 564 tonnes de pierres — soit 86 % du total reconnu — avant toute autorisation formelle.
La Cour s’interroge : comment Eiffage a-t-elle pu exploiter une carrière avant même d’obtenir le feu vert officiel ? Le gestionnaire du dossier a tenté de justifier cette situation en affirmant qu’une licence d’exploitation provisoire aurait été délivrée dès janvier 2020. Problème : aucune copie de ce contrat n’a été fournie, et l’accord signé un an plus tard stipule clairement qu’il constitue la seule autorisation légale d’extraction.
Redevances impayées et promesses non tenues
L’accord conclu entre Eiffage et l’État mauritanien prévoyait deux obligations majeures :
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Le paiement de redevances de 5,75 dollars par tonne de roche extraite.
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La formation technique des cadres du ministère sur l’exploitation des carrières.
Or, la Cour note qu’aucune de ces deux obligations n’a été respectée. Pire encore, le ministère n’a pris aucune mesure coercitive pour contraindre Eiffage à s’exécuter. Dans sa défense, la société a soutenu qu’un montant d’un million de dollars devait lui être compensé pour une exonération douanière non appliquée, et que la formation promise n’avait pas encore eu lieu en raison de « retards administratifs ».
Mais la Cour balaie ces justifications, estimant que la réponse d’Eiffage n’apporte aucune preuve concrète du paiement des redevances. Elle conclut que la société reste redevable de 7 447 466 dollars américains et que la formation annoncée « n’existe qu’à l’état de projet ».
Conséquences politiques et judiciaires
Ce rapport a fait l’effet d’une bombe au sommet de l’État mauritanien. Le président Mohamed Ould El-Ghazouani, furieux de la légèreté constatée dans la gestion du dossier, a limogé plusieurs hauts responsables du ministère concerné. Des poursuites judiciaires sont également en préparation contre certains cadres impliqués.
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